SOURCES : 33. L’Esprit et l’Église

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

33. L’ESPRIT ET L’ÉGLISE

« L’Esprit, ce don de Dieu a été confié à l’Église, comme le souffle à la créature, pour que tous les membres qui le reçoivent soient vivifiés ; et en lui se trouve la communication au Christ, c’est-à-dire l’Esprit Saint, gage d’incorruptibilité, confirmation de notre foi et échelle de l’ascension vers Dieu.

Dans l’Église, Dieu a établi les apôtres, les prophètes, les docteurs et toutes les autres opérations de l’Esprit, à quoi ne participent pas tous ceux qui ne viennent pas à l’Église, mais se privent eux-mêmes de la vie par leur mauvaise doctrine et leurs œuvres perverses.

Où est l’Église, là est aussi l’Esprit de Dieu ; et où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute grâce : l’Esprit, c’est la vérité. C’est pourquoi ceux qui n’y participent pas ne trouvent pas au sein maternel une nourriture vivifiante et ne reçoivent rien de la source très pure qui procède du corps du Christ, mais se creusent à eux-mêmes des citernes crevassées dans les trous de la terre et boivent l’eau infecte du bourbier ; ils fuient la foi de l’Église, de crainte d’être dévoilés, et rejettent vraiment l’Esprit pour ne pas être instruits. » (Irénée de Lyon, Contra Haereses, III, 24)

 

IRÉNÉE DE LYON (130-208), originaire d’Asie Mineure, devenu prêtre, se rend en Gaule où les colonies marchandes orientales se multiplient dans la vallée du Rhône, véhiculant avec elles le christianisme. Ainsi se sont développées, au début du IIe siècle, les communautés de Lyon et de Vienne. La persécution de 177 décapite ces jeunes Églises. Irénée est élu évêque de Lyon et Vienne. Il évangélise bourgs et campagnes des pays de Saône. Contre la gnose, un mouvement spirituel élitiste et spéculatif, il développe une vigoureuse théologie qui met l’accent sur l’incarnation. 

Clés pour lire Jean : 26. Le chemin

Clés pour lire l’évangile de Jean

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean.
Alleluia ! Il est ressuscité ! Pour nous, il est le chemin, la vérité et la vie, comme il le révèle à Thomas :  Jn 14,1-12 du 5e dimanche de Pâques.

26. Je suis le chemin

Pour aller où je vais, vous connaissez le chemin.
(Jn 14,4)

A Thomas qui demande le chemin, Jésus répond : « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (14,6) Si nous voulons connaître le Père, nous devons passer par Jésus. Il est le chemin qui conduit au Père, à Dieu.

« Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » (14,8) Avec Philippe, c’est le désir de tout homme qui s’exprime : voir Dieu. Voilà qui comblerait l’inquiétude du cœur humain. Vient la réponse surprenante de Jésus : « Celui qui m’a vu a vu le Père. » (14,9)

Philippe peut être satisfait car il l’a vu, l’homme Jésus. Mais il n’a rien vu d’autre en Jésus que Jésus. C’est ce que lui reproche ce dernier : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! » (14,9)
Et Jésus ajoute : « Comment peux-tu dire : Montre-nous le Père ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! » (14,9-10)
On est passé du voir au connaître et enfin au croire. Telles sont les étapes du chemin.

EGO EIMI : JE SUIS
Dans la bouche de Jésus, cette formule utilisée par l’évangéliste Jean présente trois cas :
– « Je Suis » en absolu (en Jn 8,24.28.58 ; 13,19). L’expression se rattache à l’unicité de Dieu : « Je Suis Dieu et il n’y en a pas d’autre » (Esaïe 43,11). Cette expression s’appuie sur Ex 3,14 où Dieu dévoile le nom divin à Moïse.
– « Je » comme attribut (Jn 6,20 ; 18,6) ; on traduit alors par « c’est moi » comme s’il s’agissait d’une simple parole de reconnaissance ; dans ces cas, Jésus manifeste simplement qui il est.
– « Je suis » avec un prédicat : « pain de vie » (Jn 6), « lumière du monde » (8,12 ; 9,5), « la porte » (10,7.9), « le bon berger » (10, 11.14), « la résurrection et la vie » (11,25), « le chemin, la vérité et la vie » (14,6), « la vigne » (15,1.5). Même avec un prédicat, « je suis » n’élimine pas toute référence au « Je suis » divin. Ces prédicats évoquent les biens que l’homme recherche et que le Christ lui obtient. » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)

    Abbé Marcel Villers  

Clés pour lire l’évangile de Jean : 51. Vérité et liberté

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. La controverse de Jésus avec les Pharisiens se poursuit : Jn 8, 31-47.

