SOURCES : 49. PRIERE ET PÉCHÉ

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

49. Quand prier devient péché

« Si tu pars pour un long voyage, et qu’à cause de la grande chaleur il t’arrive d’avoir soif,
si tu rencontres alors un frère et que tu lui dises :
« Soulage-moi de la soif qui m’accable »,
et qu’alors il te réponde :
« C’est l’heure de la prière. Je vais prier, et ensuite je me rendrai chez toi »,
en attendant qu’il ait prié et revienne à toi, tu mourras de soif.

Que t’en semble ?
Qu’y-a-t-il de meilleur pour toi ?
Qu’il aille prier ou qu’il apaise ton tourment ?
Quelle utilité aura la prière de celui qui ne soulage pas la souffrance du prochain ?

Le Seigneur n’a-t-il pas déclaré que nous serions jugés sur nos œuvres ?
Ce que je t’ai écrit : « Quand on fait la volonté de Dieu, cela est prière, cela me semble beau.
« Mais parce que je te l’ai dit, ne va pas te relâcher de la prière, et ne cède pas à l’ennui, selon qu’il est écrit que Notre Seigneur a dit : « Priez et ne vous lassez pas !  »
(Aphrate le Persan, Démonstration).

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APHRATE LE PERSAN (IVe s.) est le plus ancien théologien de l’Église syriaque qui s’étendait jusqu’au golfe persique. Il fut contemporain de la grande persécution de 341. Païen converti, il se fit moine. Ses œuvres écrites en syriaque sont des traités rédigés et non des homélies retranscrites.

Clés pour lire Matthieu : 9. Pêcheurs d’hommes

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, parution désormais le mercredi matin, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. Cette semaine : Mt 4, 12-23 du 3éme dimanche ordinaire.

9. Des pêcheurs d’hommes

Le long de la mer de Galilée, il vit deux frères. (Mt 4,18)

La mer, les vagues, l’horizon, les grands espaces. Quoi de plus clair pour évoquer le mouvement et le lointain ! Ce cadre permet de comprendre ce que dit et fait Jésus. Deux actes essentiels sont évoqués dans l’évangile. « Il vint habiter au bord de la mer. » (4, 13) « Comme il marchait au bord de la mer, il vit deux frères. » (4, 18)
« C’étaient des pêcheurs. Venez à ma suite. » (4, 18-19) Pierre et André, Jacques et Jean, sont quelques-uns des nombreux pêcheurs sur la mer de Galilée. A l’appel de Jésus, « je vous ferai pêcheurs d’hommes » (4, 19), ils laissent tout pour le suivre : leurs barques, leurs filets, leurs pères, leur ville, tout leur monde familier.
Comme eux, « Convertissez-vous » (4,17) nous demande Jésus, prenez la route de la mer. Jésus aujourd’hui nous invite au grand large, à le suivre au bord de la mer, dans les Capharnaüm de notre époque.

La mer de Galilée
Lac de Tibériade ou de Génésareth, lac ou mer de Galilée, ces divers noms désignent le même plan d’eau qui occupe 21 km du nord au sud et 12 km d’’est en ouest, sa profondeur varie entre 40 et 50 m. « L’eau est douce, assez limpide et poissonneuse ; la pêche y est encore de nos jours la principale source de revenu de la population riveraine. Au temps de Jésus, celle-ci était plus nombreuse que maintenant surtout sur la rive occidentale. Des brusques tempêtes n’y sont pas rares. » (Dictionnaire encyclopédique de la Bible, 1960)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Jean : 48. La femme libérée

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Cette semaine, Jn 8, 1-11.

48. La femme libérée

Femme, personne ne t’a condamnée ? Moi non plus, je ne te condamne pas (Jn 8, 11)

La femme a fauté, elle doit mourir. Pour les légistes, elle est déjà morte, un cadavre. Mais cette femme est un pur prétexte. Il ne s’agit pas de prendre en considération son cas. Il s’agit de coincer Jésus.

Jésus lui donne la parole : « Femme, où sont-ils donc ? » (8,10). Elle est pour lui une personne. Il la reconnaît en tant que telle. Alors cette femme qui était morte, revient à la vie. Elle était prise au piège de la mort. Le Christ brise le cercle de ses adversaires et celui où pouvait encore l’enfermer sa conscience coupable. Brisant le cercle, Jésus ouvre devant elle le chemin d’une vie nouvelle : « Va et désormais ne pèche plus » (8,11).

Mais pardonner est coûteux. Il y a un prix à payer. Les pharisiens tendaient un piège à Jésus. S’il pardonne, il s’oppose de fait à la Loi, et c’est lui alors qui mérite la mort. C’est le processus mortel que cherchaient à enclencher ses adversaires. « Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser » (8,6).

Adultère

« Sont adultères la femme mariée ou fiancée qui ne respecte pas ses engagements, l’homme qui trompe sa femme avec une femme mariée. Le Décalogue (Ex 20,14) condamne formellement l’adultère, et dans le cas de flagrant délit, les deux coupables sont mis à mort (Lv 20,10). Si c’est la femme qui est coupable, le mari peut se contenter de la répudier.

Le Nouveau Testament reprend la condamnation du crime d’adultère et même étend son domaine puisque Jésus, après avoir cité le Décalogue, ajoute : « Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis l’adultère avec elle » (Mt 5, 27-28). Pourtant face à une femme adultère qu’on s’apprête à lapider, Jésus défie scribes et pharisiens : « Moi non plus, je ne te condamne pas. » (Jn 8, 2-11). » (Dictionnaire culturel de la Bible, 1990)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire l’évangile de Jean : 8. Baptisé

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons cette année fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Il n’y a pas d’année liturgique centrée sur Jean, comme c’est le cas pour Matthieu, Marc et Luc. Nous ferons donc une lecture continue de Jean en tâchant de faire des liens avec l’année liturgique. Aujourd’hui : Jn 1, 29-34.     

8. Baptisé

J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. (Jn 1,32)

« Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint. » (1,33) Le baptême de Jésus, comme le nôtre, est un commencement, l’inauguration d’une existence nouvelle, qui est à la fois accomplissement de soi et de la mission particulière que Dieu attend de nous de toute éternité.

C’est par le baptême que commence la vie publique de Jésus, sa mission signifiée par le don de l’Esprit Saint. Comme l’indique Jean-Baptiste : « Si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » (1,31) Le baptême de Jésus par Jean révèle, manifeste à tous qui est ce Jésus qui sort ainsi de l’incognito. « Moi, j’ai vu et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. » (1,34)

L’agneau de Dieu

« La référence à l’agneau peut avoir trois fondements dans l’Ancien Testament : soit l’agneau d’Isaïe 53,7 (« comme un agneau traîné à l’abattoir ») et dans ce cas Jean verrait en Jésus la figure du serviteur souffrant qui prend sur lui la condition pécheresse du monde ; soit l’agneau immolé et dressé de l’Apocalypse, capable de l’emporter contre le péché (Ap 5,6) ; soit l’agneau pascal (selon Jn 19,14, Jésus est condamné à l’heure où au Temple les prêtres sacrifient les agneaux pour la fête de Pâque). Il ne faut pas oublier que l’évangéliste écrit après Pâque pour des croyants. Un tel titre, « agneau de Dieu », donné à Jésus peut recouvrir les trois sens. » (Alain MARCHADOUR, L’Évangile de Jean, 1992)

Abbé Marcel Villers