Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Nous poursuivons la lecture continue de l’évangile. Jésus enseigne dans le Temple : Jn 7, 37-8,1.
47. La source
« Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et que boive celui qui croit en moi » (Jn 7,38)
Au dernier jour de la fête des Tentes, le grand jour, « Jésus debout, crie » (7,37). Cette mention marque l’importance de ce qu’il va dire, à savoir une parole de révélation qui utilise la métaphore de l’eau, un des symboles de la célébration de la fête. « Qu’il boive celui qui croit en moi. Comme dit l’Écriture : De son sein couleront des fleuves d’eau vive » (7,38). Et l’évangéliste d’ajouter : « il parlait de l’Esprit-Saint qu’allaient recevoir ceux qui croiraient en lui. »
Jésus s’identifie au Temple d’où les prophètes annonçaient, pour la fin des temps, « le ruissellement des fleuves d’eau vive, l’effusion de l’Esprit promis. » Telle sera, pour l’interprétation chrétienne, le fruit de la mort de Jésus, qui substituant son corps au Temple, en fait une source de vie et de salut. Ce que suscite la révélation de Jésus, c’est la division entre ceux pour qui il est le prophète attendu, ceux pour qui il est le Messie, ceux pour qui le Messie ne peut venir de Galilée.
Source d’eau vive
« Les libations d’eau tenaient une place importante lors de la fête des Tentes dont la liturgie utilisait Za 14,8 : « En ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem, moitié vers la mer Orientale, moitié vers la mer Occidentale. Il en sera ainsi l’été comme l’hiver ». En Jn 2,21, Jésus s’identifie au Sanctuaire, il n’est donc pas étonnant qu’il se présente comme la source d’eau vive ; il réalise ce qu’aux temps eschatologiques, Israël attendait des eaux coulant du Temple. Désormais, c’est du sein du Christ que coulent les fleuves d’eau vive. Le croyant peut boire de cette eau comme jadis, lors de ses pérégrinations au désert, Israël a bu au rocher. L’eau jaillissant du Sanctuaire, du rocher, du Christ est aussi une figure de la Sagesse, car c’est sous les traits de la Sagesse que Jésus se présente. Il invite ses auditeurs à se désaltérer aux fleuves d’eau vive qui couleront de son sein tout comme la Sagesse invite à un festin. (D’après Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)
Abbé Marcel Villers