ART ET FOI : SAINTE JEANNE

ART ET FOI. PLAFOND DE L’ÉGLISE DE THEUX.

Nous vous proposons la découverte des panneaux, datant de 1630, ornant le plafond de la nef de l’église de Theux. 66 médaillons figurent un(e) saint(e), dont plusieurs de Marie, des scènes de la Passion du Christ, de sa gloire, etc. Deux fois par mois, le mardi, un de ces médaillons sera présenté.

SAINTE JEANNE OU MARTHE

Description du panneau

Porte un panier de fruits et de petits pains ; de l’autre main, une bouilloire. Ces attributs sont typiquement ceux d’une ménagère, d’une hôtesse.

La difficulté d’identification de la sainte représentée résulte du désaccord entre ses attributs iconographiques et le nom de Jeanne mentionné sur le panneau.  En 1630, date de la réalisation du plafond de l’église de Theux, parmi les saintes reconnues ou canonisées portant le prénom de Jeanne, une seule correspond : Jeanne, femme de Chouza, l’intendant d’Hérode, qui assistait Jésus et ses disciples de ses biens (Lc 8,3) ; elle est aussi citée parmi les femmes qui annoncent aux apôtres la résurrection de Jésus (Lc 24,10).
Fêtée le 24 mai selon le martyrologe romain qui mentionne : « La bienheureuse Jeanne, épouse de Chusa, intendant de la maison d’Hérode, dont fait mention l’évangéliste saint Luc ».
Certains historiens, en considérant les attributs iconographiques qui sont fréquemment ceux de sainte Marthe, pensent à une erreur de prénom. « Sainte Jeanne est munie d’un panier ; le thème est peu fréquent ; ne s’agit-il pas tout simplement, malgré le texte, de sainte Marthe ? » ( J. de BORCHGRAVE in Trésors d’art religieux au marquisat de Franchimont,Theux, 1971, p.101)
Selon les évangiles, Marthe est la sœur de Marie et de Lazare de Béthanie. Maîtresse de maison accueillante, active, affairée (Lc 10,38-41 ; Jn 12,2). « Jusqu’aux environs de l’année 1200, on prêta peu d’attention à Marthe et on ne lui rendit aucun culte. Une autre Marthe, religieuse perse martyrisée en 347, dont les reliques étaient conservées à Tarascon en Provence, fut identifiée à elle au XIIe s. Dès lors, on mit à son actif la délivrance de la région d’un dragon destructeur, la Tarasque. » (John COULSON, Dictionnaire historique des saints, 1964)
Selon le martyrologe romain, on lit au 29 juillet : « A Tarascon, en Gaule Narbonnaise, sainte Marthe vierge, hôtesse de notre Sauveur, sœur de sainte Marie-Madeleine et de saint Lazare. »
Sainte Marthe est la patronne des ménagères, des servantes, des cuisinières et des lavandières. En Provence, elle est aussi patronne des hôteliers, cabaretiers et aubergistes, des marchands de vin et des pâtissiers.
L’iconographie de Marthe se réfère à l’épisode de l’hospitalité offerte à Jésus, mais les attributs empruntent aux légendes. « Elle est représentée portant généralement une robe simple, manteau et voile, parfois un trousseau de clés à la ceinture. Depuis le XIVe s., on représente sa victoire sur le dragon qu’elle asperge d’eau bénite avec un goupillon » (Michel PASTOUREAU et Gaston DUCHET-SUCHAUX, La Bible et les saints, Paris, 2017, p.428). Le petit seau et l’aspersoir ont été transformés, par la suite, en ustensiles liés aux tâches de la vie domestique : louche, cuillère.

Abbé Marcel Villers

SOURCES : 152. AMOUR D’ÉTERNITÉ

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité. Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.

Aimé d’un amour d’éternité

« M’aimes-tu ? » : c’est l’ultime question de Jésus à Pierre.
Depuis ce jour, à chaque être humain sur la terre, le Christ inlassablement demande :
« M’aimes-tu ? ».

Il est des jours où nous nous bouchons les oreilles :
cette question devient insupportable.
Elle est intolérable à qui n’a jamais connu un amour humain,
à qui n’éprouve que l’abandon.
Elle est intolérable à nous tous
quand elle révèle en nous cette part de solitude
qu’aucune intimité humaine ne peut combler,
cette part de solitude où Dieu nous attend.
Et quand s’exaspère la révolte,
cette question résonne comme une condamnation
tant il est vrai que personne ne peut aimer par un acte de la volonté.

Le savons-nous assez ?
Le Christ n’oblige jamais à l’aimer.
Mais lui, le Vivant, se tient aux côtés de chacun,
comme un pauvre, comme un obscur.
Il est là,
même dans les événements les plus minables,
dans la fragilité de l’existence.

Son amour est une présence
non pas d’un instant mais pour toujours.
Cet amour d’éternité ouvre un devenir au-delà de nous-mêmes.
Sans cet ailleurs,
sans ce devenir au-delà de lui-même,
l’homme n’a plus d’espérance…
et se dissipe le goût d’aller de l’avant.

