Clés pour lire l’évangile de Matthieu : 45. Oui et non

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 21, 28-32 du 26e dimanche ordinaire.

45. Oui et non

« Lequel des deux a fait la volonté du père ? » (Mt 21, 31)

Par respect pour son père ou par peur, le deuxième fils dit « oui » à son père, mais ne va pas travailler à la vigne. L’autre est direct : « je ne veux pas aller travailler à la vigne. » Mais s’opère ensuite un retournement, que l’évangile appelle « repentir », et finalement, il va travailler. Jésus montre que l’on peut très bien dire oui à Dieu et ne pas faire sa volonté. Ainsi les chefs du peuple Israël ont vu Jean-Baptiste et Jésus. Ils ont entendu leur appel à la conversion, mais ils ne se sont pas repentis. Publicains et prostituées, eux, ont entendu l’appel, y ont cru et se sont repentis.

Ce que nous nommons la foi, on ne peut y entrer que par le repentir. Les pécheurs publics sont les premiers à entrer dans cette logique. Eux, se savent loin de Dieu et qu’ils ne s’en sortiront pas d’eux-mêmes. Quant aux élites de la nation et de la religion, ils ont plutôt le sentiment contraire, cette espèce d’autosatisfaction qui leur fait penser que leurs mérites suffisent.

Les paraboles de jugement

Jésus est venu comme Sauveur des pécheurs. Une série de paraboles visent à présenter et justifier cette Bonne Nouvelle du salut et sont adressées aux adversaires de Jésus. « Elles sont les armes de Jésus dans le combat qu’il mène contre les critiques et les adversaires de la Bonne Nouvelle : tous ceux pour qui il est révoltant de penser que Dieu veuille avoir affaire avec les pécheurs et qui sont choqués de la commensalité de Jésus et des méprisés. Ceux-là sont invités à se regarder eux-mêmes. La justification de l’Évangile devient une accusation sévère : vous êtes comme ce fils qui répond servilement oui à ce que lui commande son père, mais qui refuse ensuite de lui obéir. » (J. JEREMIAS, Les paraboles de Jésus, 1962)

Abbé Marcel Villers