Fête des saints Michel, Gabriel et Raphaël, archanges (29 septembre)
Présents dans l’Ancien et le Nouveau Testaments, les anges ont, depuis les premiers siècles de l’Église, fait l’objet de dévotion. Trois d’entre eux ont bénéficié d’un culte et d’une fête propre : Michel, Gabriel et Raphaël qui sont les seuls nommés dans les Écritures canoniques.
Michel dont le nom signifie « qui est comme Dieu » est présent dans la littérature apocalyptique (Dn 10,13 ; Ap 12, 7-10) pour qui chaque nation a un patron angélique qui veille sur elle ; Michel est le prince qui, à la tête de l’armée des anges, combat le Dragon (voir l’image ci-contre provenant du plafond de l’église de Theux), l’ennemi du peuple de Dieu. Il est aussi identifié à l’archange qui annoncera (1 Th 4,16-17) la fin des temps et le jugement dernier. Voilà qui explique les deux attributs (l’épée et la balance) de ses représentations : on sollicitait sa force pour vaincre l’ennemi et sa protection lors du jugement où il pèsera les âmes.
Gabriel (« mâle de Dieu ») est l’ange des annonciations, celles des temps du salut (Lc 1, 19.26).
Raphaël (« Dieu guérit ») est uniquement cité dans le livre de Tobit où il se révèle providence et ange gardien. Ils ont chacun leur fête, dès le IVe s., mais il faudra attendre le XIIIe s. pour que Gabriel et Raphaël rejoignent Michel dans les missels.
Dès le IVe s., le culte de saint Michel est répandu en Orient. Il apparaît, en Occident, fin du Ve s., avec l’élévation d’un premier sanctuaire à Monte Sant’Angelo, au sud des Pouilles, où l’archange serait apparu en 492. Le culte de saint Michel s’étend ensuite à la Gaule pour atteindre son apogée au VIIe s. où, suite à une triple apparition de l’archange, l’évêque d’Avranches lui consacre une église, en octobre 709, sur ce qui devient le Mont-Saint-Michel. Au XIIIe s., le Mont est le sanctuaire le plus fréquenté d’Europe où les pèlerins viennent solliciter l’archange en prévision du Jugement dernier. Saint Michel est le patron de bien des villes comme Bruxelles, corporations comme les militaires, pays comme l’Allemagne (voir sa chapelle de Banneux). Le jour de sa fête, le 29 septembre, commémore « la dédicace de la basilique de la Via Salaria à Rome au VIe s., destinée à honorer, avec Michel, tous les anges fidèles à Dieu. » (Missel romain quotidien, Hautecombe, 1961, p. 1859)
Le culte de saint Gabriel apparaît dans la liturgie vers le Xe s. ; avant la réforme du calendrier de 1969, il était fêté le 24 mars, veille de l’Annonciation de la sainte Vierge.
Raphaël est honoré comme patron des voyageurs ; à la fin du XVIe s., le développement de la dévotion à l’ange gardien relance sa vénération et sa fête, 24 octobre, est étendue à toute l’Église par Benoît XV, en 1921.
Le calendrier liturgique actuel a rassemblé les trois fêtes en une seule, le 29 septembre, renouant ainsi avec la tradition qui fêtait ensemble tous les saints anges. « Avec ces multitudes d’esprits bienheureux qui t’adorent dans le ciel par le Christ, nous te chantons ici-bas en proclamant : Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur, Dieu de l’univers ! » (Préface de la fête de tous les anges)
Abbé Marcel Villers
Illustration : panneaux (1630) du plafond de l’église de Theux