Mercredi des Cendres
Trois caractéristiques font l’identité du mercredi des cendres : il est le premier jour du carême, un jour de jeûne, et comporte un rite qui lui est propre : l’imposition des cendres.
Le premier jour du carême est fixé, depuis le VIe s., au mercredi qui précède le premier dimanche du carême. La raison, apparue au IVe s., est d’obtenir une durée du carême comptant effectivement 40 jours de jeûne, en imitation de celui du Christ au désert. Comme on ne jeûne pas le dimanche, et qu’il faut exclure les vendredi et samedi saints, qui appartiennent au triduum pascal, les 40 jours commencent un mercredi. « Le temps du carême va du mercredi des cendres à la messe du jeudi saint exclusivement » (Normes universelles de l’année liturgique, 1969, n°28).
Jour de jeûne, voilà une des significations propres au premier jour du carême, surtout depuis la réforme liturgique issue du concile Vatican II qui réduit jeûne et abstinence obligatoires à deux jours : le mercredi des cendres et le vendredi saint. L’abstinence, à partir de 14 ans, consiste à s’abstenir de viande. Le jeûne, imposé entre 21 et 60 ans, n’autorise qu’un seul repas complet par jour, sans interdire de prendre un peu de nourriture le matin et le soir (Paul VI, Constitution apostolique Paenitemini, 17/02/1966).
Les cendres font l’objet de deux rites : bénédiction et imposition qui manifestent le caractère pénitentiel de ce jour où, dès le VIe s., les pénitents publics commençaient les exercices de leur pénitence en vue d’être réconciliés le jeudi saint. A Rome, au VIIIe s., « la première messe du carême est célébrée par le pape dans la basilique Sainte-Sabine, après une procession sur la colline de l’Aventin, tradition conservée jusqu’à nos jours » (Nicolas SENEVE, Les cendres, in La Croix, 6-7 février 2016) et toujours retransmise à la télévision.
« Dans les pays rhénans, au Xe s., on voulut donner une expression sensible au texte liturgique qui, à Rome, était pris au sens spirituel, en instituant le rituel de l’imposition des cendres. » (Pierre JOURNEL in L’Église en prière, tome IV, 1983) Cet usage rhénan s’étendit rapidement et s’accrût de bénédictions nombreuses des cendres jusqu’au Concile de Vatican II qui les réduisit à une seule formule. En 1091, le concile de Bénévent décrète que « le mercredi des Cendres, tous les clercs et laïcs recevront les cendres. » Cendres qui sont issues de l’incinération des branches bénies lors des Rameaux de l’année antérieure. « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. »
Abbé Marcel Villers
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