SOURCES : 40. LE PLUS DOUX DE L’AMOUR

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

40. Le plus doux de l’amour

 « Ce que l’Amour a de plus doux, ce sont ses violences.
Son abîme insondable est sa forme la plus belle.
Se perdre en lui, c’est atteindre le but ;
être affamé de lui c’est se nourrir et se délecter ;
l’inquiétude d’amour est un état sûr ;
sa blessure la plus grave est un baume souverain ;
languir de lui est notre vigueur ;
c’est en s’éclipsant qu’il se fait découvrir ;
s’il fait souffrir, il donne pure santé ;
s’il se cache, il nous dévoile ses secrets ;
c’est en se refusant qu’il se livre …

C’est lorsqu’il s’en va qu’il nous est le plus proche ;
son silence le plus profond est son chant le plus haut ;
sa pire colère est sa plus gracieuse récompense ;
sa menace nous rassure et sa tristesse console de tous les chagrins :
ne rien avoir, c’est sa richesse inépuisable. » (Hadewijk d’Anvers, Poèmes spirituels)

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HADEWIJCH D’ANVERS (1ère moitié du XIIIe s.), béguine du Brabant, a composé des écrits en flamand, relatant ses visions, des poèmes et des lettres qui nous sont parvenus. Elle y témoigne de son expérience intérieure, mystique caractérisée par un intense désir d’amour.

SOURCES : 39. VIE ET MORT

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Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

39. La vie et la mort, c’est tout un

« Vous voudriez connaître le secret de la mort.
Mais comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le cœur de la vie ?
La chouette dont les yeux faits pour la nuit sont aveugles le jour ne peut dévoiler le mystère de la lumière.
Si vous voulez vraiment contempler l’esprit de la mort, ouvrez amplement votre cœur au corps de la vie. Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l’océan sont un.

Votre peur de la mort n’est que le frisson du berger lorsqu’il se tient devant le roi dont la main va se poser sur lui pour l’honorer. Le berger ne se réjouit-il pas sous son tremblement, de ce qu’il portera l’insigne du roi ? Pourtant n’est-il pas conscient de son tremblement ?

Car qu’est-ce que mourir sinon se tenir nu dans le vent et se fondre dans le soleil ?
Et qu’est-ce que cesser de respirer, sinon libérer le souffle de ses marées inquiètes, pour qu’il puisse s’élever et se dilater et rechercher Dieu sans entraves ?

C’est seulement lorsque vous boirez à la rivière du silence que vous chanterez vraiment.
Et quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez enfin à monter.
Et lorsque la terre réclamera vos membres alors vous danserez vraiment. »

(Khalil Gibran, Le prophète, 1956)

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KHALIL GIBRAN (1883-1931), poète libanais, chrétien maronite mais aimant le prophète arabe. D’un mysticisme syncrétique, son recueil de textes poétiques, « Le Prophète », devint particulièrement populaire pendant les années 1960 dans le courant de la contre-culture et les mouvements «New Âge ».

SOURCES : 36. La source ouverte

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Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

36. LA SOURCE EST OUVERTE

« L’âme ne peut atteindre ni la hauteur, ni la profondeur de Dieu. Elle ne peut ni le saisir, ni renoncer à lui. Nulle parole ne peut exprimer les transports de ce désir, ni peindre les tourbillons qui se forment dans cette région-là.

Tantôt l’amour brûle, tantôt il glace. Quelquefois il intimide, quelquefois il enhardit ; tantôt il réjouit, tantôt il désole, tantôt il espère, tantôt il désespère, il se plaint, il gémit, il chante, il adore…

Quand l’homme, malgré les violences d’un désir implacable, n’a pas pu adhérer à Dieu, l’Esprit du Seigneur arrive comme un feu terrible, brûlant, absorbant, dévorant tout, et l’homme oublie son pain, son vin et son sang !

