Clés pour lire l’évangile de Jean : 47. La source

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Nous poursuivons la lecture continue de l’évangile. Jésus enseigne dans le Temple : Jn 7, 37-8,1.

47. La source

« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et que boive celui qui croit en moi » (Jn 7,38) 

Au dernier jour de la fête des Tentes, le grand jour, « Jésus debout, crie » (7,37). Cette mention marque l’importance de ce qu’il va dire, à savoir une parole de révélation qui utilise la métaphore de l’eau, un des symboles de la célébration de la fête. « Qu’il boive celui qui croit en moi. Comme dit l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive » (7,38). Et l’évangéliste d’ajouter : « il parlait de l’Esprit-Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. »

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Clés pour lire l’évangile de Jean : 33. Dieu est esprit

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Nous poursuivons la lecture continue de l’évangile. Jésus se révèle à la Samaritaine : Jn 4, 16-30.

33. Dieu est esprit

« Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité. » (Jn 4,23)

Où est la vraie demeure de Dieu ? où se trouve le vrai Dieu ? Jésus refuse toute localisation de Dieu. Au nom même de l’identité de Dieu : « Dieu est esprit » (4,24). Dieu n’est pas localisable dans un territoire ou un sanctuaire. Dieu n’appartient pas au monde des objets, échappe à toute localisation, à toute maîtrise par l’homme.

« L’heure vient, dit Jésus, où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer Dieu. » (4,23) Car Dieu n’est nulle part dans l’espace extérieur. Il est au-delà de tout ce que nous pouvons manipuler, dire et penser. « Dieu est esprit. » (4,24) En intériorisant le culte, Jésus rend Dieu universellement reconnaissable. Il ne peut être enfermé dans un lieu, un territoire, ni même une religion. Il est l’au-delà de tout. Son seul lieu, c’est le cœur de l’homme, celui des « vrais adorateurs, ceux qui adorent en esprit et vérité. » (4,24)

Le mont Garizim

« Juifs et Samaritains se réclament de la Loi de Moïse, mais ils n’en donnent pas la même interprétation. Les Samaritains s’en tiennent à la seule Torah dont ils font une lecture littéraliste ; ils ignorent les prophètes. Face à Jérusalem, en 332 avant J.-C., les Samaritains ont érigé leur propre temple sur le mont Garizim. Or, celui-ci est détruit par Jean Hyrcan en 129 avant J.-C. Le geste de Jean Hyrcan provoque une rupture radicale entre Samaritains et Juifs. Dès lors, des populations qui, jusqu’alors avaient vécu côte à côte, deviennent rivales, bien plus, ennemies. Les Samaritains, tout comme les Juifs, s’estiment les seuls dépositaires de l’héritage mosaïque. Ils attendaient un Prophète qui restaurera le temple sur le Garizim, rétablira le culte sacrificiel et obtiendra sa reconnaissance par les païens. » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Jean : 16. Détruisez ce temple

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Après cinq des signes attribués à Jésus par Jean, nous lisons aujourd’hui celui qui synthétise la série des sept et introduit au cœur de l’évangile, le mystère de la croix : Jn 2, 13-22. La mort et la résurrection constituent la clé du message christique.

16. Détruisez ce Temple

En trois jours, je le relèverai… Lui parlait du temple de son corps. (Jn 2,19-20)

Plus Dieu nous parait grand, plus nous pensons devoir nous tenir à distance. C’est ainsi que le Temple de Jérusalem était conçu. Plus on approchait du lieu où Dieu était censé résider, plus il fallait être pur. Finalement, seuls les prêtres accédaient à l’autel et le grand-prêtre pouvait, une fois par an, entrer à l’intérieur du Sanctuaire. Par respect pour la grandeur de Dieu, on l’avait rendu inaccessible.

« Détruisez ce Temple » (2,19), proclame Jésus, abattez ces murs qui coupent les hommes de Dieu. En Jésus, Dieu est désormais présent à tout homme. Emmanuel, Dieu avec nous. Il n’y a plus besoin de Temple. Le Temple, c’est le corps de Jésus, c’est Jésus lui-même en qui Dieu habite notre humanité. Il a dressé sa tente parmi nous et est devenu compagnon de nos vies. Désormais, le lieu où l’homme et Dieu se rencontrent n’est plus le Temple, mais notre propre condition humaine. Il n’y a plus de temps ou de lieux réservés à Dieu. C’est au cœur de nos vies que Dieu se laisse rencontrer.

Le malentendu ou l’art du double sens

« Il fit un fouet avec des cordes et les chassa tous du Temple. » (2,15) Comment interpréter cet acte de Jésus ? L’évangéliste va multiplier les niveaux de lecture de ce geste et jouer sur le malentendu que provoque la confusion de ces niveaux. C’est un procédé typique de l’évangéliste Jean : Jésus prononce une parole qui peut se comprendre en deux sens différents. « Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai. » (2,19) Les « trois jours » ne peuvent manquer, pour le chrétien, d’évoquer la résurrection. Les Juifs interprètent la parole de Jésus littéralement : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire et toi en trois jours tu le relèverais ! » (2,20) Autrement dit, c’est ridicule. L’évangéliste intervient alors et propose son interprétation, celle des chrétiens après Pâques : « Mais lui parlait du sanctuaire de son corps. » (2,21) Deux lectures s’affrontent : l’une littérale, celle des adversaires ; l’autre métaphorique, celle de l’évangéliste. Comment expliquer ce sens second ? Le narrateur intervient à nouveau et guide son lecteur : « Quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela : ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite.

Abbé Marcel Villers