
Dimanche de Pâques
20 avril 2014, Theux
Ils n’avaient pas vu qu’il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Trois personnes ont cependant vu quelque chose. Marie-Madeleine a vu le tombeau vide ; elle en conclut qu’on a enlevé le Seigneur. Pierre a vu le linceul resté dans le tombeau, il constate mais ne sait qu’en penser. L’autre disciple vit et il crut.
Il crut quoi ? Qu’il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
La vie que Jésus reçoit est une seconde vie, une vie d’une autre densité et épaisseur, une vie que nous appelons éternelle. Cette vie est autre, elle est don de Dieu, nouvelle création, nouvelle naissance.
Jésus est passé par la mort, a été enseveli et a été ressuscité pour une vie nouvelle. C’est le cœur, le noyau dur de la foi chrétienne. Mais si nous ne pouvons que nous réjouir pour lui et chanter Alléluia, nous devons aussi nous demander en quoi cela nous concerne.
Frères, nous répond saint Paul, vous êtes ressuscités avec le Christ. Ce qui est arrivé à Jésus nous arrive aussi. En effet, explique saint Paul, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
C’est la signification du baptême : nous faire entrer dans le mystère de la mort et de la résurrection avec le Christ. Il n’est pas question évidemment de mourir physiquement au moment du baptême pour physiquement ressusciter quelques instants plus tard.
Le rite baptismal est l’expression d’une réalité profonde qui relève de l’ordre du spirituel : la mort du vieil homme et la naissance de l’homme nouveau que nous avons soulignées tout au long de ce carême et que rappelait la statue de glaise posée sur l’autel.

Cet homme nouveau, il est figuré sur le pilier des fonts baptismaux. Nous l’avons aujourd’hui mis en évidence par un cache jaune qui souligne la sculpture en relief de quatre enfants nus, un sur chacune des faces.

Ces enfants, ce sont évidemment ceux qui seront baptisés tout à l’heure, et tous ceux qui les ont précédés et les suivront. Mais ils veulent surtout signifier que le baptême est une nouvelle naissance dont on sort nu, à neuf, tel l’enfant qui vient de naître.
Comment cela peut-il se faire ?
Renaître, devenir un être nouveau, recommencer à neuf : qui d’entre nous, un jour ou l’autre, n’en a pas rêvé ? Mais, comment un homme pourrait-il naître s’il est vieux ? Pourrait-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ?
Et puis, d’où vient ce désir de renaissance ? Tout simplement de ce dont nous sommes faits. De la boue et du souffle divin, l’homme fût créé, image de l’Immortel, écrit Grégoire de Nazianze. C’est pourquoi, en sa qualité de terreux, il est attaché à la vie d’ici-bas, mais portant aussi une parcelle de la divinité, le désir du monde à venir travaille son cœur.
Etre mixte, mêlé de ciel et de terre, rien de ses conditionnements terrestres ne saurait satisfaire ni définir l’être humain. L’homme passe infiniment l’homme, écrivait Pascal. Il y a en lui ce souffle venant de Dieu qui le porte, le travaille, l’empêche de s’identifier à cette terre.
Et saint Paul confirme : C’est en haut qu’est votre but, non sur la terre. Recherchez ce qui est en haut, là où se trouve le Christ. Vous êtes morts, en effet, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu.
Mais comment cette vie nouvelle, cachée en Dieu, pourrait-elle devenir nôtre ?
Comment, à l’intérieur de l’être ancien que nous sommes, pourrait surgir la vie nouvelle ? Il vous faut naître d’en haut, disait Jésus. C’est « d’en haut » que peut venir cette nouvelle vie, pleine, dense, non minée par la mort. Nul, s’il n’est engendré d’en haut, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.
Toute naissance reste la plus merveilleuse des choses et pourtant la plus mystérieuse. Ainsi en va-t-il de la naissance du croyant qu’exprime le baptême. Car comment devient-on croyant ? Le croyant est né de l’eau et de l’Esprit, disait Jésus. C’est ce même Esprit, reçu au baptême, qui nous fait crier : Abba! Père! et nous révèle ainsi notre véritable identité : nous sommes enfants de Dieu.
Oui, au baptême, comme à la résurrection, il s’agit de naissance ou plutôt de renaissance à notre identité véritable, celle de Fils bien-aimé du Père, celle d’enfant de Dieu.
Nous sommes tous des renaissants, des renés.
Aujourd’hui, en ce jour de Pâques, réveillons la mémoire de notre baptême!
Comme ce jour-là, renouvelons notre renonciation à Satan et renouvelons notre profession de foi.
– Renoncez-vous à Satan, au péché et à tout ce qui conduit au péché ?
– Nous y renonçons!
– Croyez-vous en Dieu le Père Tout-Puissant, créateur du ciel et de la terre ?
– Nous croyons!
– Croyez-vous en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, né de la Vierge Marie, qui a souffert la Passion, a été enseveli, est ressuscité des morts et est assis à la droite du Père ?
– Nous croyons!
– Croyez-vous en l’Esprit-Saint, à la sainte Eglise catholique, à la communion des saints, au pardon des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle ?
– Nous croyons!
J’invite celles et ceux qui le souhaitent à s’approcher de la cuve baptismale pour y plonger la main et se signer avec l’eau bénite en cette nuit de Pâques, renouvelant ainsi leur profession baptismale.
Abbé Marcel Villers
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