SOURCES : 19. Trois chemins

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque semaine, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

 

19. TROIS CHEMINS DANS LE DÉSERT

Aller au désert, c’est aller à l’essentiel ; accepter de se dessaisir, des choses comme du souci de soi, pour se ressaisir comme après un long sommeil. Le désert, c’est l’heure des choix : que faire de ma vie ? de quoi me dégager ? quels chemins prendre ?

Trois chemins, en tout cas, nous sont proposés pendant le carême : prier, jeûner, partager.

Prier : « Nous prions quand nous retirons entièrement notre cœur du tumulte des pensées et des soucis, et que dans une sorte de tête-à-tête secret et d’amitié très douce, nous découvrons au Seigneur nos désirs. » (Jean Cassien, Conférences IX, 35-36)

Jeûner : Isaïe nous enseigne les lois d’un jeûne pur et sincère : « Rompre les chaînes injustes, renvoyer libres les opprimés, partager son pain avec l’affamé, héberger les pauvres sans abri. » (Is 58,6-7)

Partager : « Ne nous tuons pas à amasser de l’argent quand nos frères meurent de faim. Tout ce que Dieu a créé est commun et en abondance. Honorez vos frères en détresse, c’est honorer le Christ lui-même. » (Grégoire de Nazianze, De l’amour des pauvres, 24-27, 40)

Voilà le programme du carême. Ne ressemble-t-il pas au programme de la vie chrétienne ?

Bon carême !

Jean CASSIEN (350-435) est originaire de l’actuelle Roumanie. Moine en Palestine, puis voué à l’errance spirituelle. Il se rend en Égypte où il visite monastères et ermitages. Vers 400, il est à Constantinople où il est ordonné diacre par Jean Chrysostome. Après le bannissement de Chrysostome, Cassien se rend à Rome où il devient prêtre. En 415, il fonde à Marseille deux monastères et rédige ses « Conférences » qui transmettent à l’Occident l’expérience du monachisme oriental. Cassien est ainsi le trait d’union entre les deux.

 

Clés pour lire l’évangile de Matthieu. 28. La prière du disciple

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir, cette année, des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. Comme la liturgie s’éloigne de la lecture de Matthieu jusqu’à la mi-juin, nous reprenons la lecture continue de l’évangile de Matthieu. Aujourd’hui : Mt 6, 9-13.

28. La prière du disciple

Vous donc, priez ainsi : Notre Père… (Mt 6,9)

Le « Notre Père » est un condensé, un résumé de l’enseignement de Jésus. Le nom « Père », sous lequel Dieu est invoqué, est le cœur même de la foi et du message de Jésus. Dieu est proche de chaque être humain, a souci d’eux comme un père de ses enfants. Les sept demandes que formule le « Notre Père » ne font que développer l’invocation initiale. Prier, c’est demander une seule chose : que Dieu accepte d’être un père pour moi.

« Dans les trois premières demandes, il s’agit de la divinisation de Dieu, dans les quatre suivantes de l’humanisation de l’homme. » (H. Zahrnt) Les trois demandes initiales prient Dieu d’être, pour nous et parmi nous, ce qu’il est déjà en soi. Les quatre suivantes évoquent les besoins essentiels de l’existence humaine : le pain, le pardon, la délivrance que l’homme ne peut se donner à lui-même.

Le « Notre Père »

« Le Notre Père s’est transmis sous deux formes : le texte de Matthieu et celui de Luc (11, 2-4). Ce dernier, plus bref, reflète davantage l’état primitif du texte. Très tôt, la version de Matthieu s’est imposée aux Églises ; très tôt aussi, des manuscrits de cet évangile ont ajouté une conclusion liturgique (« Car à toi sont le Règne, la puissance et la gloire…). Plus qu’ailleurs dans les évangiles, le texte grec de Matthieu laisse transparaître le langage sémitique originel ; d’où une richesse de sens difficile à restituer. Matthieu est ici en train de proposer à sa communauté une « révision » du Notre Père, enrichi de formules qui lui sont chères. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991).

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Matthieu. 27. Ferme la porte

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir, cette année, des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. Comme la liturgie s’éloigne de la lecture de Matthieu jusqu’à la mi-juin, nous reprenons la lecture continue de l’évangile de Matthieu. Aujourd’hui, Mt 6, 5-8.

27. Ferme la porte et prie

Ton Père qui voit dans le secret te le rendra. (Mt 6,6)

« Ne soyez pas comme les hypocrites… ils aiment à se montrer aux hommes quand ils prient » (6,5) En raison de son caractère social, la prière, liturgique par exemple, a une visibilité certaine, ce que Jésus ne conteste pas. Mais, « toi, retire-toi dans la pièce la plus retirée et prie ton Père présent dans le secret » (6,6).  Selon cette consigne, ce qui est public doit, en même temps, être caché, en tout cas ne pas être vu. Comment comprendre cette contradiction ?

La visibilité d’un acte peut être recherchée sous la forme d’une publicité. Mon acte est alors détourné de son but spirituel. J’en fais une mise en spectacle de mon mérite devant les autres ou devant moi seul. C’est ce qu’on appelle l’hypocrisie, c’est-à-dire, le culte de l’apparence, l’art de la mise en scène. Celui-là a déjà sa récompense.

La prière

Au temps de Jésus, la prière est un acte essentiellement public. Les prières étaient en général des formules récitées et à des heures fixées. Elles se prononçaient à haute voix, même quand on était seul ; la prière silencieuse ou mentale n’existait pas, pas plus que la lecture silencieuse. La prière pouvait s’effectuer partout, à la synagogue, sur les places, dans les rues, dans les maisons, en un mot, là où l’on se trouvait lorsque le moment de la réciter était venu. Jamais le Juif ne s’agenouillait pour prier ; d’ordinaire, il disait ses prières debout, la tête couverte d’un voile et inclinée en avant, les yeux fixés sur le sol.

Abbé Marcel Villers