Clés pour lire Jean : 27. Le Défenseur

Clés pour lire l’évangile de Jean

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean.
Au terme de sa vie, Jésus annonce à ses disciples la venue de l’Esprit-Saint :  Jn 14,15-21 du 6e dimanche de Pâques.

27. Le Défenseur

Un autre Défenseur sera pour toujours avec vous. (Jn 14,16)

Aujourd’hui, avant de disparaître physiquement et de nous quitter, ce sont deux promesses que le Christ nous fait.

La première fait référence à l’Esprit-Saint, don du Père. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité.
Si Jésus parle d’un autre défenseur, c’est que nous en avions déjà un, à savoir lui-même. Mais Jésus s’éloigne et il est temps qu’un compagnon intime qui sera toujours avec nous prenne le relais. L’Esprit nous est donné comme un assistant permanent, un défenseur face à un monde hostile. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le connaît pas.

Vient ensuite la deuxième promesse de Jésus. Nous sommes à la veille de sa mort, de son départ, et il nous assure : Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
Jésus promet de revenir, non pas sous les espèces d’une existence finie, mais sous les traits d’un vivant qui a traversé la mort. Le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant et vous vivrez aussi.

Le Paraclet
« Jean est le seul à utiliser le mot paraclet pour désigner l’Esprit. C’est la forme passive du verbe grec parakaleo : celui qui est appelé, qui vient au secours, qui est témoin de la défense dans un procès. Au sens actif, c’est l’intercesseur, le médiateur, le consolateur. Dans l’évangile de Jean, le Paraclet est le témoin de Jésus, l’interprète de son message devant ses ennemis, le consolateur des disciples, en lieu et place de Jésus, l’enseignant et le guide pour les disciples et donc leur aide. Le trait marquant de la présentation de Jean, c’est que le Paraclet apparaît comme un autre Jésus. L’Esprit joue auprès des disciples un rôle très proche de celui de Jésus. Comme l’Esprit, Jésus demeure dans les disciples, les guide vers la vérité, les enseigne, déclare les choses qui doivent venir. Comme Jésus, l’Esprit porte témoignage contre le monde. Si l’Esprit renvoie à Jésus, c’est par les chrétiens qu’il s’exprime. Il est cette présence intérieure qui les transforme : comme l’Esprit, les croyants rendront témoignage, ou plutôt c’est l’Esprit qui agira par eux et en eux. » (Alain MARCHADOUR, L’Évangile de Jean, 1992)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Jean : 52. Abraham

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. La controverse de Jésus avec les Pharisiens se poursuit : Jn 8, 48-59.

52. Plus grand qu’Abraham

En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût,
JE SUIS. (8,58)

Les véritables fils d’Abraham sont ceux qui acceptent dans la foi la parole de Dieu. « Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort » (8,51). Jésus est-il « plus grand qu’Abraham, notre père, qui mourut ? » (8,53). Oui, il est l’envoyé du Père dont Abraham est l’annonciateur par son obéissance à l’ordre divin.

« Avant qu’Abraham fût, JE SUIS » (8,58). Il ne s’agit pas de préexistence chronologique, mais de différence qualitative entre Abraham soumis à la mort et Jésus qui se révèle comme l’envoyé du Père, et donc de nature divine. « JE SUIS » est une formule de révélation qui dit qu’en Jésus, c’est Dieu lui-même qui se manifeste. Le monothéisme chrétien est ici à sa pleine expression. « Es-tu plus grand que notre père Abraham ? » (8,53).

Abraham

« Pour les Juifs, Abraham est leur père dont ils estiment être la descendance. Jésus ne conteste pas cela, il demande simplement qu’on réalise les œuvres d’Abraham qui consistent à obéir à la parole de Dieu. Le jour de Jésus qu’a vu Abraham peut être compris de façon prophétique. Abraham a vu en vision se réaliser avec l’avènement de Jésus le jour de Dieu attendu par Israël. Abraham a exulté à la pensée de voir ce jour. Les Juifs fondent toute leur espérance en Abraham d’où ils tirent une certaine arrogance. Jésus les invite à reconnaître en celui-ci le patriarche qui reconnut le Christ en vision ou en son fils Isaac, figure de Jésus. » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Jean : 51. Vérité et liberté

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. La controverse de Jésus avec les Pharisiens se poursuit : Jn 8, 31-47.