Il ne se souvient plus que de l’amour unissant.
Silence, esprit humain !
Silence, puissances créées !
Dormez, dormez !La source est ouverte ; les torrents coulent.
Vous êtes inondés, au-delà du désir. » (Ian van Ruysbroeck)

JAN VAN RUYSBROECK (1293-1381), prêtre et chapelain de Sainte-Gudule à Bruxelles, se retire à 50 ans à Groenendal, dans un ermitage, où il vécut son aventure mystique dont il fit la relation dans divers ouvrages.

Message de carême du pape François (Résumé)

Le carême dans lequel nous sommes engagés avec toute l’Église nous conduit, comme Jésus, au désert où il se retira quarante jours pour prier et jeûner. Que signifie spirituellement le désert ?

Le désert, c’est d’abord le lieu du grand silence : pas de bruits, à part le vent et notre souffle. Le désert est détachement du vacarme qui nous entoure. C’est l’absence de paroles pour laisser place à une autre Parole, la Parole de Dieu, qui, comme une brise légère, nous caresse le cœur (cf. 1 R 19, 12). Dans le désert, dans le silence, nous pouvons l’entendre. Mais, il n’est pas facile de faire silence dans son cœur. Le Carême est un temps propice pour faire place à la Parole de Dieu. C’est le temps pour éteindre la télévision et ouvrir la Bible. C’est le temps pour se détacher du téléphone portable et se connecter à l’Evangile. C’est le temps pour renoncer aux paroles inutiles, aux bavardages, aux rumeurs, aux médisances, et parler au Seigneur. Nous sommes submergés de paroles vides, de publicités, de messages insidieux et nous avons du mal à distinguer la voix du Seigneur qui nous parle. Comme le pain, plus que le pain, nous avons besoin de la Parole de Dieu, nous devons parler avec Dieu : nous devons prier.

Le désert est le lieu de l’essentiel. Regardons nos vies : combien de choses inutiles nous entourent ! Nous poursuivons mille choses qui semblent nécessaires et qui en réalité ne le sont pas. Comme cela nous ferait du bien de nous libérer de tant de réalités superflues, pour redécouvrir ce qui compte. Sur cela aussi, Jésus nous donne l’exemple, en jeûnant. Jeûner, c’est savoir renoncer aux choses vaines, au superflu, pour aller à l’essentiel. Jeûner ne sert pas seulement à maigrir, jeûner, c’est aller précisément à l’essentiel, c’est chercher la beauté d’une vie plus simple, plus sobre.

Le désert, enfin, est le lieu de la solitude. Aujourd’hui aussi, près de nous, il y a de nombreux déserts. Ce sont les personnes seules et abandonnées. Combien de pauvres et de personnes âgées sont près de nous et vivent dans le silence, sans faire de bruit, marginalisés et exclus ! Le désert nous conduit à eux, à ceux qui, réduits au silence, demandent silencieusement notre aide. Tant de regards silencieux demandent notre aide. Le chemin dans le désert du carême est un chemin de charité vers celui qui est plus faible.

Dans le désert s’ouvre donc le chemin qui nous conduit de la mort à la vie. Entrons dans le désert avec Jésus, nous en sortirons en savourant la Pâque, la puissance de l’amour de Dieu qui renouvelle la vie. Suivons Jésus dans le désert, avec Lui nos déserts fleuriront et de nos déserts naîtront un jardin.

Le carême, c’est faire naître un jardin là où il y a des terres arides, c’est du désert faire surgir des fleuves, c’est de la mort faire jaillir la vie.
C’est bien le sens du carême qui commence au désert pour finir dans le jardin où Jésus ressuscité se manifeste vivant à Marie-Madeleine.
Faire naître un jardin là où il y a des terres arides, c’est de notre cœur de pierre faire surgir un cœur de chair, c’est faire tourner la terre plus juste et plus fraternelle.

François d’Assise demandait qu’au couvent on laisse toujours une partie du jardin sans la cultiver, pour qu’y croissent les herbes sauvages, de sorte que ceux qui les admirent puissent louer Dieu et se rappeler qu’eux aussi sont à l’image de ce jardin, une terre sauvage, une terre aride d’où peut naître le jardin de Pâques.

Bon carême !

Homélie du 2ème dimanche du carême
Jehanster 8 mars 2020
Abbé M. Villers