Ce soir, je voudrais m’arrêter plus spécialement sur trois acteurs qui interviennent dans le récit de la Passion de Jésus que nous venons d’écouter.
Le premier, c’est Judas. Le traître, dit-on. De fait, son portrait n’est guère reluisant. Mais l’idée négative que nous pouvons en faire est-elle tout-à-fait justifiée ? Bien sûr, il a « vendu » Jésus aux Pharisiens. Cependant, il peut être étonnant que Judas ait suivi Jésus autant de temps pour en arriver à le livrer ? Ne pouvait-il tout simplement se désolidariser des disciples de Jésus et vivre sa vie sans plus s’en inquiéter ?
Rappelons-nous que les semaines et les jours qui précèdent la montée de Jésus vers Jérusalem, celui réalise de nombreux signes, de nombreux « miracles » qui suscitent à chaque fois la même question de la part des Pharisiens : « Par quelle autorité agis-tu ? Pour qui te prends-tu ? Donne-nous un signe éclatant pour que nous n’ayons plus de doute ! ». Jésus n’a jamais répondu à cette sollicitation. Judas n’aurait-il pas voulu provoquer Jésus dans ces circonstances dramatiques, se disant qu’il allait bien devoir se révéler, enfin, au grand jour ? Bien sûr, ceci n’est qu’une hypothèse.
Mais, moi-même, est-ce qu’il ne m’arrive pas de « provoquer » Dieu dans ma prière, en espérant qu’il va se révéler à moi comme je voudrais qu’il soit ?
Le deuxième, c’est Pierre qui renie Jésus, par trois fois. Pierre est confronté à une situation délicate, déstabilisante, voire inattendue : c’est trop fort pour lui. Alors, il dit « Je ne suis pas de ceux-là ; je ne le connais pas ».
Moi-même, confronté à l’affirmation de ma foi, ne m’arrive-t-il pas, comme Pierre, de renier Jésus d’une manière ou d’une autre, par peur ou pour toute autre raison ?
Et enfin le troisième, c’est Pilate. On le sent intrigué par Jésus, on pourrait même penser qu’il a de la sympathie pour lui. Il entretient un dialogue avec Jésus qui le met en question ; le gouverneur tente de le faire échapper à ses bourreaux. Mais, la pression de la foule et l’argument ultime des Juifs : « si tu le reconnais comme roi, tu deviens l’ennemi de l’empereur ! » convainquent Pilate de « se laver les mains de cette affaire » et de livrer Jésus.
Ne pourrait-il m’arriver comme Pilate de privilégier mes intérêts, autorité, pouvoir … et de « livrer Jésus », de l’abandonner moi aussi ?
Et ainsi Jésus finira sur une croix, entre deux malfaiteurs, « devenu ce serviteur si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme, frappé, meurtri, humilié, dépouillé … » (Isaïe 52, 13-53,12).
Sur cette croix , Jésus aura pourtant cette parole : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ! »
Quoiqu’il en soit, « Mon serviteur réussira » dit encore Isaïe… Et en effet, nous savons que Jésus est vainqueur du mal, qu’il est passé par la mort, qu’il est ressuscité et toujours vivant !
Il emmène à sa suite vers le Royaume éternel les pécheurs pardonnés que nous sommes.
Jacques Delcour, dp