COMMÉMORATION DES DÉFUNTS : 2 NOVEMBRE

Commémoration des fidèles défunts

Toussaint, commémoration des fidèles défunts, jour des morts, voilà qui nous ramène, chaque année, à la visite du cimetière et à la mémoire de nos morts. Et cela nous conduit, chaque année, à nous interroger sur la mort et les morts.

« Dans la maison de mon Père, je pars vous préparer une place. »
Voilà une consolante promesse que Jésus fait à ses disciples, à ceux et celles qui font partie de ses fidèles, de ses amis.
La mort de Jésus, son départ de ce monde, prend un sens étonnant : il part préparer pour nous une place dans la maison du Père éternel.

Une deuxième promesse complète la première : « je reviendrai vous prendre avec moi afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. »

Être là où est Jésus. N’est-ce pas le plus cher désir du chrétien ?

Être avec Jésus.
Le premier pour qui cette promesse est devenue réalité, c’est le bon larron à qui Jésus dit : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le paradis ».
« Avec moi » : promesse d’une vie de communion avec Jésus.

Être « avec » Jésus, voilà tout ce qui peut être dit de ce que nous nommons le paradis ou la « maison du Père ».
Jésus, au soir de sa vie, quand chaque mot est pesé et lourd de sens, nous promet qu’un jour, une fois achevé le chemin de cette vie, nous le retrouverons « dans la maison de son Père » pour goûter avec lui et avec tous ceux qui nous chers et qui nous ont précédés, la joie surabondante qui est la sienne.

Être avec Jésus.
Seuls ceux qui aiment peuvent avoir un tel désir.
Celui de la communion, celle qui lie ceux qui s’aiment.
« Aimer un être, c’est lui dire : toi, tu ne mourras pas » (Gabriel Marcel).
Bien sûr, ces mots, « tu ne mourras pas », les faits les démentiront puisque chacun doit mourir. Mais celui qui aime n’a-t-il pas le droit d’espérer que la fidélité de son amour soit plus forte que la mort ?

Le dernier mot n’est pas à la mort, mais à la communion.

Abbé Marcel Villers

Homélie pour la fête du Christ-Roi, ce dimanche 24 novembre

LePeupleRegardaitL’abbé Marcel Villers a prononcé l’homélie qui suit, en la fête du Christ-Roi, ce 24 novembre, à Theux

Il commentait l’évangile, extrait de Luc 23,35-43.

La croix est le terme de la vie et de l’action de Jésus. C’est un fait.
C’est aussi l’épreuve de la foi.
Face à cette mort se pose la question essentielle –et dont la réponse sépare chrétiens et autres– Jésus a-t-il échoué ?
Aujourd’hui, comme il y a vingt siècles, face à Jésus crucifié, on peut distinguer quatre positions, quatre attitudes, celles que l’évangile de ce jour met en scène, celles du peuple, des chefs et des soldats, de chacun des deux larrons.

Le peuple restait là à regarder.
Muet, il contemple celui qui avait annoncé un monde de fraternité et guéri l’homme de ses maladies et péchés. Il avait suscité une belle espérance, ce Jésus, en parlant d’un Dieu d’amour et de liberté, de pardon et de vie. Ce monde nouveau meurt avec lui. L’injustice a triomphé une fois de plus. Jésus a échoué. Où est-il son Royaume ? Stupéfait ou résigné, le peuple restait là à regarder, sans rien dire.

Les chefs ricanaient : Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu.
Ces chefs du peuple ou de la religion se sont opposés à Jésus. Au nom de l’ordre, de la Loi, d’une certaine idée de Dieu. Car comment garantir un ordre social si, comme le proclamait Jésus, tous les hommes sont égaux et frères ? Comment maintenir une religion et des commandements si Dieu pardonne gratuitement ? Et surtout, comment un homme mourant sur une croix peut-il être l’Élu, le Sauveur ? Ses prétentions sont dérisoires et son Royaume, un rêve. Restent moqueries et ricanements.

L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : Sauve-toi toi-même et nous avec !
Injure ou plutôt cri de désespoir, de révolte de tous les écrasés de l’histoire. Comment Dieu peut-il tolérer le mal, la souffrance ? A quoi sert le Messie s’il n’arrive pas à nous épargner mort et souffrances ? Pourquoi ne fait-il pas un miracle pour moi ? On ne peut être que révolté par le silence et l’impuissance de Jésus. Qui peut mettre sa confiance dans un sauveur qui se laisse crucifier ? De quel Royaume peut-il être le Roi ?

Après résignation, moquerie et révolte, reste une quatrième attitude, celle du bon larron : Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne.
Aucune résignation, aucune révolte. Il accepte son sort : nous avons ce que nous méritons.
Aucune moquerie, aucun reproche adressé à Jésus. Au contraire : Lui, il n’a rien fait de mal, premier élément d’une confession de foi, reconnaissant en Jésus l’Innocent, le Juste.
Enfin, le bon larron ne demande pas de miracle, mais simplement, il prie Jésus : Souviens-toi de moi. Témoignage de sa confiance, expression de la foi qui s’en remet à Jésus, même dans l’obscurité : Souviens-toi de moi.

Vient alors le sommet de ce récit, la promesse de Jésus :
Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis.
Être avec Jésus, voilà ce qui fait le chrétien, le disciple.
Malgré les souffrances et la mort, Jésus nous promet d’être toujours avec lui.
Le voilà son Royaume, et son Règne est celui de l’être-avec.
Avec lui, et grâce à lui, nous connaissons la bonté du Père céleste.
Avec lui, nous partageons les souffrances de notre condition humaine.
Avec lui, nous connaîtrons la lumière et la paix du Paradis.
Tel est le sort du chrétien : être avec Jésus.
Et cela nous suffit.

Abbé Marcel Villers
P.S. Merci à Jean-François Kieffer pour son dessin Et le peuple restait là à regarder.