51. Vérité et liberté

Si vous demeurez fidèles à ma parole, la vérité vous rendra libres. (8,31-32)

Face à cette prétention de Jésus, les Juifs revendiquent leur descendance d’Abraham qui fonde leur liberté : « nous n’avons jamais été esclaves de personne » (8,33). Ils sont les fils de Sarah, la femme libre. Mais Jésus vise une autre libération, celle du péché dont tout être humain est esclave. Se réclamer d’Abraham est inutile car la véritable libération vient du Fils dont la parole est vérité puisqu’elle a sa source en Dieu qui l’a envoyé.

« Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez » (8,42) Mais, « Vous êtes du diable, c’est lui votre père…il n’y a pas en lui de vérité, il est menteur et père du mensonge » (8,44). Jésus affirme, en raison de son lien avec le Père, dire la vérité et libérer de l’esclavage du péché. Mais, « vous ne m’écoutez pas parce que vous n’êtes pas de Dieu » (8,47).

Vérité dans l’évangile de Jean

« La vérité (alètheia en grec), c’est ce qui peut être exposé et vu par tous, ce qui n’est pas caché. Dans la Septante, alètheia traduit en général l’hébreu émét qui évoque ce qui est solide, valable, durable. Jésus est la vérité parce qu’il dévoile, fait connaître celui qu’on ne voit pas. Parce qu’il est la vérité, Jésus est le « dévoileur », le révélateur par excellence. Jésus dit la vérité parce qu’il est le témoin par excellence du Père (8,45). Il juge selon la vérité (8,16). En revanche, le diable est celui qui a toujours refusé la vérité et qui est père du mensonge (8,44). Le disciple est celui qui est de la vérité (19,27). Il accueille la parole de Jésus et la garde, il connaît ainsi Jésus et la révélation qu’il est ; cette vérité rend libre (8,22). » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Jean : 49. La lumière

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Dans le Temple, Jésus affronte les Pharisiens : Jn 8, 12-20.

49. La lumière du monde

Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. (Jn 8,19)

Lors de la fête des Tentes, dans le Temple éclatant de lumière, Jésus se proclame la vraie lumière, destinée au monde, à toute l’humanité et non seulement aux Juifs. De quel droit s’identifie-t-il ainsi à la lumière ? « Tu te rends témoignage à toi-même, ce n’est donc pas un témoignage valable » (8,13).

Et Jésus de répondre : « je ne suis pas seul, il y a moi et le Père qui m’a envoyé » (8,16). La validité de la parole de Jésus ne peut être vérifiée par des critères ou des témoignages de ce monde. Comme la lumière ne peut rien faire d’autre que témoigner pour elle-même et être légitimée par sa source, ainsi Jésus affirme : « je suis à moi-même mon propre témoin et le Père, qui m’a envoyé, témoigne aussi pour moi » (8,18). Mais « où est-il ton père ? » (8,19).

Jésus est LA lumière

« La lumière est une image biblique classique. Premièrement, elle est mise en rapport avec la parole de Dieu, la Tora. Deuxièmement, elle est associée par Esaïe à la figure du serviteur de Dieu « destiné à être la lumière des nations ». Troisièmement, elle est rapprochée des figures de la Sagesse et de celle du Logos philonien. Comme le suggère le prologue de Jean, la lumière doit être comprise dans le cadre de la révélation dont elle exprime la finalité. Elle désigne la manifestation de Dieu en Jésus. Jésus est la lumière à l’exclusion de toute autre. La relation de suivance (celui qui me suit), qui est synonyme de foi, permet d’être libéré des ténèbres. La lumière, expression de la réalité divine, procure la vie. » (Jean ZUMSTEIN, L’Évangile selon saint Jean, 2014)

Abbé Marcel Villers