SOURCES : 21. AGIR EN SECRET

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

 

21. AGIR EN SECRET

Jésus nous recommande la discrétion, de ne pas nous mettre en avant : « Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite » (Mt 6, 3).

« Ceux qui craignent le Seigneur ne se vantent pas de leur bonne observance ; ils estiment que tout bien en eux ne vient pas d’eux-mêmes, mais du Seigneur ; ils glorifient Celui qui agit en eux, en disant avec le prophète : Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton Nom donne gloire ! (Ps 113, 9). » (Saint Benoît, Règle, prologue, 29-30)

 « Un jour, dans la Vallée des cellules, comme on célébrait une fête, les frères mangeaient ensemble dans leur lieu de réunion. Un certain frère dit à l’un de ceux qui servaient à table : Je ne mange pas d’aliments cuisinés, seulement un peu de sel (sur le pain). Celui qui servait à table appela un autre frère et dit, en présence de toute l’assemblée : Ce frère ne mange pas d’aliments préparés. Apportez-lui seulement un peu de sel.
Alors, l’un des Anciens, se levant, dit au frère qui avait demandé du sel : Il eût mieux valu manger de la viande aujourd’hui, seul dans ta cellule, que de faire connaître ce que tu fais à tant de frères. » (Apophtegmes, Série des dits anonymes, 124)

BENOÎT de Nursie (480-547), envoyé à Rome pour étudier la rhétorique et le droit, s’enfuit au désert de Subiaco où il vécut longtemps dans la solitude. Des disciples l’obligent à fonder de petits monastères. Il fonda ensuite un monastère entièrement communautaire au sommet du mont Cassin. Il meurt vers 547 après avoir achevé la Règle qui, adoptée au IVe s. par tout l’Occident, fera de lui le père des moines de l’Église latine.

SOURCES : 19. Trois chemins

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Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque semaine, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

 

19. TROIS CHEMINS DANS LE DÉSERT

Aller au désert, c’est aller à l’essentiel ; accepter de se dessaisir, des choses comme du souci de soi, pour se ressaisir comme après un long sommeil. Le désert, c’est l’heure des choix : que faire de ma vie ? de quoi me dégager ? quels chemins prendre ?

Trois chemins, en tout cas, nous sont proposés pendant le carême : prier, jeûner, partager.

Prier : « Nous prions quand nous retirons entièrement notre cœur du tumulte des pensées et des soucis, et que dans une sorte de tête-à-tête secret et d’amitié très douce, nous découvrons au Seigneur nos désirs. » (Jean Cassien, Conférences IX, 35-36)

Jeûner : Isaïe nous enseigne les lois d’un jeûne pur et sincère : « Rompre les chaînes injustes, renvoyer libres les opprimés, partager son pain avec l’affamé, héberger les pauvres sans abri. » (Is 58,6-7)

Partager : « Ne nous tuons pas à amasser de l’argent quand nos frères meurent de faim. Tout ce que Dieu a créé est commun et en abondance. Honorez vos frères en détresse, c’est honorer le Christ lui-même. » (Grégoire de Nazianze, De l’amour des pauvres, 24-27, 40)

Voilà le programme du carême. Ne ressemble-t-il pas au programme de la vie chrétienne ?

Bon carême !

Jean CASSIEN (350-435) est originaire de l’actuelle Roumanie. Moine en Palestine, puis voué à l’errance spirituelle. Il se rend en Égypte où il visite monastères et ermitages. Vers 400, il est à Constantinople où il est ordonné diacre par Jean Chrysostome. Après le bannissement de Chrysostome, Cassien se rend à Rome où il devient prêtre. En 415, il fonde à Marseille deux monastères et rédige ses « Conférences » qui transmettent à l’Occident l’expérience du monachisme oriental. Cassien est ainsi le trait d’union entre les deux.

 

Message de carême du pape François (Résumé)

Le carême dans lequel nous sommes engagés avec toute l’Église nous conduit, comme Jésus, au désert où il se retira quarante jours pour prier et jeûner. Que signifie spirituellement le désert ?

Le désert, c’est d’abord le lieu du grand silence : pas de bruits, à part le vent et notre souffle. Le désert est détachement du vacarme qui nous entoure. C’est l’absence de paroles pour laisser place à une autre Parole, la Parole de Dieu, qui, comme une brise légère, nous caresse le cœur (cf. 1 R 19, 12). Dans le désert, dans le silence, nous pouvons l’entendre. Mais, il n’est pas facile de faire silence dans son cœur. Le Carême est un temps propice pour faire place à la Parole de Dieu. C’est le temps pour éteindre la télévision et ouvrir la Bible. C’est le temps pour se détacher du téléphone portable et se connecter à l’Evangile. C’est le temps pour renoncer aux paroles inutiles, aux bavardages, aux rumeurs, aux médisances, et parler au Seigneur. Nous sommes submergés de paroles vides, de publicités, de messages insidieux et nous avons du mal à distinguer la voix du Seigneur qui nous parle. Comme le pain, plus que le pain, nous avons besoin de la Parole de Dieu, nous devons parler avec Dieu : nous devons prier.

