SOURCES : 109. GRAND ET MISÉRABLE

                                  Grand et misérable

« L’homme est comme un étranger à lui-même, grand et misérable.
Grand par sa raison, par sa capacité à dompter ses passions,
grand même en ce qu’il se connaît misérable.
Il aspire à autre chose qu’à assouvir ses instincts ou à leur résister,
car ce qui est nature aux animaux nous l’appelons misère de l’homme.

Il existe une proportion insupportable
entre d’un côté notre volonté infinie d’être heureux et de connaître la vérité,
et de l’autre côté notre raison limitée et notre faiblesse physique,
qui aboutit à la mort.

La force de Pascal est dans son réalisme implacable.
Il ne faut pas avoir l’âme fort élevée
pour comprendre qu’il n’y a point ici de satisfaction véritable et solide,
que tous nos plaisirs ne sont que vanité,
que tous nos maux sont infinis
et qu’enfin la mort qui nous menace à chaque instant
doit infailliblement nous mettre dans peu d’années,
dans l’horrible nécessité d’être éternellement
ou anéantis, ou malheureux.
Il n’y a rien de plus réel que cela, ni de plus terrible. »

Pape François, Grandeur et misère de l’homme, Lettre apostolique, 2023.

SOURCES : 61. QU’EST-CE QUE L’HOMME ?

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

QU’EST- CE QUE L’HOMME ?

« Qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui,
le fils de l’homme pour que tu prennes soin de lui ? (Ps 8,6)

Cette question est gravée dans le cœur de tout humain.
Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? se demande Pascal.
Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant.

Pour Pascal, Jésus-Christ et l’Écriture sainte constituent la clé.
Non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ,
Mais nous ne nous connaissons nous-mêmes que par Jésus-Christ.

Hors de Jésus-Christ, nous ne savons ce que c’est
ni que notre vie, ni que notre mort, ni que Dieu, ni que nous-mêmes.
Ainsi sans l’Écriture, qui n’a que Jésus-Christ pour objet,
Nous ne connaissons rien et ne voyons qu’obscurité. »
(Pascal, Pensées)

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BLAISE PASCAL (1623-1662) mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien. En 1654, après avoir failli mourir dans un accident de voiture et avoir vécu une expérience mystique, Pascal décide de se consacrer à Dieu et à la religion. En 1665, il se retire à l’abbaye de Port-Royal des Champs, centre du jansénisme.

 

SEMAINE SAINTE : Triduum pascal

Le Triduum pascal

A partir du 2e s., la célébration de la Pâque du Christ est limitée à la seule vigile pascale où les chrétiens se rassemblent pour commémorer l’ensemble des événements de la passion et de la résurrection du Seigneur. Cette nuit-là, les baptêmes rappellent la puissance de la mort-résurrection du Christ capable de faire naître l’homme nouveau. Puis, en ce jour du Seigneur, l’eucharistie fait mémoire de sa mort et de sa résurrection, dans l’attente de son retour.

Le vendredi et le samedi précédant la vigile sont des jours de jeûne et de préparatifs jusqu’au IVe s. où la célébration de la Passion passe au vendredi. Cet office avec lectures et communion au corps du Christ pour s’associer à ses souffrances, ne comporte pas la messe qui, alors, est réservée aux seuls dimanches.

Au IVe ou Ve s., les préparatifs s’étendent au jeudi où on réconcilie les pénitents afin qu’ils puissent réintégrer la communauté pour les fêtes, et on consacre les saintes huiles nécessaires aux baptêmes de la vigile. Cette première étape dans la formation du triduum pascal est entièrement consacrée à la préparation de la vigile pascale. Cet aspect s’estompe peu à peu suite à la raréfaction des baptêmes de la vigile.

C’est alors, courant IVe s., que la liturgie romaine subit, via les pèlerins de retour, l’influence de l’Église de Jérusalem qui s’attachait aux événements de la passion de Jésus et les restituait dans leur cadre. On va enrichir la liturgie des célébrations pascales de rites qui sont « des mimes historiques : procession des rameaux reproduisant l’entrée du Christ à Jérusalem, lavement des pieds et messe du soir le jeudi pour refaire la Cène, adoration des reliques de la vraie croix découvertes à cette époque, mime de la résurrection du Seigneur mis en scène par l’apparition soudaine du cierge pascal allumé dans les ténèbres de l’église. » (Missel de l’Assemblée chrétienne, Bruges, 1964, p. 526-527)

Une troisième étape dans la formation de la liturgie pascale s’étend du Ve au Xe s. Elle s’attache aux éléments matériels transformés en symboles liturgiques qui se substituent aux rites sacramentels. Bénédiction de l’eau baptismale alors que les baptêmes se font rares ; bénédiction du cierge pascal et de la lumière alors que, depuis le VIII e s., la célébration de la vigile se fait en plein jour, le samedi ; bénédiction des buis, des saintes huiles.

La quatrième étape est la réforme de Pie XII. En 1951, il rétablit la vigile pascale rendue à son heure normale qui est la nuit ; en 1955, la célébration de toute la semaine sainte est remaniée dans le cadre de la Réforme liturgique qui trouve son achèvement avec le Concile Vatican II et sa traduction dans le nouveau missel romain et les normes de l’année liturgique promulgués par Paul VI en 1969.  « Le triduum pascal de la Passion et de la Résurrection du Seigneur brille comme le sommet de l’année liturgique. » (Paul VI, Normes universelles de l’année liturgique, 1969, §18)

Abbé Marcel Villers