SAINT CHARLES DE FOUCAULD : 3. La conversion

3. La conversion: la rencontre de Dieu et l’expérience de sa bonté miséricordieuse

Au début de 86, Charles de Foucauld revient en France. Il s’installe à Paris, mais il continue à y vivre « à la saharienne, couchant par terre, revêtant la gandoura » (Chatelard, Le chemin vers Tamanrasset,2002, p.34). Il continue à mettre au point son livre et prépare d’autres voyages.

« En me faisant entrer dans son confessionnal (de l’abbé Huvelin), un des derniers jours d’octobre (1886), entre le 27 et le 30, je pense, vous m’avez donné tous les biens, mon Dieu… Quel jour béni, quel jour de bénédictions !… » (Méditations du 8/11/97)

Voilà des mois qu’il était en recherche spirituelle. « Pendant douze ans, j’ai vécu sans aucune foi : rien ne me paraissait assez prouvé ; la foi égale avec laquelle on suit des religions si diverses (il a rencontré les musulmans, les juifs au Maroc) me semblait  la condamnation de toutes … Je demeurai sans rien nier et sans rien croire, désespérant de la vérité, et ne croyant même pas en Dieu, aucune preuve ne me paraissant assez évidente. » (Lettre à H. de Castries, 14/08/1901)

Et puis, le voilà à Paris. Il lit les philosophes, les moralistes de l’antiquité. En quête de la vertu. Puis il tombe sur Bossuet et découvre l’intelligence de la foi chrétienne. Il se met alors à aller dans les églises et à y faire cette étrange prière, comme il le dit, : « Mon Dieu, si vous existez, faites-le moi connaître. » A Paris, il a retrouvé sa famille, profondément religieuse, qui l’accueille avec amour. Il y a surtout sa cousine, Marie de Bondy. Charles de Foucauld a perdu ses parents alors qu’il avait 6 ans, sa mère d’une « névralgie » en mars 1864 et son père en août de « démence ». Sa cousine, de sept ans son aînée, sera comme une « mère » pour lui et ils entretiendront une correspondance volumineuse (738 lettres entre 1889 et 1916). Elle sera aussi un de ses plus sûrs soutiens, spirituel comme matériel. C’est elle, en tous cas, qui joue le plus grand rôle dans son retour à la foi chrétienne, celle de son enfance.

« Une belle âme (Marie) vous secondait, mon Dieu. Mais par son silence, sa douceur, sa bonté, sa perfection…Vous m’attirâtes à la vérité par la beauté de cette même âme et vous me fîtes quatre grâces. Le première fut de m’inspirer cette pensée : « puisque cette âme est si intelligente, la religion qu’elle croit si fermement ne saurait être une folie comme je le pense ». La seconde fut de m’inspirer cette autre pensée : « puisque cette religion n’est pas une folie, peut-être la vérité qui n’est sur terre dans aucune autre ni dans aucun système philosophique est-elle là ». La troisième fut de me dire : « étudions donc cette religion, prenons un professeur de religion catholique, un prêtre instruit, et voyons ce qu’il en est, et s’il faut croire ce qu’elle dit ». La quatrième fut la grâce incomparable de m’adresser pour avoir ces leçons de religion à Monsieur Huvelin. » (Méditation du 8/11/97)

 L’abbé Huvelin, normalien, professeur d’histoire est alors connu et couru pour la qualité de sa direction spirituelle, de confesseur à la paroisse Saint-Augustin. Dans la crypte de cette église (dessin de Piem ci-contre), il donnait des « leçons de religion », des conférences ouvertes au grand public. Charles de Foucauld voulait aller l’entendre, mais il apprend de sa cousine que la santé de l’abbé l’empêche de continuer ses conférences. Or il connaissait l’abbé Huvelin qu’il avait déjà croisé chez Marie dont il était le conseiller spirituel. Il décide alors d’aller trouver « le prêtre à l’église, où il passe souvent des journées entières (tant son confessionnal est envahi) et lui poser toutes les questions qui le préoccupent. » (Debouté, Charles de Foucauld. Le frère universel, 1991, p. 21)

Il se présente donc à l’abbé Huvelin : « je demandais des leçons de religion, il me fit mettre à genoux et me fit me confesser, et m’envoya communier séance tenante. » (Méditation du 8/11/97) Si Huvelin a cette audace, c’est qu’il était au courant de la quête de Charles par sa cousine Marie. C’est en tous cas, un coup de maître. « En l’obligeant à faire une démarche d’humilité dans la confession, l’abbé Huvelin lui a proposé l’acte qui a provoqué le retournement total. Au cours des mois suivants, il se rendra très souvent chez l’abbé pour parler longuement. Tout ne s’est donc pas passé en un instant, mais, à partir de ce moment-là, celui-ci deviendra le Père, et le restera jusqu’à sa mort en 1910. » (Chatelard, p.40)

Cet événement, Ch. de Foucauld le désignera toujours comme sa conversion. C’est qu’il l’a vécu, moins comme le retour à la foi de son enfance ou de sa famille, que comme un bouleversement. Il est passé alors de l’agnosticisme et du doute sur l’existence de Dieu à la rencontre du Dieu de miséricorde. Le Dieu qu’il rencontre, ce n’est pas le Dieu immobile des philosophes, mais le Dieu vivant qui intervient dans l’histoire des hommes. Un Dieu de bonté, un Dieu de salut. Un Dieu Père. « La conversion s’est produite précisément au moment où le raisonnement cède la place à l’amour… Dans cette rencontre d’amour, il découvre que ce Dieu l’aime tendrement et lui accorde le salut, guérison de son passé, pardon de ses péchés et don gratuit de ce bonheur qu’il cherchait depuis toujours. Sa conversion a été vécue par lui comme une libération de son péché. » ( Bouvier M., Le Christ de Charles de Foucauld, 2004, p. 51-53)

Abbé Marcel Villers

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