Conclusions en quatre consignes,
plus une
1. Afin d’éviter toute interprétation déviante, je rappelle que d’aucune manière l’Église ne doit renoncer à proposer l’idéal complet du mariage, le projet de Dieu dans toute sa grandeur. Les jeunes baptisés doivent être encouragés à ne pas hésiter devant la richesse que le sacrement du mariage procure à leurs projets d’amour.
2. Comprendre les situations exceptionnelles n’implique jamais d’occulter la lumière de l’idéal dans son intégralité ni de proposer moins que ce que Jésus offre à l’être humain.
3. Aujourd’hui, plus important qu’une pastorale des échecs est l’effort pastoral pour consolider les mariages et prévenir ainsi les ruptures (AL, 307).
4. Nous nous comportons fréquemment comme des contrôleurs de la grâce et non comme des facilitateurs. Mais l’Église n’est pas une douane, elle est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile (AL, 310). Jésus lui-même se présente comme le Pasteur de cent brebis, non pas de 99. Il les veut toutes (AL, 309).
En faisant appel à un discernement approprié aux diverses situations, le pape François va plus loin qu’en imposant une révolution doctrinale et sacramentelle, car il remet la doctrine et le sacrement à leur juste place : la doctrine n’est pas un étalon de valeur, mais un appel ; le sacrement n’est pas une récompense, mais un signe.
Ainsi, sans remettre en question l’indissolubilité du mariage chrétien, il rappelle qu’il s’agit d’un signe de l’amour de Dieu, un signe précieux et imparfait : « Il ne faut pas faire peser sur deux personnes la terrible charge d’avoir à reproduire de manière parfaite l’union qui existe entre le Christ et son Église » (§ 122). Une mise en garde contre une Église intransigeante qui se retranche derrière l’invocation de ses principes comme des mesures discriminantes.
Ce n’est pas parce qu’un amour est imparfait qu’il est faux. Ce n’est pas parce qu’un amour a échoué qu’il n’a pas existé. La grâce de Dieu est à l’œuvre dans les situations les plus imprévisibles et les plus imparfaites de l’existence. Seul un regard de foi permet de les affronter sans enfermer les personnes dans des destins de paria ou d’exclu qui les empêchent de se transformer. Fidèle à son style pastoral, le pape invite à « incarner » l’Évangile et à diffuser la « joie de l’amour » à tous ceux qui pourraient s’éloigner de l’Église du fait de leur situation dite « irrégulière » : « Personne ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n’est pas la logique de l’Évangile !» (§ 297).
Abbé Marcel Villers