SOURCES : 45. LE PROCHAIN

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

45. Qui est mon prochain ?

« Le prochain de l’homme est tout homme, quel qu’il soit et non pas tel ou tel homme.
Car le méchant et le bon, l’ennemi et l’ami sont également hommes.

Celui qui s’exerce à l’humanité doit donc imiter Dieu
en faisant du bien aux justes et aux injustes
comme Dieu lui-même dans le monde présent
donne à tous son soleil et ses pluies.

Si tu veux faire du bien aux bons et pas aux méchants,
ou même punir ceux-ci,
tu entreprends de faire œuvre de juge,
mais tu ne t’appliques pas à acquérir les caractères de l’humanité.

La compassion consiste précisément
à donner à manger à celui qui a faim,
à boire à celui qui a soif,
à vêtir celui qui est nu,
à visiter celui qui est malade,
à accueillir l’étranger,
à pénétrer auprès de celui qui est en prison pour le secourir,
en un mot à avoir pitié de celui qui est dans le malheur. »
(Homélies Pseudo-Clémentines)

___________________________________________________________

La littérature Pseudo Clémentine raconte les aventures de l’apôtre Pierre dans ses voyages missionnaires au cours desquels il rencontre et convertit Clément, l’auteur prétendu du récit. Ces œuvres conservent le souvenir d’un très ancien judéo christianisme. La rédaction que nous connaissons date du début du IVe s., les traditions mises en œuvre remontent sans doute au IIe siècle.

Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 10, 25-37 du 15e dimanche ordinaire.

35. Qui est mon prochain ?

Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25).

Un samaritain arriva près du blessé. Non seulement il n’a pas pris l’autre côté de la route, mais dès qu’il vit l’homme, « il fut saisi de compassion » (10, 33). Et cela pour quelqu’un qu’il ne connaît pas. Alors aussitôt, sans un mot, il agit : « il s’approcha, et pansa ses blessures en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge. » (10, 34) Aimer, c’est agir efficacement, passer aux actes.

« Lequel des trois a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » (10, 36) Jésus retourne le problème : « Tu n’as pas à te demander qui est ton prochain, mais cet homme, abandonné, blessé, lui, qui estime-t-il être son prochain ? » Autrui devient mon prochain quand je me fais proche de lui. « Va, et toi aussi, fais de même. » (10, 25

Les Samaritains

« Les Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains » (Jn 4, 9) affirme l’évangile de Jean. Cette animosité provient sans doute du schisme créé sous Esdras par la construction d’un temple sur le mont Garizim, rival de celui de Jérusalem (Jn 4, 20). Dans la mentalité populaire, le schisme religieux ne pouvait que déteindre sur l’ensemble des habitants de la région. Ceux-ci, d’ailleurs, étaient considérés non comme une tribu proprement dite, mais comme un ramassis de gens envoyés par les Assyriens pour repeupler la Samarie après la chute de sa capitale (721 avant J.C.) et la déportation de sa population (2 R 17, 24-41). On les tenait rigoureusement à l’écart. Le nom même de « Samaritain » est une injure (Jn 8, 48), si bien que parler d’un « bon » Samaritain est une contradiction dans les termes. Jésus frappait ses auditeurs en citant certains Samaritains en exemple. Quelques centaines de Samaritains subsistent actuellement en Israël (Naplouse, Holon). » (André CHOURAQUI, Dictionnaire de la Bible et des religions du livre, 1985)

Abbé Marcel Villers