ART ET FOI. ÉGLISE DE THEUX. 7. SAINT FRANCOIS D’ASSISE

ART ET FOI. PLAFOND DE L’ÉGLISE DE THEUX.

Nous vous proposons la découverte des panneaux, datant de 1630, ornant le plafond de la nef de l’église de Theux. 66 médaillons figurent un(e) saint(e), dont plusieurs de Marie, des scènes de la Passion du Christ, de sa gloire, etc. Deux fois par mois, le mardi, un de ces médaillons sera présenté.

FRANCOIS D’ASSISE (1181/82-1226)

Fêté le 4 octobre.

Description du panneau

Bure franciscaine, stigmates aux mains, crâné rasé laissant une couronne de cheveux (tonsure romaine ou de saint Pierre), corde à trois nœuds, correspondant aux trois vœux : pauvreté, chasteté, obéissance. Le livre ouvert rappelle la source de ces vœux : l’Évangile. Le crucifix et la tête de mort symbolisent la spiritualité franciscaine centrée sur la Passion du Christ, son humanité, et la pénitence.

Né à Assise, François est l’aîné des sept enfants d’un riche drapier Pietro Bernardone. A 14 ans, il seconde son père et mène la dolce vita des jeunes bourgeois fortunés En 1202, il participe à la guerre contre Pérouse où il est fait prisonnier. Après un an de captivité, il rentre à Assise, malade. Rêvant de chevalerie et d’exploits guerriers, il veut rejoindre l’armée de Gauthier de Brienne. Mais un songe le fait renoncer et il rentre à Assise. François abandonne progressivement sa vie de fête et s’attache à la chapelle de San Damiano dont, un jour, il entend le crucifix parler : « François, va et répare ma maison qui tombe en ruines. » Et il se mit à réparer la chapelle, dépensant l’argent de son père. Furieux, son père exige le remboursement et François, devant l’évêque, rend à son père l’argent qui lui reste, ses vêtements et se retrouve nu. On est en 1206. François prend l’habit des pénitents et restaure diverses chapelles.

En 1208, il applique la parole de Jésus envoyant ses disciples en mission : « N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales. » François épouse « Dame Pauvreté », se fait prédicateur itinérant et mendiant. Son exemple attire de nombreux disciples et François se retrouve à la tête d’une petite fraternité, reconnue officiellement par le pape Innocent III en 1209. Les Frères Mineurs sont nés. En 1212, avec sainte Claire, il fonde l’Ordre des pauvres dames, futures Clarisses. En 1219, il se rend en Égypte et rencontre le sultan qu’il cherche à convertir.

En 1221, il écrit la règle de son Ordre et stipule que les frères doivent être à la fois des mendiants et des prédicateurs, vivre de la pauvreté absolue sans former de communautés cloîtrées. Une révolution, mais impraticable, ce qui rend nécessaire la réécriture de la règle, approuvée par l’Église en 1223. En 1222, à la demande de laïcs, il crée le Tiers-Ordre. En 1224, retiré avec quelques frères sur l’Alverne, il reçoit les stigmates, premier cas connu. Depuis, malade et devenu aveugle, il meurt le 3 octobre 1226. Son Ordre compte alors entre 3000 et 5000 frères.

A Theux, saint François est représenté au plafond de la nef (ce panneau fut ajouté en 1871 pour remplacer un autre détérioré) et à la crèche qui orne le retable de l’autel de la chapelle Wolff (1655) dont le donateur portait le prénom de François (voir ci-contre). Sous l’influence des Capucins de Spa (1623) ou Verviers (1685), ou des Récollets de Verviers (1627), la dévotion à saint François se développe au XVIIe s. Elle prendra souvent la forme d’un Tiers-Ordre, ce qui sera le cas à Theux dans la seconde moitié du XIXe s., suite à la restauration du Tiers-Ordre en 1866.

Abbé Marcel Villers

Histoire des missions. 5. Les premiers ordres missionnaires (XIIIe s.)

5. Les premiers ordres missionnaires (XIII° siècle)

Au Moyen-Âge, l’Église a perdu le langage de la mission. Elle se vit comme encerclée par l’Islam et menacée de l’intérieur par des mouvements contestataires ou hérétiques. Ce sont les Frères Mineurs de François d’Assise, et peu après les Prêcheurs de Saint Dominique qui vont lancer une nouvelle aventure missionnaire.
Pour saint François, la mission revêt trois modalités : comme Jésus à Nazareth, une présence silencieuse enfouie dans la pâte humaine ; comme Jésus sur les routes de Palestine, une annonce en actes et paroles ; comme Jésus sur la croix, un don de soi jusqu’au sang. Dans sa Règle, François envisage ces trois aspects de la mission et c’est la première fois qu’un chapitre spécial concernant la mission est inséré dans une règle de vie religieuse.

