Où est la bonne nouvelle de l’Église sur la famille ? Avant de tenter d’y répondre, il est nécessaire de bien analyser et prendre acte de la situation des familles aujourd’hui.
Quelques constats que tous nous pouvons faire autour de nous et, souvent, dans notre propre famille. Le nombre de mariages est en baisse, que ce soit à la commune ou à l’Église (entre 20 et 25% des mariages célébrés à la commune). En Belgique, autour de 50% des couples sont mariés. La vie en couple, hors mariage, est devenue soit une étape préalable à un mariage, soit une situation définitive. L’âge moyen du mariage est autour de 30 ans. La plupart des couples, qui demandent le mariage à l’église, vivent ensemble depuis 3-4 ans et souvent avec un enfant, qu’on baptisera à la même occasion. On sait que 56% des enfants sont nés hors mariage.
Un mariage sur deux finit par une rupture (en 1960, c’était 1 divorce pour 15 mariages). Selon les statistiques du SPF Economie, les communes ont enregistrés 40.000 mariages en 2014 et 24.000 divorces. Divorces les plus fréquents : 27% entre 10 et 20 ans de mariage.
Le nombre de familles, dites monoparentales, en est une des conséquences. Une famille sur quatre (465.000 familles) en 2015 (contre 1 sur 10 en 1990) ; un enfant sur 5, soit 20% (725.000) des enfants sont aujourd’hui élevés par un seul parent.
Enfin, la législation de notre pays autorise le mariage pour les couples homosexuels, avec toutes les conséquences en termes de filiation et d’adoption. On estime à environ 1000/an les mariages entre personnes de même sexe ; on parle de 3% des mariages à Bruxelles en 2015.
Qu’est-ce que la famille, comment aujourd’hui la définir ? Les sociologues distinguent 11 situations matrimoniales qui sont autant de formes de familles : mariage civil, mariage religieux, cohabitation légale, cohabitation de fait, union homosexuelle, séparés de fait, divorcés, divorcés remariés et famille recomposée, famille monoparentale, veuf/veuve, célibataire. Alors, qu’appelle-t-on famille ? La définition du Larousse est instructive ; elle commence par « ensemble formé par le père, la mère (ou par l’un des deux) et les enfants » pour s’étendre sur une bonne trentaine de lignes, et définissant au passage les notions de familles recomposée, étendue, indivise ou jointe. Celle de Wikipédia est encore plus large puisqu’elle parle d’une « communauté de personnes réunies par des liens de parenté ».
Avec la famille, nous sommes bien au cœur de la mutation culturelle que connaît notre société et qui interroge radicalement la conception que l’Évangile et l’Église se font de l’homme et de la vie. « Ces changements, déclare le pape François, nous affectent tous. Jusqu’à récemment, nous avons vécu dans un contexte social où les similitudes entre l’institution civile du mariage et le sacrement chrétien étaient considérables et partagées. Les deux étaient en corrélation et se soutenaient mutuellement. Ce n’est plus le cas… Le monde, de nos jours, demande une conversion de notre part. » [1]
Abbé Marcel Villers
[1] Pape François, Discours aux évêques participant à la rencontre mondiale des familles, Philadelphie, 27 septembre 2015.