Fêtes et temps liturgiques : La fête de Noël

  La fête de la Nativité ou Noël

La fête de la Nativité est célébrée pour la première fois à Rome vers 330. Elle semble s’être localisée primitivement sur la colline du Vatican, là où « le peuple romain venait rendre hommage aux divinités d’Orient » (A.G. Martimort, L’Église en prière, Tournai, 1961, p. 728). Il s’agit pour l’Église de combattre les fêtes païennes du solstice d’hiver, organisées à Rome le 25 décembre et célébrant la renaissance du Soleil (Sol Oriens) et sa divinité. D’où le choix de cette date substituant et unissant la naissance historique du Christ à Bethléem (Natale Christi) à la naissance cosmique du Soleil invaincu (Natalis Invicti). « La plus ancienne mosaïque, au cimetière du Vatican, représente le Christ-Hélios (soleil) sur son char triomphal » (A.G. Martimort, L’Église en prière, Tournai, 1961, p. 728). La première signification de Noël (déformation de natalis) est d’affirmer que l’homme n’est plus lié à la nature et ses cycles, mais libéré par le Christ vainqueur qui est la vraie lumière (oraison et première lecture : Isaïe 9,1-6 de la messe de minuit). Noël est d’abord une fête de la lumière et de l’historicité de notre foi par rapport au primat de la nature.

Les querelles christologiques vont provoquer en réaction la portée dogmatique de la célébration de Noël. A la fin du 4e s., l’arianisme, venu d’Orient, ne voit dans le Christ que son humanité. « Noël a servi de réplique et l’on adopta pour l’unique messe célébrée à l’époque, celle du jour, les lectures de Jean I et Hébreux I » qui insistent sur la divinité de Jésus. Célébrer Noël, c’est proclamer la transcendance divine du Christ : « le Verbe était Dieu » (Jn 1,1). En 440, à Rome, apparaît le manichéisme qui professe un mépris du corps qu’il faut détruire. Noël permet de réfuter cette doctrine : le Verbe de Dieu s’incarne dans la nature humaine (oraison de St Léon à la messe du jour). L’incarnation confirme la grandeur de la condition et des valeurs humaines assumées par le Fils de Dieu.

Vers le milieu du 5e s., se manifeste le monophysisme qui affirme que la nature humaine du Christ a été absorbée par sa nature divine. En réaction, le pape St Léon (440-461) insère dans la célébration le thème de l’échange (commercium) : « le Christ nous livre sa divinité, mais reçoit notre humanité » (oraison sur les offrandes, messe de minuit).

Ces deux premières étapes constituent la période la plus enrichissante de la liturgie de Noël. On va ensuite, dans la seconde moitié du 5e s., concéder à la dévotion populaire. Suite à la communauté chrétienne de Jérusalem qui allait célébrer à Bethléem, dans la nuit, la Nativité, c’est « aux pèlerins revenus d’Orient, qu’on doit la messe de minuit avec l’évangile du récit de la naissance de Jésus (Lc 2). La messe de l’aurore, primitivement réservée à la colonie grecque de Rome qui célébrait sainte Anastasie le 25 décembre, devint progressivement, au cours du 6e s., une messe de Noël et la seconde partie du récit de la nativité lui fut attribuée » (Missel de l’Assemblée chrétienne, Bruges, 1964, p. 153).

 

Ainsi, trois étapes essentielles ont contribué à l’établissement et au sens de la fête de Noël.
– Contre le paganisme et sa soumission aux lois de la nature divinisée, au 4e s., Noël affirme l’historicité de Jésus et célèbre sa naissance, située dans le temps et l’espace. La fête de Noël substitue et unit la naissance historique du Christ à Bethléem (Natale Christi) à la naissance cosmique du Soleil invaincu (Natalis Invicti) dont on célébrait, le 25 décembre, lors du solstice d’hiver, le triomphe sur les ténèbres.
– Les querelles christologiques, des 4e et 5e s., vont contribuer à faire de la fête de Noël une proclamation de la juste foi en Christ, vrai Dieu et vrai homme. Face à l’arianisme, on va affirmer la divinité de Jésus : « le Verbe était Dieu » (Jn 1,1 ; messe du jour). Face au manichéisme, qui méprise le corps, on professe l’incarnation : « le Verbe s’est fait chair ». Enfin, au monophysisme, qui ne voit en Jésus qu’un être divin, le Pape St Léon (440-461) oppose, dans la célébration de la nuit, le thème de l’échange (commercium) : « le Christ nous livre sa divinité, mais reçoit notre humanité ».
– Enfin, dans la seconde moitié du 5e s., on va concéder à la dévotion populaire. Suite à la communauté chrétienne de Jérusalem qui célèbre à Bethléem la nuit de la Nativité, c’est « aux pèlerins revenus d’Orient, qu’on doit la messe de minuit avec l’évangile du récit de la naissance de Jésus (Lc 2). La messe de l’aurore, primitivement réservée à la colonie grecque de Rome qui célébrait sainte Anastasie, le 25 décembre, devint progressivement, au cours du 6e s., une messe de Noël et la seconde partie du récit de la nativité lui fut attribuée ».

Abbé Marcel Villers

Illustration : Retable de l’autel de la chapelle Wolff (Nicolas Hanson, 1655), dans l’église de Theux.

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