Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 18, 15-20 du 23e dimanche ordinaire.
42. L’escalade
« Si ton frère a commis un péché contre toi… » (Mt 18, 15)
C’est une véritable escalade que l’évangile propose en quatre étapes :
si ton frère a péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute
s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes
s’il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l’Église
s’il refuse d’écouter l’Église, considère-le comme un païen.
La gradation semble adaptée à de nombreuses situations. Mais cela ne vaut que dans le cadre d’une communauté fraternelle. « Si ton frère a péché, va lui parler… s’il t’écoute, tu auras gagné ton frère » (18, 15). On se trouve dans un contexte où parler et écouter vont de soi, ce qui suppose des rapports personnels et chaleureux. Une réelle fraternité. Voilà qui nous indique la nature des relations entre chrétiens, disciples de Jésus. L’objectif est l’unité, la communion fraternelle. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (18, 20).
Le discours communautaire
Le quatrième grand discours qui structure l’évangile de Matthieu concerne la vie en communauté. Il ne s’agit pas d’un traité de droit canon, mais d’indiquer ce qui confère à la communauté des chrétiens son caractère propre. Il s’agit « d’une nouvelle manière de vivre ensemble et de se situer par rapport à Dieu. Matthieu se limite à deux options fondamentales qui lui semblent devoir animer l’Église et qui constituent les deux volets du discours du chapitre 18 : 1) l’Église porte une attention toute particulière aux petits (vv. 1-14) ; 2) elle doit apparaître comme une communauté de frères pratiquant le pardon (vv. 15-35). Chaque volet s’achève par une parabole : la brebis égarée (vv. 12-14) ; le débiteur sans pitié (vv. 21-35). » (Claude TASSIN, L’Évangile de Matthieu, 1991)
Abbé Marcel Villers