CLES POUR LIRE MATTHIEU : 44. L’ESCALADE

Clés pour lire l’évangile de Matthieu
Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 18, 15-20 du 23e dimanche ordinaire.

44. ESCALADE
« Si ton frère a commis un péché contre toi… » (Mt 18, 15)

 C’est une véritable escalade que l’évangile propose en quatre étapes :
si ton frère a péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute
s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes
s’il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l’Église
s’il refuse d’écouter l’Église, considère-le comme un païen.

La gradation semble adaptée à de nombreuses situations. Mais cela ne vaut que dans le cadre d’une communauté fraternelle. « Si ton frère a péché, va lui parler… s’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. » (18, 15) On se trouve dans un contexte où parler et écouter vont de soi, ce qui suppose des rapports personnels et chaleureux. Une réelle fraternité. Voilà qui nous indique la nature des relations entre chrétiens, disciples de Jésus. L’objectif est l’unité, la communion fraternelle. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux. » (18, 20)

Le discours communautaire
Le quatrième grand discours qui structure l’évangile de Matthieu concerne la vie en communauté. Il ne s’agit pas d’un traité de droit canon, mais d’indiquer ce qui confère à la communauté des chrétiens son caractère propre. Il s’agit « d’une nouvelle manière de vivre ensemble et de se situer par rapport à Dieu. Matthieu se limite à deux options fondamentales qui lui semblent devoir animer l’Église et qui constituent les deux volets du discours du chapitre 18 : 1) l’Église porte une attention toute particulière aux petits (vv. 1-14) ; 2) elle doit apparaître comme une communauté de frères pratiquant le pardon (vv. 15-35). Chaque volet s’achève par une parabole : la brebis égarée (vv. 12-14) ; le débiteur sans pitié (vv. 21-35). » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991)

Abbé Marcel Villers

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 42. LES CLÉS DU ROYAUME

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 16, 13-20 du 21e dimanche ordinaire.

La foi de Simon-Pierre
« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » (Mt 16, 18) 

Trois questions, portant sur l’identité de Jésus, ponctuent notre récit pour aboutir à une formule qui définit la foi de l’Église : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (16, 16) La réponse de Pierre est sans doute la reprise d’un « credo » liturgique familier à la communauté de Matthieu.

« Heureux es-tu, Simon car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela. » (16, 17) Et Jésus reconnaît que « sur cette pierre je bâtirai mon Église. » (16, 18) Mais quelle est cette pierre, cette pierre de fondation sur laquelle est bâtie l’Église ? Est-ce la personne de Pierre ? C’est surtout la foi en Jésus qu’il vient de proclamer. Car l’Eglise, c’est l’assemblée des croyants qui reconnaissent en Jésus le Messie et le Fils de Dieu.

Les clés du Royaume
Traditionnellement, saint Pierre est représenté tenant deux clés liées, une d’or (le ciel) et une d’argent (la terre). Il a les clés du ciel et de la terre qui symbolisent le pouvoir suprême, celui de lier et de délier pour l’éternité ; le couple lier/délier (vocabulaire juridique du judaïsme) signifie l’acte d’autorité qui décide ce qui est permis et ce qui est défendu. Les deux clés sont liées ensemble car le pouvoir d’ouvrir et de fermer appartient à un seul, l’intendant qui ouvre et ferme l’accès à la maison du maître. Ce pouvoir fait de saint Pierre, selon la légende, le portier ou concierge du paradis. A partir du XIIIe s., il est représenté vêtu comme un évêque ou un pape ; les deux clés figurent dans les armes pontificales avec la tiare à partir de la fin du XIIe s.

Abbé Marcel Villers

SOURCES : 34. Donner-Recevoir

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

34. DONNER ET RECEVOIR

 « Si vous avez été revêtu de quelque dignité, si vous exercez quelque charge dans l’Église, ne vous enorgueillissez pas : ce n’est pas votre mérite, mais un don de Dieu.
Traitez cela comme la propriété d’un autre ; n’en faites pas un joyau pour vous-même. Regardez-vous comme un pauvre.
Avez-vous reçu tel don ? ne vous enflez pas : cet avantage ne vient pas de vous.
Que la bonté du Seigneur ne vous soit pas occasion d’ingratitude.

Dans le corps humain, ce qui sert au corps entier sert à chaque membre ; et ce qui n’aurait comme objet qu’un membre seul n’aurait aucune vertu. Prenez un artisan, un agriculteur, un pêcheur : s’ils prétendent que personne à part eux, ne jouira de leur travail, ce n’est pas seulement aux autres qu’ils font tort : en les perdant, ils se perdent eux-mêmes.

Partout donner et recevoir, c’est le principe de biens sans nombre.
Qu’on entreprenne de se renfermer dans sa propre vie, l’on porte atteinte à l’ordre universel, tout en accomplissant sa propre ruine. » (Jean Chrysostome, Homélies II Co. 10, 2-4)

JEAN CHRYSOSTOME (344/354-407) dont le surnom signifie « bouche d’or » et rappelle son talent prestigieux de prédicateur. Né à Antioche dans une famille aristocratique, il étudie l’Écriture et la rhétorique. Il se jette dans le monachisme sauvage, puis devient diacre en 380, prêtre en 386. Sa réputation d’orateur le fait élire archevêque de Constantinople en 397. Déposé en 403, il est exilé en basse Arménie pendant trois ans, puis déporté sur les rives de la mer Noire où il mourra.

SOURCES : 33. L’Esprit et l’Église

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

33. L’ESPRIT ET L’ÉGLISE

« L’Esprit, ce don de Dieu a été confié à l’Église, comme le souffle à la créature, pour que tous les membres qui le reçoivent soient vivifiés ; et en lui se trouve la communication au Christ, c’est-à-dire l’Esprit Saint, gage d’incorruptibilité, confirmation de notre foi et échelle de l’ascension vers Dieu.

Dans l’Église, Dieu a établi les apôtres, les prophètes, les docteurs et toutes les autres opérations de l’Esprit, à quoi ne participent pas tous ceux qui ne viennent pas à l’Église, mais se privent eux-mêmes de la vie par leur mauvaise doctrine et leurs œuvres perverses.

Où est l’Église, là est aussi l’Esprit de Dieu ; et où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute grâce : l’Esprit, c’est la vérité. C’est pourquoi ceux qui n’y participent pas ne trouvent pas au sein maternel une nourriture vivifiante et ne reçoivent rien de la source très pure qui procède du corps du Christ, mais se creusent à eux-mêmes des citernes crevassées dans les trous de la terre et boivent l’eau infecte du bourbier ; ils fuient la foi de l’Église, de crainte d’être dévoilés, et rejettent vraiment l’Esprit pour ne pas être instruits. » (Irénée de Lyon, Contra Haereses, III, 24)

 

IRÉNÉE DE LYON (130-208), originaire d’Asie Mineure, devenu prêtre, se rend en Gaule où les colonies marchandes orientales se multiplient dans la vallée du Rhône, véhiculant avec elles le christianisme. Ainsi se sont développées, au début du IIe siècle, les communautés de Lyon et de Vienne. La persécution de 177 décapite ces jeunes Églises. Irénée est élu évêque de Lyon et Vienne. Il évangélise bourgs et campagnes des pays de Saône. Contre la gnose, un mouvement spirituel élitiste et spéculatif, il développe une vigoureuse théologie qui met l’accent sur l’incarnation.