CLÉS POUR LIRE LUC : 46. LA JUSTICE

Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 18, 1-8 du 29e dimanche ordinaire.

La justice de Dieu

Le Fils de l’homme, quand il viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre ? (Lc 18, 8)

Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui, jour et nuit ? (18, 7) Comme cette veuve de la parabole, ils sont des multitudes à crier vers Dieu et à demander justice. Mais Dieu entend-il la prière des hommes ? Nous savons bien sûr qu’il faut toujours prier sans se décourager (18,1). Et nous, ses élus, insistons encore et encore : « Seigneur, rends-moi justice » (18, 3).

Et Jésus de répondre par un argument a fortiori. Si un juge qui se moque de Dieu et des hommes, cède aux prières d’une veuve importune, combien plus Dieu entendra les cris de ses élus. Mais auront-ils la foi et la persévérance jusqu’au bout ?

La justice
Est juste celui qui est cohérent avec lui-même ; ce qui est conforme à ce qui doit être. Pour la Bible, la justice évoque avant tout la fidélité d’une personne à soi, à son être. Ainsi, Dieu est juste s’il est logique avec lui-même ; par exemple, s’il fait ce qu’il dit, s’il accomplit ses promesses. L’agir du maître est juste qui paie ce qu’il faut à ses ouvriers (Mt 20,4). Le juste est opposé au pécheur car il est fidèle aux prescriptions de sa religion, il agit en conformité avec la volonté divine. Ainsi, Joseph est un homme juste, l’homme droit (Mt 1,19). Ce n’est donc pas tant Dieu qui est juste, mais son action car elle est conforme à sa volonté, manifestée en Jésus, d’être salut et miséricorde. Dieu ne peut donc laisser tomber ses élus, il les sauvera lors de la catastrophe finale. (Jean-Marie PREVOST (dir.), Nouveau vocabulaire biblique, 2004).

Abbé Marcel Villers

ART ET FOI : SAINT JÉRÔME

ART ET FOI. PLAFOND DE L’ÉGLISE DE THEUX.

Nous vous proposons la découverte des panneaux, datant de 1630, ornant le plafond de la nef de l’église de Theux. 66 médaillons figurent un(e) saint(e), dont plusieurs de Marie, des scènes de la Passion du Christ, de sa gloire, etc. Deux fois par mois, le mardi, un de ces médaillons sera présenté.

 JÉRÔME (340-420)
Prêtre et docteur de l’Église. Le pape Boniface VIII (1294-1303) décide de faire de Jérôme l’un des Docteurs de l’Église, en même temps qu’ Augustin d’Hippone, Ambroise de Milan, Grégoire le Grand.

Patron des bibliothécaires et des traducteurs.

Fêté le 30 septembre où nous lisons dans le martyrologe romain : « A Bethléem de Juda, la mise au tombeau de saint Jérôme prêtre, confesseur et docteur de l’Église. Il se rendit habile en toutes sortes de sciences, devint l’imitateur des saints moines, et par le glaive de sa doctrine extermina plusieurs monstres d’hérésie. Parvenu à une extrême vieillesse, il s’endormit dans la paix et fut inhumé auprès de la crèche du Sauveur. Dans la suite, son corps, porté à Rome, fut déposé dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure. »

Attributs retenus par le panneau
Chapeau (galero) et manteau cardinalices (rouges à partir du XIIe s.) ; croix patriarcale ou d’archevêque à deux traverses ; tient en main son œuvre : la Vulgate ou Bible latine. Réalisée à partir du texte hébreu ou grec, elle remplaça les précédentes effectuées à partir du grec de la Septante et devint l’édition officielle de l’Église romaine lors du concile de Trente.

Né en Dalmatie, Jérôme fit ses études de lettres à Rome où il reçut le baptême en 366. Au cours d’un voyage à Trèves, il apprit l’existence du monachisme oriental et se retira en Syrie pour y mener une vie érémitique (375-378) et où il apprit l’hébreu. Ordonné prêtre à Antioche, il est initié à Constantinople au sens spirituel des Écritures par Grégoire de Nazianze (329-390). Il est appelé à Rome comme secrétaire (382-385) par le pape Damase (366-384) qui, selon la légende, l’aurait nommé cardinal. Avec Damase, il mit au point un projet de traduction complète de la Bible en latin, destinée à remplacer les versions existantes et qui deviendra la Vulgate. Jérôme y ajoutera un commentaire de chacun des Livres saints. Quand les calomnies de ses ennemis l’obligent à quitter Rome, Jérôme se retira à Bethléem, suivi par des dames romaines qu’il a initiées à la vie monastique et dont il assurait la direction spirituelle. Elles fondèrent un monastère où Jérôme vivra près de trente ans dans la prière, la pénitence et l’étude avant d’y mourir le 30 septembre 420. (Missel quotidien, Hautecombe et Clervaux, 1963)

Abbé Marcel VILLERS

 

 

SOURCES : 155. VIVRE L’INESPÉRÉ

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité. Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement. Nous vous proposons la lecture de la lettre écrite aux jeunes par Frère Roger pour l’ouverture du concile des jeunes de 1974 à Taizé.

