SEMAINE SAINTE : Triduum pascal

Le Triduum pascal

A partir du 2e s., la célébration de la Pâque du Christ est limitée à la seule vigile pascale où les chrétiens se rassemblent pour commémorer l’ensemble des événements de la passion et de la résurrection du Seigneur. Cette nuit-là, les baptêmes rappellent la puissance de la mort-résurrection du Christ capable de faire naître l’homme nouveau. Puis, en ce jour du Seigneur, l’eucharistie fait mémoire de sa mort et de sa résurrection, dans l’attente de son retour.

Le vendredi et le samedi précédant la vigile sont des jours de jeûne et de préparatifs jusqu’au IVe s. où la célébration de la Passion passe au vendredi. Cet office avec lectures et communion au corps du Christ pour s’associer à ses souffrances, ne comporte pas la messe qui, alors, est réservée aux seuls dimanches.

Au IVe ou Ve s., les préparatifs s’étendent au jeudi où on réconcilie les pénitents afin qu’ils puissent réintégrer la communauté pour les fêtes, et on consacre les saintes huiles nécessaires aux baptêmes de la vigile. Cette première étape dans la formation du triduum pascal est entièrement consacrée à la préparation de la vigile pascale. Cet aspect s’estompe peu à peu suite à la raréfaction des baptêmes de la vigile.

C’est alors, courant IVe s., que la liturgie romaine subit, via les pèlerins de retour, l’influence de l’Église de Jérusalem qui s’attachait aux événements de la passion de Jésus et les restituait dans leur cadre. On va enrichir la liturgie des célébrations pascales de rites qui sont « des mimes historiques : procession des rameaux reproduisant l’entrée du Christ à Jérusalem, lavement des pieds et messe du soir le jeudi pour refaire la Cène, adoration des reliques de la vraie croix découvertes à cette époque, mime de la résurrection du Seigneur mis en scène par l’apparition soudaine du cierge pascal allumé dans les ténèbres de l’église. » (Missel de l’Assemblée chrétienne, Bruges, 1964, p. 526-527)

Une troisième étape dans la formation de la liturgie pascale s’étend du Ve au Xe s. Elle s’attache aux éléments matériels transformés en symboles liturgiques qui se substituent aux rites sacramentels. Bénédiction de l’eau baptismale alors que les baptêmes se font rares ; bénédiction du cierge pascal et de la lumière alors que, depuis le VIII e s., la célébration de la vigile se fait en plein jour, le samedi ; bénédiction des buis, des saintes huiles.

La quatrième étape est la réforme de Pie XII. En 1951, il rétablit la vigile pascale rendue à son heure normale qui est la nuit ; en 1955, la célébration de toute la semaine sainte est remaniée dans le cadre de la Réforme liturgique qui trouve son achèvement avec le Concile Vatican II et sa traduction dans le nouveau missel romain et les normes de l’année liturgique promulgués par Paul VI en 1969.  « Le triduum pascal de la Passion et de la Résurrection du Seigneur brille comme le sommet de l’année liturgique. » (Paul VI, Normes universelles de l’année liturgique, 1969, §18)

Abbé Marcel Villers

ART ET FOI. Saint Corneille le 16 septembre.

CORNEILLE (IIIe s.)

Pape de 251 à 253. Martyr. La tradition unit Corneille et Cyprien dans une même fête, le 16 septembre.
Le saint est représenté en habits épiscopaux ou pontificaux et avec les insignes propres au pape comme la tiare et la croix à trois branches. Par assonance avec son nom, l’attribut principal du saint est une corne, soit de chasse, soit de bovin, animal avec lequel il est souvent représenté.

Saint Corneille est invoqué par les agriculteurs et éleveurs, contre les convulsions que ce soient des bovins et bêtes à cornes, mais aussi, selon les régions, d’autres animaux de ferme. Il est aussi prié au profit des humains contre des formes de convulsions comme le « mal caduc » (ergotisme convulsif) ou « le haut mal » (épilepsie) qui seront désignés sous le nom de « mal de saint Corneille ».

Corneille, descendant probable de la gens Cornelia, fut élu pape en 251, après une vacance de quinze mois due à l’hostilité de l’empereur Dèce (248-251) qui ne supportait pas un évêque à Rome. Après la persécution de 250, la question importante fut de savoir comment traiter les apostats. Cyprien, évêque de Carthage, mit son influence au service de Corneille qui, comme lui, accordait le pardon aux coupables repentants, refusant au nom de l’accueil universel, une Église de purs. De ce fait, Corneille et Cyprien se lièrent d’une étroite amitié.
Fin 252, une terrible peste s’abattit sur l’empire et les païens en accusèrent les chrétiens. L’empereur Gallus (251-253) rouvrit les persécutions et le pape Corneille fut le premier arrêté, ce qui provoqua la manifestation de nombreux chrétiens. Du coup, on se contenta de l’exiler à Civitavecchia où il mourut l’année suivante (253). Mort en exil, il fut considéré comme martyr.

La dévotion à Saint-Corneille se répandit dans nos régions depuis l’antique abbaye de Kornelimünster (en français : monastère de Corneille). Fondée vers 814 par les Carolingiens dans les environs d’Aix-la-Chapelle, cette abbaye développa, à partir du XIIe s., pèlerinage et vénération des reliques de saint Corneille dont elle possédait le crâne depuis le IXe s. On connaît les relations et échanges de reliques entre Kornelimünster et Stavelot, comme entre Stavelot et Theux qui pourrait avoir reçu, dans ce cadre, une relique de saint Corneille.

Des reliques sont vénérées à Theux après la messe lors d’un triduum annuel, dont on trouve mention fin XIXe s. (1894 avec le curé Corneille Petit) jusqu’au premier tiers du XXe s. où la fête de saint Lambert (17/09) semble réduire celle de saint Corneille, la veille, à une messe en mémoire du curé Corneille Petit.

Abbé Marcel Villers
Illustration : panneau du plafond de la nef de l’église de Theux (1630)