Le désert est le lieu de l’essentiel. Regardons nos vies : combien de choses inutiles nous entourent ! Nous poursuivons mille choses qui semblent nécessaires et qui en réalité ne le sont pas. Comme cela nous ferait du bien de nous libérer de tant de réalités superflues, pour redécouvrir ce qui compte. Sur cela aussi, Jésus nous donne l’exemple, en jeûnant. Jeûner, c’est savoir renoncer aux choses vaines, au superflu, pour aller à l’essentiel. Jeûner ne sert pas seulement à maigrir, jeûner, c’est aller précisément à l’essentiel, c’est chercher la beauté d’une vie plus simple, plus sobre.

Le désert, enfin, est le lieu de la solitude. Aujourd’hui aussi, près de nous, il y a de nombreux déserts. Ce sont les personnes seules et abandonnées. Combien de pauvres et de personnes âgées sont près de nous et vivent dans le silence, sans faire de bruit, marginalisés et exclus ! Le désert nous conduit à eux, à ceux qui, réduits au silence, demandent silencieusement notre aide. Tant de regards silencieux demandent notre aide. Le chemin dans le désert du carême est un chemin de charité vers celui qui est plus faible.

Dans le désert s’ouvre donc le chemin qui nous conduit de la mort à la vie. Entrons dans le désert avec Jésus, nous en sortirons en savourant la Pâque, la puissance de l’amour de Dieu qui renouvelle la vie. Suivons Jésus dans le désert, avec Lui nos déserts fleuriront et de nos déserts naîtront un jardin.

Le carême, c’est faire naître un jardin là où il y a des terres arides, c’est du désert faire surgir des fleuves, c’est de la mort faire jaillir la vie.
C’est bien le sens du carême qui commence au désert pour finir dans le jardin où Jésus ressuscité se manifeste vivant à Marie-Madeleine.
Faire naître un jardin là où il y a des terres arides, c’est de notre cœur de pierre faire surgir un cœur de chair, c’est faire tourner la terre plus juste et plus fraternelle.

François d’Assise demandait qu’au couvent on laisse toujours une partie du jardin sans la cultiver, pour qu’y croissent les herbes sauvages, de sorte que ceux qui les admirent puissent louer Dieu et se rappeler qu’eux aussi sont à l’image de ce jardin, une terre sauvage, une terre aride d’où peut naître le jardin de Pâques.

Bon carême !

Homélie du 2ème dimanche du carême
Jehanster 8 mars 2020
Abbé M. Villers

 

Clés pour lire l’évangile de Matthieu 14. Au désert

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. Cette semaine : Mt 4, 1-11 du 1er dimanche du carême.

14. Au désert, le combat du Fils

Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu… » (Mt 4, 3)

La vie chrétienne implique un combat, une lutte. Les tentations de Jésus sont représentatives des épreuves, des combats de l’homme de foi. Ce récit met en scène une réalité intérieure et permanente vécue par Jésus et le chrétien à sa suite.

Le démon cherche à installer la contradiction entre Jésus et Dieu, à placer un coin entre eux, à faire une brèche dans leur communion pour arriver à séparer Jésus et son Père. Le démon installe le doute : « si tu es le Fils de Dieu… » Autrement dit, « en es-tu si sûr ? que Dieu te le prouve ! teste-le ! » Mais Jésus refuse : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » (4, 7)

La stratégie du démon avait réussi avec Adam et Ève, elle échoue avec Jésus. L’arme décisive de sa victoire : l’obéissance, la communion à la Parole de Dieu, son Père. Il est bien le Fils dont « la nourriture est de faire la volonté de son Père » (Jn 4, 34). Car « ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (4, 4) C’est dans la communion des volontés de Dieu et de l’homme qu’est le salut.

Tentations de Jésus, tentations d’Israël

 « Jésus est Fils de Dieu en tant qu’il réalise par sa soumission au Père, la vocation d’Israël, fils de Dieu. Aussi, Jésus répond-il au tentateur par des versets du Deutéronome qui font écho à l’expérience d’Israël au désert : expérience d’une manne de misère aiguisant la faim de la Parole (Dt 8, 3), triste expérience du doute à l’égard de la puissance divine (Dt 6, 16), expérience chronique de l’idolâtrie (Dt 6, 13) dont Matthieu semble craindre une reviviscence dans le rêve d’un messie dominateur politique. » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991)

Abbé Marcel Villers