Clés pour lire l’évangile de Jean : 33. Dieu est esprit

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Nous poursuivons la lecture continue de l’évangile. Jésus se révèle à la Samaritaine : Jn 4, 16-30.

33. Dieu est esprit

« Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. » (Jn 4,23)

Où est la vraie demeure de Dieu ? où se trouve le vrai Dieu ? Jésus refuse toute localisation de Dieu. Au nom même de l’identité de Dieu : « Dieu est esprit » (4,24). Dieu n’est pas localisable dans un territoire ou un sanctuaire. Dieu n’appartient pas au monde des objets, échappe à toute localisation, à toute maîtrise par l’homme.

« L’heure vient, dit Jésus, où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer Dieu. » (4,23) Car Dieu n’est nulle part dans l’espace extérieur. Il est au-delà de tout ce que nous pouvons manipuler, dire et penser. « Dieu est esprit. » (4,24) En intériorisant le culte, Jésus rend Dieu universellement reconnaissable. Il ne peut être enfermé dans un lieu, un territoire, ni même une religion. Il est l’au-delà de tout. Son seul lieu, c’est le cœur de l’homme, celui des « vrais adorateurs, ceux qui adorent en esprit et vérité. » (4,24)

Le mont Garizim

« Juifs et Samaritains se réclament de la Loi de Moïse, mais ils n’en donnent pas la même interprétation. Les Samaritains s’en tiennent à la seule Torah dont ils font une lecture littéraliste ; ils ignorent les prophètes. Face à Jérusalem, en 332 avant J.-C., les Samaritains ont érigé leur propre temple sur le mont Garizim. Or, celui-ci est détruit par Jean Hyrcan en 129 avant J.-C. Le geste de Jean Hyrcan provoque une rupture radicale entre Samaritains et Juifs. Dès lors, des populations qui, jusqu’alors avaient vécu côte à côte, deviennent rivales, bien plus, ennemies. Les Samaritains, tout comme les Juifs, s’estiment les seuls dépositaires de l’héritage mosaïque. Ils attendaient un Prophète qui restaurera le temple sur le Garizim, rétablira le culte sacrificiel et obtiendra sa reconnaissance par les païens. » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Jean : 32. L’eau vive

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Nous poursuivons la lecture continue de l’évangile. Jésus et la Samaritaine : Jn 4, 1-15.

32. L’eau vive

« Qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif. » (Jn 4,14)

Dans la rencontre du Christ et de la Samaritaine, au puits de Jacob, c’est l’acte de puiser qui est mis en évidence. Un puits, c’est une source de vie, c’est de l’eau vive. Au bord du puits, Jésus nous attend pour nous donner l’eau vive, celle qui devient en nous « source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (4,14). Tel est le don de Dieu. « Si tu savais le don de Dieu » (4,10), nous dit Jésus. C’est ce savoir, cette connaissance qu’offre Jésus ou plutôt qu’il est lui-même. Le puits, c’est le Christ et son enseignement rapporté par les Écritures.

On comprend alors l’importance de l’acte de puiser et de la cruche. Tirer l’eau du puits, c’est étudier et méditer l’Écriture, la parole de Jésus rapportée par les Évangiles. C’est puiser à la source cette eau qui étanche la soif. « Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif » (4,14). La rencontre du Christ, et donc la foi en lui, telle est la source de vie.

Le puits de Jacob

« Le puits, auprès duquel Jésus fatigué s’assied, est un puits bien identifié, au pied du mont Garizim, de grande profondeur (32 m) ; son eau est toujours fraîche sous le soleil brûlant de midi. Ce puit est ici le support d’un symbolisme complexe. Il est attribué au patriarche Jacob à qui, selon la légende, il avait fourni des eaux surabondantes qui montaient des profondeurs et jaillissaient devant lui. Le souvenir de Jacob était puissant dans la région de Sykar (Sichem) et le puits le plus fameux lui était associé. Le puits était don de Dieu.
Un autre sens était donné au puits dans le judaïsme. Il figurait la Loi ; ses eaux débordantes, venant des profondeurs, représentaient l’effusion de la sagesse de Dieu, qui donnait la connaissance et illuminait les cœurs. Pour Jean, la rencontre de Jésus joue ce rôle. Pour les chrétiens, le puits, c’est aussi la fontaine baptismale d’où jaillit la vie éternelle, don de Dieu. » (Annie JAUBERT, Approches de l’Évangile de Jean, 1976)

Abbé Marcel Villers