SOURCES : 47. DIEU ENVAHISSANT

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

47. Un Dieu envahissant

« Il voudrait être proche de vous, habiter en vous et mêler son souffle au vôtre.
Il voudrait être parmi vous jusqu’à la fin du monde.
Il frappe à la porte de toutes les âmes.
Il se fait petit et sans apparence pour pouvoir prendre part
à vos petites affaires et à vos soucis quotidiens.

Il s’avance à pas légers pour ne pas déranger,
ne pas être reconnu, pour être là incognito,
au milieu de tout le tumulte de la foire terrestre.

Il recherche la confiance, la confidence, il mendie votre amour.
C’est ici avant tout qu’il faut rester ferme.
Ne pas effacer les frontières.
Il est Dieu et il doit le rester.

Lorsqu’il sort de sa cachette et s’efforce de saisir votre cœur,
jetez-vous à terre et dites avec humilité :
Seigneur, éloignez-vous de moi,
car je suis un homme pécheur ! » (Hans Urs Von Balthazar, Le cœur du monde, 1956)

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HANS URS VON BALTHAZAR (1905-1988), théologien catholique suisse de langue allemande. Passionné de musique, il s’oriente cependant vers des études littéraires. En novembre 1929, il entre dans la Compagnie de Jésus. Il est envoyé à Munich, puis à Bâle comme aumônier des étudiants. Son grand œuvre, la « Trilogie », s’échelonnera tout au long de sa vie. En mai 1988, Jean-Paul II l’élève à la dignité de cardinal.

CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 43. LA FOI ET LA CROIX

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 16, 21-27 du 22e dimanche ordinaire.

La croix, épreuve de la foi
« Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Mt 16, 23)

Il y a un lien étroit entre la foi et la mort de Jésus, entre la foi et la croix. Mais ce lien, Pierre ne peut l’accepter : « Dieu t’en garde, Seigneur ! » (16, 22) La croix est en contradiction avec un Messie sauveur, elle est la contestation radicale de toute définition de Dieu en termes de puissance. Un Dieu crucifié contredit tout ce que les hommes se représentent, désirent et attendent de Dieu et de la religion. Car que peut-on espérer d’un Dieu qui meurt en croix ?

La croix est bien l’épreuve de la foi. C’est devant la croix que tout se joue, que naît la foi chrétienne. Le Dieu crucifié ne répond à aucun des besoins religieux de protection et d’intervention en notre faveur que nous attendons d’un Dieu efficace. Un Dieu crucifié, aucun homme religieux ne peut l’avoir inventé. On ne peut qu’y croire. Seule la foi donne accès à un tel Dieu.

Prendre sa croix
Suivre le Christ, mettre sa foi en lui, signifie renoncer à soi-même et prendre sa croix sur soi. Cela va, selon St Paul, jusqu’à « offrir sa personne et sa vie en sacrifice saint, capable de plaire à Dieu. » (Ro 12,1). Cette croix, propre à chacun, n’est pas faite des malheurs et souffrances inévitables que tout homme rencontre. Il ne s’agit pas non plus des sacrifices volontaires que le disciple s’impose pour imiter Jésus. Il s’agit de la croix que suscite la vie et la mission de disciple du Christ. L’existence du chrétien est, comme celle de son Maître, un signe et un objet de contradiction. La persécution des chrétiens en est la dramatique illustration. Prendre sa croix, c’est en définitive accepter de faire sienne la destinée du Christ, mis à mort sur la croix.

Abbé Marcel Villers

SOURCES : 44. CE QU’EST DIEU

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement. Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

44. Savons-nous ce qu’est Dieu ?

« Nous ne savons pas ce qu’est Dieu…
Mais cela peut avoir deux sens.
Un premier sens, vulgaire, d’ignorance quelconque : pareil sens est à repousser.
Un second sens, particulier, qui ne concerne que Dieu : nous ne savons pas ce qu’est Dieu,

Mais nous savons ce qu’Il n’est pas.
Ou plutôt, nous disons que nous ne savons ce qu’il est,
parce que nous savons ce qu’Il n’est pas.

Ces deux affirmations sont solidaires. Elles sont en fait identiques.

Ne pas savoir ce qu’est Dieu, c’est savoir ce qu’Il n’est pas.
Et cette science est très haute.
En repoussant de Dieu toute signification qui, telle quelle, vaudrait de la créature,
Nous affirmons que Dieu est à part de toute créature.
Bref, nous le proclamons Dieu. »
(Henri de Lubac, Sur les chemins de Dieu, 1956)

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HENRI SONIER DE LUBAC (1896-1991), jésuite, théologien catholique, membre de l’Institut, et cardinal français. Figure majeure de la théologie catholique du vingtième siècle, son œuvre de théologien a exercé une réelle influence sur de nombreux intellectuels et sur la vie de l’Église des années de la seconde guerre mondiale à Vatican II.

SOURCES : 39. VIE ET MORT

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Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

39. La vie et la mort, c’est tout un

« Vous voudriez connaître le secret de la mort.
Mais comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le cœur de la vie ?
La chouette dont les yeux faits pour la nuit sont aveugles le jour ne peut dévoiler le mystère de la lumière.
Si vous voulez vraiment contempler l’esprit de la mort, ouvrez amplement votre cœur au corps de la vie. Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l’océan sont un.

Votre peur de la mort n’est que le frisson du berger lorsqu’il se tient devant le roi dont la main va se poser sur lui pour l’honorer. Le berger ne se réjouit-il pas sous son tremblement, de ce qu’il portera l’insigne du roi ? Pourtant n’est-il pas conscient de son tremblement ?

Car qu’est-ce que mourir sinon se tenir nu dans le vent et se fondre dans le soleil ?
Et qu’est-ce que cesser de respirer, sinon libérer le souffle de ses marées inquiètes, pour qu’il puisse s’élever et se dilater et rechercher Dieu sans entraves ?

C’est seulement lorsque vous boirez à la rivière du silence que vous chanterez vraiment.
Et quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez enfin à monter.
Et lorsque la terre réclamera vos membres alors vous danserez vraiment. »

(Khalil Gibran, Le prophète, 1956)

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KHALIL GIBRAN (1883-1931), poète libanais, chrétien maronite mais aimant le prophète arabe. D’un mysticisme syncrétique, son recueil de textes poétiques, « Le Prophète », devint particulièrement populaire pendant les années 1960 dans le courant de la contre-culture et les mouvements «New Âge ».