Vivre l’inespéré (3)

 Heureux celui qui meurt d’aimer.
Sans relâche, ô Christ, tu m’interpelles et me demandes :
Qui dis-tu que je suis ?
Tu es celui qui m’aimes jusque dans la vie qui ne finit pas.

Le non qui est en moi, tu le transfigures jour après jour en oui.
Tu me demandes non pas quelques bribes,
mais toute mon existence.

Tu es celui qui, de jour et de nuit, pries en moi sans que je sache comment.
Mes balbutiements sont prière :
t’appeler par le seul nom de Jésus emplit notre communion.

Tu es celui qui, chaque matin, passes à mon doigt
l’anneau du fils prodigue, l’anneau de fête.

Et moi, pourquoi ai-je hésité si longtemps ?
Ai-je échangé le rayonnement de Dieu contre l’impuissance,
ai-je abandonné la source d’eau vive
pour me creuser des citernes lézardées qui ne tiennent pas l’eau ?

Toi, inlassablement, tu me cherchais.
Pourquoi ai-je hésité à nouveau,
demandant de me laisser du temps pour m’occuper de mes affaires ?
Après avoir mis la main à la charrue,
pourquoi avoir regardé en arrière ?
Sans trop le savoir,
je me rendais impropre à te suivre.

Pourtant, sans t’avoir vu, je t’ai aimé.
Tu me répétais : vis le très peu de chose que tu as compris de l’Evangile.
Annonce ma vie parmi les hommes.
Allume un feu sur la terre.
Toi, suis-moi…

Frère Roger de Taizé, Vivre l’inespéré, 1983

ROGER SCHUTZ (1915-2005), protestant d’origine suisse, fils de pasteur. Il s’installe en France en 1940, dans le village de Taizé où il fonde une communauté monastique œcuménique. 

CLÉS POUR LIRE LUC : 45. LA FOI SAUVE

Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 17, 11-19 du 28e dimanche ordinaire.

La foi qui sauve
Jésus, Maître, prends pitié de nous. (Lc 17, 13)

Le cri d’appel des lépreux à Jésus n’est pas une demande formelle de guérison. « Allez vous montrer aux prêtres » (17, 14), leur répond Jésus. Selon la législation, ce sont les prêtres qui constatent la guérison. Mais Jésus n’a fait aucun geste ni prononcé une parole de guérison. Les dix lépreux ne sont pas guéris et néanmoins, ils font confiance et obéissent à Jésus. « En cours de route, ils furent purifiés. » (17, 14) La parole de Jésus est puissante qui guérit à distance.

La guérison n’est pas le salut. Un seul, « voyant qu’il était guéri, revint en glorifiant Dieu. » (17, 15) Et Jésus de constater : « il ne s’est trouvé que cet étranger pour rendre gloire à Dieu. » (17, 18) Seul sur les dix guéris, il est déclaré sauvé. « Va, ta foi t’a sauvé. » (17, 19) Le salut est donc bien plus que la guérison physique. Et la foi plénière de celui qui revient est bien plus que la foi-confiance des dix. La guérison ne débouche sur le salut que si elle conduit à une relation personnelle avec Jésus. « Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus. » (17, 16)

Une liturgie : du cri à l’action de grâces
« Ce récit est jalonné de termes à résonnance liturgique : « Aie pitié » (éleison), « glorifier » (doxazô), « rendre grâces » (eucharistéô). Le demi-tour fait par l’homme guéri et reconnaissant exprime l’idée de conversion qui se retrouve dans les récits de résurrection chez Luc (24,9. 33. 52). « Relève-toi et va » (17, 19) évoque bien sûr la résurrection, et correspond aussi à l’envoi final du culte chrétien : Guéri, remis sur pieds, repars sur les chemins de la vie. » (Charles L’EPLATTENIER, Lecture de l’évangile de Luc, 1982) Voilà qui manifeste combien la liturgie des premières communautés est un des milieux de vie où sont nés les évangiles. Ces derniers reliaient à Jésus les pratiques liturgiques naissantes.

Abbé Marcel Villers