Y a-t-il quelque chose après la mort ?
Cette question, nous nous la posons tous, et de manière aigüe, lorsque nous voyons un de nos proches mourir et donc quitter cette terre. Après la mort, qu’y a-t-il ? La mort est-elle la fin de tout, la chute dans le néant ? Ou bien débouche-t-elle sur un autre monde, une autre vie ? A cette question essentielle et qui fait notre différence, notre humanité, les réponses sont multiples. On peut les ramener à cinq réponses principales.
Pour les uns, à la mort, nous ne disparaissons pas entièrement. Si notre corps va à la corruption définitive, notre âme est immortelle. Une partie de nous-même n’est donc pas touchée par la mort. L’être humain survit, mais à moitié en quelque sorte. La mort n’atteint que le corps, pas l’âme.
Cette vision des choses vient du monde grec ancien et n’exige pas la foi en Dieu. Elle consiste à penser l’être humain comme un composé d’un corps et d’une âme.
Pour d’autres, à la mort, nous changeons de corps et d’existence. Une deuxième vie nous est donnée, mais sur terre. C’est la réincarnation, processus se renouvelant un nombre de fois indéterminé. Nous aurions ainsi de nombreuses vies successives, mais sous des formes diverses : homme, femme, animal, végétal, etc.
Cette conception vient de l’hindouisme et du bouddhisme. Pas besoin d’un Dieu, la réincarnation étant programmée par notre nature.
Une troisième option, simple et nette, consiste à affirmer que la mort est la chute dans le vide, le néant. Bref, après la mort, il n’y a rien. Si l’homme survit, c’est uniquement en ses enfants et dans le souvenir.
Cette position est celle des matérialistes de toujours qui ne croient pas en Dieu, mais c’est aussi la position des hommes de la Bible jusqu’au 6e siècle avant Jésus-Christ. Ils croyaient en Dieu, mais pour cette seule vie terrestre. Ainsi les Sadducéens qui, dans l’évangile que nous venons de lire, questionnent Jésus. Pour eux, c’est sur terre que Dieu récompense les justes et punit les pécheurs. Il y a beaucoup de Sadducéens parmi les chrétiens d’aujourd’hui puisqu’on sait que plus de 50% de ceux qui s’affirment chrétiens ne croient à aucune forme de vie après la mort.
La quatrième position est celle des Pharisiens de l’Évangile pour qui Dieu a préparé pour ses élus une terre nouvelle, un paradis éternel. Dans ce jardin, les hommes seront époux et pères comblés, les femmes toujours jeunes. Tous les rêves d’ici-bas seront réalisés.
Ils croient donc à une résurrection matérielle des morts. Nous ressusciterons tels que nous sommes, avec notre corps en l’état, pour un bonheur sans nuages et nous retrouverons les nôtres. C’est d’eux que se moquent les Sadducéens de l’évangile avec leur histoire farfelue de la femme aux sept maris.
Cette conception matérielle et quelque peu infantile de la vie après la mort n’a pas disparu. De nombreux chrétiens se représentent ainsi l’au-delà. De même, une lecture littérale du Coran dans la tradition musulmane.
Et Jésus dans tout cela. Quelle est sa position, sa croyance ? C’est la cinquième. Pour Jésus, il est impossible, par définition, de se faire la moindre idée du monde à venir à partir des réalités que nous connaissons ici-bas. La résurrection n’est pas un phénomène automatique, mais l’œuvre de Dieu seul. Ressusciter, c’est participer à la vie même de Dieu, ce que nous ne pouvons obtenir par nos propres puissances.
Alors comment nous représenter ce qu’est la vie divine à partir de notre expérience humaine ? Ils seront semblables aux anges, dit Jésus, et ils ne peuvent plus mourir. Les morts ressuscitent donc pour une autre vie que celle que nous connaissons, une vie qui fera de nous des fils de Dieu.
Pour Jésus, Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Il est le Dieu de l’alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Jamais, il n’abandonnera ses amis et il les relèvera de la mort pour les inonder de sa lumière. Nous serons semblables aux anges, vivant d’une vie qui ne peut plus mourir.
Telle est notre foi. Tout le reste est vaine curiosité.
Abbé Marcel Villers
Homélie du 32e dimanche C
Desnié 9/11/2019
Illustration : Maurice Denis, La procession des béatitudes, 1915