Dans cette série hebdomadaire (parution le mercredi matin), nous voulons fournir, cette année, des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu. Comme la liturgie s’éloigne de la lecture de Matthieu jusqu’à la mi-juin, nous reprenons la lecture continue de l’évangile de Matthieu. Aujourd’hui : Mt 6, 25-34.
29. Pas de souci
Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin. (Mt 6,32)
A chaque jour suffit sa peine. Ne vous mettez pas en souci ! Ne vous inquiétez pas !Ces paroles de Jésus nous semble venir d’un autre monde, d’un autre âge. L’homme d’aujourd’hui, en effet, est un être de souci. Quel est celui qui ne se soucie de rien ? Que ce soit pour sa santé, son confort, son argent, son avenir, chacun est soucieux.
Et pourtant, qui d’entre nous, à force de soucis, peut ajouter un seul jour à sa vie ? Ce serait plutôt le contraire. A force de soucis, c’est à abréger notre vie que nous travaillons.
En fait, le souci est révélateur de ce qui constitue notre vision de l’existence. Autrement dit : de qui dépend notre vie ? D’un Dieu, Père et ami des hommes, ou de notre souci ?
Le contraire du souci n’est pas l’insouciance, mais la foi, la confiance. Le souci, c’est la dépendance, le stress, l’esclavage. Faire confiance à un autre que soi, voilà la liberté. Car « Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin » (Mt 6,32).
Une spiritualité de l’abandon
« Nous ne nous tenons jamais au temps présent », écrivait Pascal il y a déjà plus de trois siècles. Préoccupés que nous sommes par ce qui a été ou sera peut-être, nous finissons par être absents du temps qui est le nôtre. Mais alors, où sommes-nous en réalité ? Quelle est cette vie inquiète d’elle-même et rongée par le souci ? Il faut revenir au moment présent et s’y abandonner dans la confiance. A chaque jour suffit sa peine. « La grâce de l’abandon passe par l’oubli de soi, une forme de consentement à ne pas ruminer notre passé, fût-ce pour en déplorer les manques et pleurer sur nos péchés et sur nous-mêmes, à ne pas imaginer l’avenir, fût-ce pour rêver à un projet de sainteté, mais à nous abandonner à l’amour présent qui nous enveloppe et ne nous manquera pas, pour nous en remettre à lui. » (Marie-Thérèse ABGRALL)
Abbé Marcel Villers