Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 16, 19-31 du 26e dimanche ordinaire.
47. L’abîme
Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent ! (Lc 16, 29)
« Quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus. » (16, 31) Les riches resteront les riches et les pauvres resteront pauvres. Rien ne peut combler l’abîme entre eux « établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous. » (16, 26) Cet abîme est celui qui sépare le ciel et l’enfer.
Le grand abîme qui séparait sur terre le riche et le pauvre est, dans l’au-delà, le même, mais inversé. Cette inversion révèle qu’un autre monde est possible, que Dieu a choisi son camp, celui du pauvre Lazare dont le nom signifie : « celui que Dieu secourt. » Reste à observer la Loi de Moïse : « Tu devras ouvrir ta main pour ton frère, pour ton pauvre et ton indigent. » (Dt 15, 7-11)
L’au-delà
« Le pauvre mourut et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. » (16, 22) « Au séjour des morts, le riche était en proie à la torture… souffre terriblement dans cette fournaise. » (16, 23-24) Deux situations sont opposées : le sein d’Abraham pour Lazare et la fournaise pour le riche.
« Les Juifs se représentaient le bonheur éternel comme un banquet auquel participent les patriarches. On y mangeait étendu sur un coussin, et la tête de chacun se trouvait près de la poitrine du voisin. Être dans le sein d’Abraham est donc une manière juive de dire être à côté de lui, à la place d’honneur dans le festin céleste. Le riche souffre de la soif, alors qu’il y a de l’eau là où se trouve Lazare. On songe au paradis merveilleusement irrigué par quatre fleuves (Gn 2, 9-14). » (ACEBAC, Les Évangiles, 1983)
Abbé Marcel Villers