Clés pour lire Matthieu : 35. Père et fils

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 11, 25-30 du 14e dimanche ordinaire.

35. Le Père et le Fils
Personne ne connaît le Père, sinon le Fils. (Mt 11,27)

Que nous révèle de Dieu le Fils, à travers son agir et ses paroles ? Au moins trois traits. D’abord que Dieu est Père, qu’il se soucie de chacun de nous parce qu’il nous aime comme ses enfants.

Ensuite, que Dieu est « doux et humble de cœur » (11, 29), qu’il ne cherche donc pas à s’imposer, à dominer.

Enfin que Dieu est compassion : « vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, je vous procurerai le repos. » (11, 28)

Et Jésus de conclure : « prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples. » (11, 29)

 

Mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. (11, 30)
« Dans le judaïsme, l’image du joug s’appliquait à diverses réalités : on parlait du joug de la Loi, des commandements, ou du Royaume des cieux, tout ce que l’homme s’impose avec joie pour répondre aux exigences de Dieu. Si les pharisiens estimaient que le joug de la Loi n’avait rien d’un fardeau et d’un esclavage, Matthieu juge pourtant que leur enseignement pèse lourd, « ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens. (23,4) » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991).
Les 613 commandements formulés par les rabbins, les détails dans lesquels on les explicitait sans fin, constituaient « un joug que ni nos pères, ni nous-mêmes n’avons été capables de porter », disait Pierre (Ac 15, 10). Jésus libère de ce poids de la Loi ; le joug de Jésus est léger et facile à porter.

Abbé Marcel Villers

SOURCES : 13. Aimer, c’est connaître

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque semaine, le jeudi, nous vous proposerons un texte à lire, méditer, prier tout en découvrant les Pères de l’Église.

  13. Aimer, c’est connaître

 Dieu peut être connu par l’homme. Mais de cette connaissance qui est communion. Communion à un Autre dont l’altérité reste irréductible. « Dieu est connu à la fois en toutes choses et hors de toutes choses, Dieu est connu à la fois par mode de connaissance et par mode d’inconnaissance… Mais la manière de connaître Dieu qui est la plus digne de lui, c’est de le connaître par mode d’inconnaissance, dans une union qui dépasse toute intelligence. » (Denys l’Aéropagite, Noms divins, VII, 3)

L’être humain ne peut rencontrer le Dieu vivant que si ce dernier sort de lui-même, de sa transcendance inaccessible. Et il le fait par amour. En Christ s’opère cette union entre Dieu et l’homme. Car en lui l’amour s’incarne et vient à nous.  « Cherche comment l’homme peut aimer Dieu, et tu ne trouveras rien d’autre que ceci : Dieu nous a aimés le premier. Celui que nous avons aimé s’est d’abord lui-même donné. Il s’est donné pour que nous l’aimions…C’est peu de dire : l’amour vient de Dieu. Mais qui d’entre nous oserait répéter cette parole : « Dieu est amour » (1 Jn 4,8) ? Tu ne vois pas Dieu : aime et tu le possèdes. » (Augustin d’Hippone, Sermon 34 sur le Psaume 149, 2-6)
Mais cette possession est celle de l’amour. Plus l’âme est comblée, plus elle est appelée au-delà. Plus Dieu est connu, plus on le découvre inconnu. Il en est de même à l’égard de tout autrui. Plus Dieu se rend proche, plus nous nous élançons vers lui, qui nous échappe. L’amour va de commencements en commencements.
« Ce qui est saisi à chaque instant est certes beaucoup plus grand que ce qui l’avait été auparavant, mais comme ce qui est cherché ne comporte pas de limite, le terme de ce qui a été découvert devient le point de départ pour la découverte de réalités plus élevées. » (Grégoire de Nysse, Huitième Homélie sur le Cantique des Cantiques)

Jamais celui qui aime, comme celui qui cherche Dieu, n’arrête son désir à ce qu’il connaît déjà.

Abbé Marcel Villers