Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Après le temps pascal, nous reprenons la lecture continue de l’évangile. Le témoignage de Jean le Baptiste : Jn 3, 22-30.
31. Jésus et le Baptiste
« Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. » (Jn 3,30)
Jésus est avec ses disciples en Judée où « il baptisait » (3, 22) et « faisait plus de disciples que Jean, et il en baptisait davantage. » (4,1) Voilà qui laisse entrevoir une concurrence entre Jésus et Jean-Baptiste, reflet probable de la situation qui existait entre les disciples du Baptiste et les chrétiens de la communauté de Jean au moment où il écrit son évangile. Cette rivalité pose une question aux deux groupes : quelle est la valeur du baptême de l’un et de l’autre ? Le baptême étant lié à la personne qui le donne et à laquelle on s’attache comme à son Rabbi, la question devient celle des rapports entre Jésus et Jean.
« Moi, je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui. » (3,28) C’est clair, Jean est le précurseur, « celui qui a rendu témoignage » à Jésus lors de son baptême. D’une certaine façon, nous sommes comme Jean-Baptiste des témoins du Christ, nous marchons devant lui et le présentons à tous. Ensuite, nous devons nous effacer pour que la rencontre se produise entre le Christ et nos contemporains.
L’ami de l’époux
« L’ami de l’époux entend la voix de l’époux et en est tout joyeux. » (3, 29) L’ami de l’époux a un rôle bien précis dans l’Israël du Ier siècle. Il doit préparer les cérémonies du mariage et il conduit la fiancée à la maison de l’époux. Dans le Nouveau Testament, Jésus est considéré comme l’époux du peuple de Dieu qui se constitue à sa suite. L’Apocalypse décrit les noces de l’Agneau. Comme Jean qui baptise, saint Paul se présente comme l’ami de l’époux (2 Co 11,2), mais leur rôle diffère, car Jean prépare la manifestation de l’époux, tandis que Paul conduit l’épouse, la communauté au Christ. La métaphore du Christ époux plonge ses racines dans la tradition d’Israël. » (Jean-Pierre LÉMONON, Pour lire l’évangile selon saint Jean, 2020)
Abbé Marcel Villers