François fera trois tentatives missionnaires en Syrie, au Maroc et en Égypte. Ce n’est pas d’abord l’annonce en paroles de l’Évangile qu’il mettra en avant, mais la manière de le vivre : pauvreté, humilité et fraternité, caractéristiques de l’esprit franciscain. La vie de l’apôtre est la première forme de l’annonce. Et ce jusqu’au martyre. Dès 1208, François envoie les six frères qu’il avait alors, deux par deux sur les routes d’Italie. En 1217, il met en place une véritable organisation missionnaire à l’échelle du monde. Soixante frères partent pour l’Allemagne et la Hongrie ; une équipe part pour le Proche Orient, et une autre vers les musulmans de Grenade, puis de Marrakech où cinq frères connaissent le martyre en 1220. Dès 1226, des frères sont à Tunis. D’autres sont chez les Tartares et les Mongols en 1247. Enfin, les fils de saint François fondent la première mission en Chine, fin du XIIIe s., où ils vont adapter la liturgie jusqu’à célébrer la messe en chinois.

François est un des premiers à aller prêcher la foi aux musulmans alors que son époque en était toujours à l’esprit des croisades et de la guerre sainte. Peu à peu, les Franciscains comme les Dominicains, présents en terre d’Islam, vont envisager la mission comme dialogue, échange et écoute. Ils vont mettre en place des instituts de formation pour les futurs missionnaires où on apprend la langue de l’autre et se familiarise avec leurs croyances. Une belle page de la vie missionnaire de l’Église fut ainsi écrite par les frères mendiants aux XIIIe et XIVe siècles.

Abbé Marcel Villers

Sur tout ceci, voir Michel HUBAUT, La voie franciscaine, Paris, 1983.

Loué sois-tu, mon Seigneur !… et vœux de l’abbé Villers

Homélie de l’abbé Marcel Villers
pour le 4ème dimanche de l’Avent Année C (Lc 1,39-45)
Theux, le 23 décembre 2018

En ces jours-là, Marie se mit en route avec empressement.  Qu’est-ce qui met Marie en chemin ? Pourquoi court-elle ? Elle est comme poussée par le Christ qui prend corps en elle.

Marie nous offre ainsi une image de la mission, celle de l’Église, celle de tout chrétien. L’empressement de Marie pour se rendre chez sa cousine, exprime l’urgence qui pousse les chrétiens sur le chemin de la rencontre, les fait sortir de chez eux, de leurs horizons familiers. Marie est habitée par une vie nouvelle. C’est Jésus que déjà elle porte. Comme l’Église porte le Sauveur et va avec empressement à la rencontre de tous.

Ainsi Marie entre dans la maison et salue Elisabeth qui répond : Tu es bénie entre toutes les femmes ! A son tour, Marie rend grâce en chantant le Magnificat. Elle proclame ainsi la Bonne Nouvelle : Dieu vient au secours de sa création.

Noël est tout proche. Avec Élisabeth et Marie, nous sommes invités à la joie. L’enfant de Marie est le Seigneur devant qui tressaille d’allégresse Jean-Baptiste dans le sein de sa mère. L’enfant de Marie est reconnu par l’enfant d’Élisabeth comme le Sauveur. Il vient inaugurer des « cieux nouveaux et une terre nouvelle ». Ce ne sont pas seulement les êtres humains, mais tous les êtres, toute la création qui est dans l’attente. St Paul l’exprime clairement : « la création attend avec impatience… elle espère elle aussi être libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté des enfants de Dieu… la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement… Elle n’est pas seule, nous aussi nous gémissons » (Ro 8, 19-23).

Il existe donc une sorte de fraternité, de communion, de destin commun qui unit tous les êtres créés dans l’attente et l’espérance du salut. Pour la Bible, les prophètes, c’est tout l’univers, même matériel, qui sera associé à la gloire des enfants de Dieu. Le soleil et la lune, le cèdre et la petite fleur, l’aigle et le moineau : aussi différents et variés que ce soit, chacun est avec le genre humain appelé au salut.

Nous formons tous un même corps, une fraternité universelle, cosmique en quelque sorte. Ce que St François d’Assise exprime dans son célèbre cantique des créatures quand il fraternise avec elles qu’il nomme par couple : Frère Soleil et Sœur Lune ; Frère Vent et Sœur Eau ; Frère Feu et Sœur notre mère la Terre.

François célèbre et transfigure ces éléments naturels. Il chante le rayonnement du soleil, la clarté des étoiles, le calme du vent, la chasteté humble de l’eau, la force du feu et la maternité de la terre. Toutes réalités qui sont autant des vertus à cultiver que des éléments matériels.

Son cantique est une invitation à toutes les créatures à louer le Seigneur Dieu :

« Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité !
 »

Nous rejoignons ainsi le chant de louange de Marie, le Magnificat :

Mon âme exalte le Seigneur,
e
xulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
d
ésormais tous les âges me diront bienheureuse.

Oui, avec Élisabeth, nous pouvons célébrer Marie : Heureuse celle qui a cru.
Sa foi, son oui nous ont donné le Sauveur. Il est tout proche comme Noël s’approche. Avec les foules humaines et toutes les créatures qui attendent un Sauveur, tournons nos cœurs vers Celui qui vient et seul peut rassasier notre faim.
Viens Seigneur Jésus, nous t’attendons.

Abbé Marcel Villers


Cantique des créatures
de saint François
(Extraits)

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil.
par qui tu nous donnes le jour, la lumière :
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles : dans le ciel tu les as formées, claires et belles.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l’air et pour les nuages,
pour l’azur calme et tous les temps :
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau.
qui est très utile et très humble, précieuse et chaste.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes

Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité !

Puisse ce chant de louange être le vôtre
tous les jours de 2019 !

Belle et bonne année !

Abbé Marcel Villers