Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. La condamnation à mort de Jésus : Jn 11, 46-57.
53. Le complot
Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple. (11,50)
Le danger est réel ; si Jésus rallie de nombreux disciples, les Romains pourraient intervenir en cas d’agitation messianique, « ils viendront détruire notre Lieu saint et notre nation » (11,48). Caïphe propose d’éliminer Jésus « pour que l’ensemble de la nation ne périsse pas » (11,50).
Pour l’évangéliste, « ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même » (11,51). Caïphe émet sans le vouloir une prophétie, capacité reconnue au grand-prêtre de rendre des oracles au nom de Dieu. En fait, Caïphe vient de donner le sens profond de la mort de Jésus : « pas seulement pour la nation, mais afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (11,52). La mort de Jésus a une portée universelle.
Caïphe, le grand prêtre
« Joseph, avec le surnom Caïphe, doit avoir été d’une habileté diplomatique consommée. Il a réussi à se maintenir au pouvoir dix-neuf ans, de 18 à 37 de notre ère, record que personne n’atteignit dans tout le siècle. Les gouverneurs romains changeaient volontiers ces dignitaires, car à l’occasion d’une nouvelle instauration, ils obtenaient quelque gratification du candidat heureux. Valerius Gratus, qui fut gouverneur de la Judée de 15 à 26, et par qui Caïphe obtint cette charge et cette dignité, doit avoir été accessible à la corruption, en effet, il n’a pas laissé plus d’un an en fonction les trois prédécesseurs de Caïphe. Caïphe put se maintenir aussi pendant toute la durée du gouvernement de Ponce Pilate (26-36) à qui les contemporains reprochent sa corruptibilité. Ce n’est que la chute de ce Romain qui fit tomber aussi son favori : peu de temps après que Pilate eut été déposé par le légat de Syrie Vitellius, Caïphe dut se retirer. Caïphe fut donc en exercice pendant le ministère de Jésus. » (Josef BLINZER, Le procès de Jésus, 1962)
Abbé Marcel Villers