Clés pour lire Luc : 24. A l’auberge, la reconnaissance

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, nous poursuivons les récits de Pâques : Lc 24, 13-35.

RESTE AVEC NOUS

Ils racontèrent ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux
à la fraction du pain. (Lc 24, 35)

Deux moments ponctuent le récit de Luc et correspondent aux deux pratiques des chrétiens pour reconnaître Jésus vivant et présent : l’interprétation des Écritures et la fraction du pain.

Relire l’Écriture à partir de Jésus, c’est le rôle que joue l’inconnu sur la route d’Emmaüs : « partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. » (24, 27) Jésus et le sens de son destin nous restent inconnus tant que nous ne les situons pas dans le mouvement que dessine l’Écriture.

La « fraction » est l’autre pratique révélatrice : rompre le pain, le briser comme un corps, une vie, peuvent être brisés par la mort. Le geste est clair lorsque Jésus, la veille de sa mort, rompt le pain en disant : « Ceci est mon corps livré pour vous. » Le don de soi donne sens à la vie et à la personne de Jésus, et donc accès au mystère de Dieu. Dieu est amour.

« Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ! » (24,26) Croire à la résurrection de Jésus, c’est entrer dans l’intelligence de sa mort, c’est la comprendre comme la manifestation de l’amour qui constitue l’être de Dieu.

La fraction du pain
Le geste désigne le rite de rompre la galette de pain qui ouvre le repas. « Le père de famille se relève de sa position étendue, prend, tout en étant assis, un gâteau de pain azyme et prononce sur lui (au nom de tous) la formule de louange : “Sois béni, Éternel notre Dieu, Roi de l’univers, toi qui fais sortir le pain de la terre”. Les commensaux s’approprient la louange par “Amen”. C’est seulement après que l’Amen a été prononcé que le père de famille détache pour chaque convive un morceau de gâteau ayant la taille d’une olive. Le morceau doit passer de main en main jusqu’au convive le plus éloigné. Finalement il rompt pour lui-même et donne par là le signal aux convives de manger également » (J. JEREMIAS, La dernière Cène, les paroles de Jésus, 1972) Rompre et partager le pain unissaient les convives entre eux, et Dieu, donateur, était considéré présent. Luc emploie, ici et dans les Actes, l’expression « la fraction du pain » ou « rompre le pain » de manière absolue, désignant ainsi le rite liturgique qui est au cœur du repas eucharistique.

Abbé Marcel Villers

Laissez-nous un commentaire !

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.