51. Vérité et liberté

Si vous demeurez fidèles à ma parole, la vérité vous rendra libres. (8,31-32)

Face à cette prétention de Jésus, les Juifs revendiquent leur descendance d’Abraham qui fonde leur liberté : « nous n’avons jamais été esclaves de personne » (8,33). Ils sont les fils de Sarah, la femme libre. Mais Jésus vise une autre libération, celle du péché dont tout être humain est esclave. Se réclamer d’Abraham est inutile car la véritable libération vient du Fils dont la parole est vérité puisqu’elle a sa source en Dieu qui l’a envoyé.

« Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez » (8,42) Mais, « Vous êtes du diable, c’est lui votre père…il n’y a pas en lui de vérité, il est menteur et père du mensonge » (8,44). Jésus affirme, en raison de son lien avec le Père, dire la vérité et libérer de l’esclavage du péché. Mais, « vous ne m’écoutez pas parce que vous n’êtes pas de Dieu » (8,47).

Vérité dans l’évangile de Jean

« La vérité (alètheia en grec), c’est ce qui peut être exposé et vu par tous, ce qui n’est pas caché. Dans la Septante, alètheia traduit en général l’hébreu émét qui évoque ce qui est solide, valable, durable. Jésus est la vérité parce qu’il dévoile, fait connaître celui qu’on ne voit pas. Parce qu’il est la vérité, Jésus est le « dévoileur », le révélateur par excellence. Jésus dit la vérité parce qu’il est le témoin par excellence du Père (8,45). Il juge selon la vérité (8,16). En revanche, le diable est celui qui a toujours refusé la vérité et qui est père du mensonge (8,44). Le disciple est celui qui est de la vérité (19,27). Il accueille la parole de Jésus et la garde, il connaît ainsi Jésus et la révélation qu’il est ; cette vérité rend libre (8,22). » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Jean : 29. Le Défenseur

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Au terme de sa vie, Jésus annonce à ses disciples la venue de l’Esprit-Saint :  Jn 16,5-15.

29. Le Défenseur

Si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; si je pars, je vous l’enverrai. (Jn 16,7)

L’Esprit poursuit l’œuvre de Jésus, comme un défenseur de son œuvre chargé d’assurer son authenticité, mais aussi comme un interprète pour mieux la comprendre. Sans l’Esprit, les disciples sont incapables d’avoir une pleine intelligence de Jésus. Et pour que vienne l’Esprit, il faut que Jésus s’en aille. L’Esprit introduira alors les disciples à la vérité de Jésus et de son action.

« Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. » (16, 13) Jésus ne nous laisse pas devant un admirable monument à entretenir. Nous ne sommes pas les répétiteurs serviles de ses paroles. Nous avons à mettre à profit son absence pour qu’à son retour, ses paroles soient plus claires et plus larges. Nous ne sommes pas des imitateurs de Jésus, mais des interprètes qui exercent leur intelligence et leur imagination de façon que la Bonne Nouvelle soit toujours « nouvelle ». C’est là l’œuvre de l’Esprit qui dévoile aux disciples de tous les temps les ressources toujours neuves de l’Évangile.

Le Paraclet 

« Jean est le seul à utiliser le mot paraclet pour désigner l’Esprit. C’est la forme passive du verbe grec parakaleo : celui qui est appelé, qui vient au secours, qui est témoin de la défense dans un procès. Au sens actif, c’est l’intercesseur, le médiateur, le consolateur. Dans l’évangile de Jean, le Paraclet est le témoin de Jésus, l’interprète de son message devant ses ennemis, le consolateur des disciples, en lieu et place de Jésus, l’enseignant et le guide pour les disciples et donc leur aide. Le trait marquant de la présentation de Jean, c’est que le Paraclet apparaît comme un autre Jésus. L’Esprit joue auprès des disciples un rôle très proche de celui de Jésus. Comme l’Esprit, Jésus demeure dans les disciples, les guide vers la vérité, les enseigne, déclare les choses qui doivent venir. Comme Jésus, l’Esprit porte témoignage contre le monde. Si l’Esprit renvoie à Jésus, c’est par les chrétiens qu’il s’exprime. Il est cette présence intérieure qui les transforme : comme l’Esprit, les croyants rendront témoignage, ou plutôt c’est l’Esprit qui agira par eux et en eux. » (Alain MARCHADOUR, L’Évangile de Jean, 1992)

Abbé Marcel Villers