Face à cet amour d’éternité,
notre réponse ne peut être que de nous abandonner. »

Frère Roger de Taizé, Vivre l’inespéré, 1983

ROGER SCHUTZ (1915-2005), protestant d’origine suisse, fils de pasteur. Il s’installe en France en 1940, dans le village de Taizé où il fonde une communauté monastique œcuménique. 

CLÉS POUR LIRE LUC : 42. HABILETÉ

Clés pour lire l’évangile de Luc

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile. Cette semaine, Lc 16, 1-13 du 25e dimanche ordinaire.

L’habileté
Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête. (Lc 16, 9)

Comme le gérant de la parabole, nous disposons de biens qui vont bientôt nous être retirés. Que font les fils de ce monde dans cette situation ? Ils se dépêchent de se faire des amis grâce aux biens qu’ils gèrent. « Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière » (16, 8).

Les biens matériels, l’argent ne sont pas nos maîtres, mais nos serviteurs. Ils doivent servir à se faire des amis. « Le jour où il (l’argent) ne sera plus là, ces amis vous accueilleront dans les demeures éternelles » (16, 9). Du bon usage de l’argent, Jésus nous donne le critère : l’amitié qu’il nous aura gagné.

Dieu ou Mamon
« Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent » (16, 13). On a traduit par « l’argent » le terme utilisé par Luc : « mamon ». C’est un mot araméen désignant la richesse qui a passé dans le Talmud et qui avait un équivalent en phénicien. Le Talmud connaît et emploie couramment l’expression évangélique « mamon d’iniquité » ou « de mensonge », et « mamon d’impiété ». Ces expressions « iniquité, mensonge, impiété » sont traduites moins heureusement aujourd’hui par « malhonnête » (16, 9.11). Luc va plus loin encore dans le rejet de l’argent en l’élevant au rang de fausse divinité ou d’idole, qui s’égale à Dieu, comme Moloch ou Baal : « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent » (16, 13).

Abbé Marcel Villers

FÊTE DE LA SAINTE CROIX 14 SEPTEMBRE

Fête de l’Exaltation de la sainte Croix (14 septembre)

Après sa conversion au christianisme, vers 312, l’empereur Constantin Ier (272-337) favorise l’Église et contribue à l’édification de basiliques sur des lieux chers aux chrétiens comme Saint-Pierre de Rome ou le Saint-Sépulcre de Jérusalem.
Sur le site du calvaire et du tombeau du Christ, l’empereur Hadrien (76-138), après avoir rasé la ville suite à la révolte juive de 135, avait construit un temple dédié à la triade Capitoline (Jupiter, Junon, Minerve). Constantin fait abattre ce temple et fouiller le site jusqu’à la découverte d’une grotte quadrangulaire identifiée comme le lieu de sépulture de Jésus. Selon la légende, sainte Hélène, mère de Constantin, découvre la vraie croix lors des travaux sur le site. En tous cas, il apparaît certain qu’au milieu du IVe s. des reliques de la croix sont vénérées à Jérusalem.
A partir de 330, deux basiliques sont construites, celle du Saint-Martyrium en mémoire de la crucifixion, et celle de l’Anastasis ou Résurrection sur le site du tombeau. La dédicace des deux basiliques, en 335, s’étale sur deux jours : les basiliques sont consacrées le 13 septembre ; la relique de la Croix est présentée à l’adoration des fidèles le 14 septembre, jour anniversaire de son invention. « Pour la lui faire vénérer, on fit ce jour-là l’ostension de la croix au peuple, d’où le nom d’Exaltation donné à la fête. Quand celle-ci s’étendit à tout l’Orient, le souvenir de la dédicace perdit de son importance, et ce jour devint surtout une fête de la Croix. » (Missel romain quotidien, Hautecombe, 1961, p. 1418)
Lors de la guerre (602-628) entre les Byzantins et les Perses, ces derniers prirent Jérusalem en 614, incendièrent la basilique du Saint-Sépulcre, et emportèrent de nombreuses reliques, dont la sainte Croix, à Ctésiphon, la capitale perse. La vraie croix fut récupérée, après la victoire de l’empereur Héraclius (610-641) dans laquelle on se plut à voir un triomphe de la croix dont la relique fut amenée à Constantinople et installée dans Sainte-Sophie en 628. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_perso-byzantine_de_602-628)
En Occident, on célébra, comme en Orient, dédicace et découverte de la croix le 14 septembre. Puis, deux fêtes furent inscrites, jusqu’à la réforme liturgique de 1969, au calendrier latin, l’une le 3 mai pour célébrer la découverte de la sainte Croix et l’autre, le 14 septembre, pour commémorer le retour de la vraie Croix sous Héraclius. (Missel romain quotidien, Hautecombe, 1961, p. 1418 et 1819)

« Le thème de l’Exaltation, qui donne son nom à la fête, va au-delà du geste de l’exhibition d’une relique et revêt une signification autrement plus profonde : l’exaltation de celui qui, élevé sur le bois, a attiré toute chose à lui. » (Maxime Gimenez, Fête de l’Exaltation de la Croix, Chœur des moines de Chevetogne, 1986) En effet, il faut « que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. » (Jn 3, 14)

La chapelle de Hodbomont est dédiée à la Sainte Croix, fêtée le 14 septembre.

Abbé Marcel Villers

Illustration : vitrail de la chapelle de Hodbomont