SOURCES : 24. Obéissant jusqu’à la mort

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.
Abbé Marcel Villers

OBÉISSANT JUSQU’A LA MORT

« Loin de te donner un instant de répit, ô Source de vie,
ils te préparèrent, pour le porter, l’instrument de la mort.
Tu l’as reçu avec magnanimité,
Tu l’as pris avec douceur,
Tu l’as soulevé avec patience ;
Tu t’es chargé, comme si tu étais coupable, du bois des douleurs.

On t’a étendu sur l’autel de la croix comme une victime ;
On t’a cloué comme si tu étais un malfaiteur ;
On t’a rivé comme si tu étais un révolté ;
Toi qui es la paix céleste, comme si tu étais un brigand.

O toi qui es miséricordieux et plein de pitié,
Toi qui pour moi, ton ingrat et inique serviteur,
Ô Seigneur de tous que tu es,
Tu as accueilli toutes ces souffrances volontairement
les supportant dans ton humanité que tu t’es unie
et jusqu’au dortoir du caveau de ta sépulture.

O Dieu insondable,
après avoir subi les mêmes ignominies avec une indicible patience,
Tu es ressuscité vivant par ta propre puissance
dans une exaltante lumière,
avec ton intégrale humanité et ta parfaite divinité. »
(Grégoire de Narek, Prière pour le Grand Vendredi)

 

GRÉGOIRE DE NAREK (950 à 1003/1010), moine arménien, auteur d’Élégies sacrées, ouvrage devenu le principal livre de prière de l’Église arménienne. Il fut aussi un grand poète, traduisant son expérience mystique. Il est le 36e docteur de l’Église proclamé tel par le pape François en 2015.

 

 

SOURCES : 11. La résurrection de la chair

La résurrection de la chair

Corps et âme, tout entier, l’être humain est à l’image de Dieu. Le corps, lui aussi, exprime la personne.
« Est-ce l’âme, comme telle, qui constitue l’homme ? Non. Elle n’est que l’âme de l’homme. Est-ce le corps, alors, qu’on appelle l’homme ? Non, il n’est que le corps de l’homme. Dès lors, c’est l’unité formée de l’union des deux qui seule mérite le nom d’homme. Et certes, c’est l’homme entier que Dieu a appelé à la vie et à la résurrection, et non une partie de l’homme.» (Justin, Fragment 8 )

La résurrection de la chair nous est promise. L’attestent la résurrection de Jésus et son ascension qui fait entrer en Dieu même la chair de ce monde.
« Si la résurrection ne devait être que spirituelle, le Christ aurait dû, lors de sa propre résurrection, montrer son corps gisant d’un côté et, de l’autre, son âme telle qu’elle est. Mais il n’a rien fait de tel, il est ressuscité avec son corps, convaincu que la promesse de la vie concernait aussi celui-ci. » (Justin, Fragment 9 )

Si la résurrection est celle des corps, elle concerne aussi le cosmos tout entier qui est comme le corps de l’humanité. Les énergies du cosmos traversent de façon continue le corps des hommes. En retour, les puissances de résurrection, déjà à l’œuvre dans les corps, travaillent le cosmos.
« Nous le savons, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre corps. Car notre salut est objet d’espérance ; et voir ce qu’on espère, ce n’est plus l’espérer. Ce qu’on voit, comment pourrait-on l’espérer encore ? Mais espérer ce que nous ne voyons pas, c’est l’attendre avec constance.» (Ro 8,22-25)

Abbé Marcel Villers


Saint Justin, le plus important des apologistes du IIe siècle. Né en Palestine, à Naplouse, mais d’origine latine, sa famille étant des colons aisés. Il écrit en grec et enseigne la philosophie, celle du Christ. Il fonde à Rome une école de sagesse chrétienne. Jaloux de son succès, un philosophe concurrent le dénonce comme chrétien. Il est arrêté et exécuté vers 165 avec six de ses élèves. On possède de lui deux apologies adressées à l’empereur Antonin et un dialogue avec un sage rabbin, Tryphon.

SOURCES : 3. Le poids de nos actes

3. LE POIDS DE NOS ACTES

Tout ce que je suis, tout ce que j’accomplis est-il voué au néant ? Quel poids pèsent nos actes, nos réalisations ?

« C’est déjà beaucoup de pouvoir penser que, si nous aimons Dieu, quelque chose ne sera jamais perdu de notre activité intérieure, de notre operatio.
Mais le travail même de nos esprits, de nos cœurs et de nos mains, – nos résultats, nos œuvres, notre opus, – ne sera-t-il pas, lui aussi, en quelque façon, éternisé, sauvé ? …

Cette pensée, ce perfectionnement matériel, cette harmonie, cette nuance particulière d’amour, cette exquise complexité d’un sourire ou d’un regard, toutes ces beautés nouvelles qui apparaissent pour la première fois, en moi ou autour de moi, sur le visage humain de la terre, je les chéris comme des enfants, dont je ne puis croire que, dans leur chair, ils mourront complètement. Si je croyais que ces choses se fanent pour toujours, leur aurais-je jamais donné la vie ?

Plus je m’analyse, plus je découvre cette vérité psychologique que nul homme ne lève le petit doigt pour le moindre ouvrage sans être mû par la conviction, plus ou moins obscure, qu’il travaille infinitésimalement pour l’édification de quelque Définitif, c’est-à-dire, à l’œuvre de Vous-même, mon Dieu. » (Pierre Teilhard de Chardin, Le milieu divin)

Du plus matériel au plus spirituel, tout est pris dans un vaste mouvement de convergence, d’attraction dont le pôle est le Christ ressuscité.
Mesurons-nous assez l’impact de la foi en la résurrection sur le sens de notre quotidien ? Sur la portée de notre action ? Sur l’effet de notre travail ?

Abbé Marcel Villers


Pierre Teilhard de Chardin, né en 1881, prêtre dans la Compagnie de Jésus en 1911, docteur en sciences en 1922, contribue à la découverte de l’homme de Pékin, le sinanthrope. Il meurt en 1955. Sa vision de l’univers a pour centre et pour fin le Christ qui saisit l’homme dans les profondeurs de son être, unifiant en lui la double quête de la foi et de la raison.

PÂQUES 2021

                             

Jour de Résurrection ! Peuples rayonnons de joie,

C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur !

De la mort à la vie et de la terre aux cieux,

Le Christ Dieu nous a menés.  Alleluia !

Joyeuses Pâques !

Abbé Marcel Villers
Illustration : KÖDER Sieger, Souper à Emmaüs