« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »
Voilà longtemps qu’Israël attend le Messie. Cette attente rejoint un désir partagé par l’humanité entière. Tous, en effet, nous aspirons à un monde neuf. Les hommes savent qu’ils sont incapables de changer le monde par leurs seules forces. C’est pourquoi ils attendent la venue d’un « Messie », un Sauveur capable de transformer l’homme et faire surgir un monde neuf. « Alors, dit le prophète, s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. » Telle sera l’œuvre du Messie.
Et voilà Jésus. Il se présente comme le Messie. Mais Jean-Baptiste doute : ce Jésus ne ressemble pas au Messie promis. Alors vient la question qui est aussi la nôtre : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »
Au fait, qu’attendons-nous ? Qu’espérons-nous ? Comment nous situons-nous face à demain, à l’avenir ?
Sommes-nous de ceux qui ne voient que catastrophe, climatique ou autre, à l’horizon ? Faisons-nous partie de ces déclinistes pour qui tout va mal : les affaires en panne, le pays sans gouvernement, les gens mécontents, en chômage, en grève, dans les rues ou en burn-out.
Et nous, fidèles à l’Église malgré tout, nous nous laissons souvent aller au pessimisme : de moins en moins nombreux le dimanche, nos prêtres en voie de disparition, des paroisses à la limite de la faillite financière comme en manque de personnes-ressources pour la catéchèse ou les mouvements. Bref, sommes-nous encore en mesure d’attendre, c’est-à-dire d’espérer ? Sinon que peut signifier le temps de l’Avent qui est celui du désir, de l’attente d’un monde neuf, le temps de l’espérance et de la joie ?
Qu’attendons-nous ? Qu’espérons-nous ? Encore.
Peut-être, voulons-nous que les choses changent plus vite, que le monde neuf apparaisse enfin et que notre Église retrouve sa vigueur et la jeunesse ? Méditons le conseil de saint Jacques que nous venons d’entendre : « Prenez patience et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche. «
Prendre patience, oui, mais sans lâcher l’espérance : « Tenez ferme », dit saint Jacques. « Ne gémissez pas ! » Il faut accepter de traverser l’épreuve du désir. Voir un autre monde, connaître des temps nouveaux, voilà l’objet de notre désir. Mais pas de miracle, de baguette magique, d’homme providentiel pour faire advenir tout cela d’un coup. Il y faut le temps.
« Prenez patience et tenez ferme. Ne gémissez pas ! » répète saint Jacques.
Notre évêque lui emboîte le pas en quelque sorte. Il nous adresse une lettre intitulée : « Va vers le pays que je te montrerai ! » Ainsi dit Dieu à Abraham qui reçoit mission de découvrir un nouveau pays.
A nous aussi, le Seigneur demande d’aller vers des terres inconnues.
« Je voudrais, écrit notre évêque, vous inviter à regarder avec des yeux nouveaux notre Église et notre monde. Il y a des choses à ne plus faire, des habitudes à abandonner, des tris à effectuer pour se consacrer vraiment aux nouveaux appels et besoins. Découvrez avec émerveillement là où le Seigneur nous appelle pour rendre ce monde plus humain, plus fraternel, plus habitable. Le pape nous invite à une constante sortie vers les périphéries de notre propre territoire, là où manquent la lumière et la vie. »
Cet appel à sortir constitue une consigne pour notre marche vers Noël car c’est à la périphérie qu’aujourd’hui le Seigneur vient, comme l’enfant de Bethléem est venu hier.
« Va ! Quitte ton pays, tes idées mortes et les vieux préjugés. Va toujours plus loin vers ce pays qui t’appelle là-bas.
Je vous invite à lire la lettre de notre évêque qui nous aide à préparer Noël et l’année nouvelle
Abbé Marcel Villers
Homélie du 3e dimanche de l’Avent à Theux le 15/12/2019