Clés pour lire l’évangile de Marc
Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Marc. En cette période du carême, nous nous intéressons au récit de la passion : Mc 14,1-15,47.
7. Recherché comme un criminel
Ils cherchaient comment arrêter Jésus par ruse,
pour le faire mourir
(Mc 14,1)
Jésus n’a jamais pensé qu’il serait protégé et éviterait une mort violente. Au contraire, dès que Jean-Baptiste est arrêté et exécuté (6, 17-29), Jésus sait que son tour viendra. Il n’a jamais été pris au dépourvu, et c’est clairement qu’il a d’avance annoncé sa mort à ses disciples. C’est d’ailleurs le moment-clé de l’évangile (8,31). Jésus quitte alors la Galilée pour Jérusalem où sa mort est programmée.
Il ne se jette cependant pas dans les bras de ses ennemis et d’une mort certaine. Il sait son heure proche, mais il ne se laisse pas prendre. Il enseigne, au su et au vu de tous, dans le temple (11,17), mais le soir, il quitte la ville (11,19) et se cache chez des amis. Il a fallu qu’un de ses disciples le trahisse pour qu’il soit pris dans un jardin où il passait la nuit (14,45-46).
Alors, Jésus a regardé la mort en face. Il n’a pas fui. « Ma vie, nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même » (Jn 10,18).
Le prophète assassiné
Pourquoi Jésus est-il recherché par les autorités juives ? Pour des raisons religieuses : il est considéré comme blasphémateur et faux prophète (14,64). En réalité, on sait que les autorités religieuses officielles considéraient ainsi ceux dont le message les dérangeait. Jésus s’attendait à être traité de blasphémateur, faux prophète et donc à subir ce châtiment « religieux » qu’était la lapidation. Mais les autorités religieuses ont maquillé l’accusation en termes politiques et présenté Jésus comme un danger pour l’ordre romain. Du coup, il a été condamné par un tribunal romain à la mort par crucifixion, châtiment réservé aux séditieux et aux esclaves. Les grands prêtres ont ainsi défiguré la mort du prophète galiléen. Le fameux écriteau « le roi des Juifs », qui indiquait à tous le motif de la condamnation, cherchait à camoufler la signification que Jésus avait donnée à sa vie et à sa mort. Jésus fut crucifié, on lui a volé sa mort. (Hugues Cousin, Le prophète assassiné, Paris, 1976, p.227-230.)