SOURCES : 49. PRIERE ET PÉCHÉ

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

49. Quand prier devient péché

« Si tu pars pour un long voyage, et qu’à cause de la grande chaleur il t’arrive d’avoir soif,
si tu rencontres alors un frère et que tu lui dises :
« Soulage-moi de la soif qui m’accable »,
et qu’alors il te réponde :
« C’est l’heure de la prière. Je vais prier, et ensuite je me rendrai chez toi »,
en attendant qu’il ait prié et revienne à toi, tu mourras de soif.

Que t’en semble ?
Qu’y-a-t-il de meilleur pour toi ?
Qu’il aille prier ou qu’il apaise ton tourment ?
Quelle utilité aura la prière de celui qui ne soulage pas la souffrance du prochain ?

Le Seigneur n’a-t-il pas déclaré que nous serions jugés sur nos œuvres ?
Ce que je t’ai écrit : « Quand on fait la volonté de Dieu, cela est prière, cela me semble beau.
« Mais parce que je te l’ai dit, ne va pas te relâcher de la prière, et ne cède pas à l’ennui, selon qu’il est écrit que Notre Seigneur a dit : « Priez et ne vous lassez pas !  »
(Aphrate le Persan, Démonstration).

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APHRATE LE PERSAN (IVe s.) est le plus ancien théologien de l’Église syriaque qui s’étendait jusqu’au golfe persique. Il fut contemporain de la grande persécution de 341. Païen converti, il se fit moine. Ses œuvres écrites en syriaque sont des traités rédigés et non des homélies retranscrites.

SOURCES : 3. Le poids de nos actes

3. LE POIDS DE NOS ACTES

Tout ce que je suis, tout ce que j’accomplis est-il voué au néant ? Quel poids pèsent nos actes, nos réalisations ?

« C’est déjà beaucoup de pouvoir penser que, si nous aimons Dieu, quelque chose ne sera jamais perdu de notre activité intérieure, de notre operatio.
Mais le travail même de nos esprits, de nos cœurs et de nos mains, – nos résultats, nos œuvres, notre opus, – ne sera-t-il pas, lui aussi, en quelque façon, éternisé, sauvé ? …

Cette pensée, ce perfectionnement matériel, cette harmonie, cette nuance particulière d’amour, cette exquise complexité d’un sourire ou d’un regard, toutes ces beautés nouvelles qui apparaissent pour la première fois, en moi ou autour de moi, sur le visage humain de la terre, je les chéris comme des enfants, dont je ne puis croire que, dans leur chair, ils mourront complètement. Si je croyais que ces choses se fanent pour toujours, leur aurais-je jamais donné la vie ?

Plus je m’analyse, plus je découvre cette vérité psychologique que nul homme ne lève le petit doigt pour le moindre ouvrage sans être mû par la conviction, plus ou moins obscure, qu’il travaille infinitésimalement pour l’édification de quelque Définitif, c’est-à-dire, à l’œuvre de Vous-même, mon Dieu. » (Pierre Teilhard de Chardin, Le milieu divin)

Du plus matériel au plus spirituel, tout est pris dans un vaste mouvement de convergence, d’attraction dont le pôle est le Christ ressuscité.
Mesurons-nous assez l’impact de la foi en la résurrection sur le sens de notre quotidien ? Sur la portée de notre action ? Sur l’effet de notre travail ?

Abbé Marcel Villers


Pierre Teilhard de Chardin, né en 1881, prêtre dans la Compagnie de Jésus en 1911, docteur en sciences en 1922, contribue à la découverte de l’homme de Pékin, le sinanthrope. Il meurt en 1955. Sa vision de l’univers a pour centre et pour fin le Christ qui saisit l’homme dans les profondeurs de son être, unifiant en lui la double quête de la foi et de la raison.