La réalité et les défis de la famille
Cinq traits caractérisent la famille d’aujourd’hui, au moins en Occident.
- La « culture du provisoire ». Je fais référence, par exemple, à la rapidité avec laquelle les personnes passent d’une relation affective à une autre. Elles croient que l’amour, comme dans les réseaux sociaux, peut se connecter et se déconnecter au gré du consommateur… Ce qui arrive avec les objets et l’environnement se transfère sur les relations affectives : tout est jetable, chacun utilise et jette, paie et détruit, exploite et presse, tant que cela sert. Ensuite adieu ! (AL, 39)
- Le narcissisme rend les personnes incapables de regarder au-delà d’elles-mêmes, de leurs désirs et de leurs besoins (AL, 39).
- Les couples sont parfois incertains, hésitants et peinent à trouver les moyens de mûrir. Beaucoup sont ceux qui tendent à rester aux stades primaires de la vie émotionnelle et sexuelle. La crise du couple déstabilise la famille et peut provoquer, à travers les séparations et les divorces, de sérieuses conséquences sur les adultes, sur les enfants et sur la société, en affaiblissant l’individu et les liens sociaux (AL, 41).
- Un autre défi apparaît sous diverses formes d’une idéologie, généralement appelée « gender », qui nie la différence et la réciprocité naturelle entre un homme et une femme. Elle laisse envisager une société sans différence de sexe et sape la base anthropologique de la famille. Cette idéologie induit des projets éducatifs et des orientations législatives qui encouragent une identité personnelle et une intimité affective radicalement coupées de la diversité biologique entre masculin et féminin… Il ne faut pas ignorer que le sexe biologique (sex) et le rôle socioculturel du sexe (gender), peuvent être distingués, mais non séparé (AL, 56).
- La révolution biotechnologique dans le domaine de la procréation humaine a introduit la possibilité de manipuler l’acte d’engendrer, en le rendant indépendant de la relation sexuelle entre un homme et une femme. De la sorte, la vie humaine et la parentalité sont devenues des réalités qu’il est possible de faire ou de défaire, principalement sujettes aux désirs des individus ou des couples, qui ne sont pas nécessairement hétérosexuels ou mariés. Une chose est de comprendre la fragilité humaine, autre chose est d’accepter des idéologies qui prétendent diviser les deux aspects inséparables de la réalité (AL, 56).
Ces 5 traits constituent autant de défis pour la vision et la pratique chrétiennes de la famille.
Abbé Marcel Villers