Clés pour lire l’évangile de Jean : 11. Des noces

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons cette année fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Il n’y a pas d’année liturgique centrée sur Jean, comme c’est le cas pour Matthieu, Marc et Luc. Nous ferons donc une lecture continue de Jean en tâchant de faire des liens avec l’année liturgique. Aujourd’hui : Jn 2, 1-11.       

11. Des noces à Cana

Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui. (Jn 2,11)

A Cana, l’Évangile s’ouvre : il est Bonne nouvelle pour tous, pour l’univers entier à qui les disciples le porteront. Puisez et portez-en à tous les peuples, nous commande Jésus. Alors ils goûteront l’eau changée en vin. Et ils s’étonneront : d’où vient ce vin ? Jésus est le bon vin que Dieu a gardé jusqu’à maintenant. Comme aucun vin connu, avec luxe et largesse, il comble le désir de joie et de vivre de tout homme.

Cana est, en quelque sorte, le paradigme de toute la vie et de la mission de Jésus. Avec Jésus est venue l’Heure où Dieu se donne sans mesure à tous les hommes comme le vin est dispensé luxueusement à Cana. Avec Jésus, l’espérance triomphe de la tristesse, la vie jaillit de la mort, la défaite se transforme en victoire, l’eau est changée en vin. C’est tout le mystère pascal qui est annoncé à Cana.

Le commencement des signes (Jn 2,11)

On considère l’évangile de Jean comme le livre des signes. « Ces signes sont au nombre de six : le changement de l’eau en vin aux noces de Cana (chapitre 2), la guérison du fils de l’officier royal (chapitre 4), celle de l’infirme à la piscine de Bethesda (chapitre 5), la multiplication des pains (chapitre 6), la guérison de l’aveugle-né (chapitre 9), la résurrection de Lazare (chapitre 11). A cette série s’ajoute le signe par excellence annoncé tout de suite après le miracle de Cana : la destruction et le relèvement du Temple (chapitre 2), figure de la mort et de la résurrection du corps de Jésus. Comme la suite des sept jours avait rythmé le récit de la création (Gn 1), les sept signes évoqués rythment les récits de la révélation apportée par Jésus-Christ. » (François GENUYT, L’économie des signes, 1992)

 Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Marc : 35. Effata !

Clé pour lire l’évangile de Marc

Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Marc. Cette semaine : Mc 7, 31-37 du 23e dimanche du temps ordinaire.

35. Effata !

Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement.
(Mc 7,35)

Voilà une définition concrète de ce qu’est un disciple de Jésus : une oreille ouverte, à l’écoute et une langue déliée qui proclame la Bonne Nouvelle. Bref, un communiquant.

Les disciples ont besoin d’être guéris de ce double handicap, eux qui s’interrogent à propos de Jésus, ne comprennent pas ses actes et son enseignement. Il leur faut retrouver une oreille attentive à la parole du Christ et l’audace d’un parler franc et clair.

Et nous ? Les comprenons-nous mieux ? Agissons-nous en conséquence ? Nous avons, dans les temps qui sont les nôtres, à restaurer notre capacité d’écoute de la Parole de Dieu et à chercher des canaux nouveaux de communication, de transmission de l’Évangile.

Une citation composée

Les évangiles appuient leur interprétation de Jésus et de sa mission par des citations de l’Ancien Testament qui visent à manifester la continuité du projet de Dieu dont Jésus accomplit les promesses et donne les signes.

« Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. » (7,37) Cette parole prononcée par la foule païenne, témoin de la guérison du sourd-bègue, renvoie à deux passages de l’Ancien Testament combinés en une seule phrase.

– « Il a bien fait toutes choses » évoque un passage de la Genèse : « Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites ; et voici, elles étaient très bonnes. » (Gn 1,31 selon la version grecque des LXX) Jésus restaure l’homme dans l’intégrité voulue par Dieu dès l’origine.

– « Voici votre Dieu… Il vient lui-même vous sauver. Alors les yeux des aveugles verront. Et les oreilles des sourds s’ouvriront. Alors le boiteux bondira comme un cerf. Et la bouche du muet criera de joie. » (Is 35,4-6) Jésus accomplit les promesses de délivrance de toutes les infirmités, signes donnés pour reconnaître le Messie à son action.

Abbé Marcel Villers