Histoire des missions : 11. les MEP

11. Les missions étrangères de Paris (1664)

Le 8 juin 1658, Rome nomme trois vicaires apostoliques pour les missions d’Asie et un pour le Canada. Autour de ces vicaires, français, va se constituer la société des missions étrangères de Paris (MEP) qui regroupe les prêtres formés dans le séminaire du même nom créé en 1663. Cette société n’est pas un ordre religieux mais une association de prêtres diocésains, incardinés dans leur diocèse d’origine et mis à la disposition de la la congrégation de la Propaganda fide, pour aller travailler en mission sous l’autorité des vicaires apostoliques. Ce sont, pour la première fois, des prêtres séculiers qui sont envoyés en mission à l’étranger.

Le but principal des Missions Étrangères de Paris est la création d’un clergé autochtone pour permettre à terme aux Églises d’Asie de s’émanciper de la tutelle des Européens tout en restant unies à Rome. Il était donc essentiel d’envoyer en Asie non plus seulement quelques missionnaires prêtres mais aussi des évêques (vicaires apostoliques) qui pourraient ordonner des prêtres originaires du pays.

Pierre Lambert de la Motte (portrait ci-contre) est un des trois premiers vicaires envoyés par Rome en Asie.
Né en 1624 à Lisieux, il devient avocat au parlement de Paris, puis à Rouen. Il est membre actif de la Compagnie du Saint-Sacrement, c’est un « dévot » attiré par la vie mystique. En 1655, il renonce à la vie mondaine et est ordonné prêtre à Rouen où il est en charge du Bureau des pauvres.
Nommé en 1659 pour le vicariat de Cochinchine et de Chine méridionale, il est le premier à partir en 1660, à l’âge de 36 ans, accompagné de deux prêtres, Jacques de Bourges et François Deydier. Ils s’installent dans la capitale du Siam.
« Mgr Pierre Lambert de la Motte effectua la première visite pastorale du Tonkin d’août 1669 à mars 1670. Il accomplit la toute première ordination sacerdotale en terre vietnamienne au début de janvier 1670, dans son « bateau-cathédrale » flottant sur le Fleuve rouge, promouvant sept catéchistes formés auparavant par les Pères jésuites qui avaient créé les premières chrétientés de Cochinchine depuis 1615 et du Tonkin depuis 1627, et instruits en théologie depuis 1666 dans un « bateau-séminaire » par un missionnaire MEP. » (Gilles REITHINGER, supérieur général des MEP) Il meurt le 15 juin 1679 en Thaïlande après dix-sept ans d’activité missionnaire de terrain.

Abbé Marcel Villers

Mois extraordinaire de la mission L’abbé Bourguignon et la SAM

OCTOBRE 2019 : MOIS MISSIONNAIRE EXTRAORDINAIRE

Cette année, le pape François a décidé de faire d’octobre 2019 « un Mois missionnaire extraordinaire afin de susciter une plus grande prise de conscience de la mission universelle de l’Église et de reprendre avec un nouvel élan la transformation missionnaire de la vie et de la pastorale. »

La mission peut se caractériser par deux traits : l’inculturation de l’Évangile et le service sans retour d’un peuple et de son Église. Le missionnaire choisit ainsi une intégration totale et se fait « chinois avec les chinois ».

La Société des Auxiliaires des Missions (SAM) a été créée par le père Vincent Lebbe et l’Abbé Boland en 1926. Les prêtres samistes se mettent au service d’un évêque et d’une Église particulière. Ils font totalement partie du clergé local contrairement aux autres missionnaires qui dépendent toujours hiérarchiquement de leur congrégation.

L’abbé Dieudonné Bourguignon est un de ces samistes, donné entièrement au peuple vietnamien. Né à Theux en 1913, il fait ses études à l’Institut Saint-Michel de Verviers. Sa rencontre avec l’abbé Boland et des étudiants chinois envoyés se former en Europe par le Père Lebbe va orienter sa vie. Il entre à la SAM en 1931 et entame à Louvain sa formation en vue du sacerdoce. Il est ordonné prêtre en 1936. Suit une formation d’infirmier colonial. En 1939, il est chargé de la propagande missionnaire à Verviers notamment. Pendant la guerre, il est un dirigeant reconnu de la résistance belge. Arrêté en 1943, il est déporté à Dachau. En 1951, il part au Vietnam du Nord où l’évêque le nomme au petit séminaire. En décembre 1954, il est évacué de Hanoi après la défaite française en Indochine. En 1962, il revient au Vietnam après avoir été Supérieur Général de la SAM. Il est alors au service d’un diocèse du Sud et professeur au Grand Séminaire de Vinh Long. Il meurt à Saigon le 3 septembre 1974.

Sa vie fut consacrée à la formation des prêtres vietnamiens, c’est que l’incarnation de l’Évangile dans une culture et un peuple implique un clergé autochtone. « Aussitôt qu’il y aura un nombre de chrétiens suffisant pour constituer une Église et en tirer des pasteurs, la principale fin du travail missionnaire sera de former un clergé autochtone. Le missionnaire devra ensuite consentir avec joie à se retirer pour aller travailler ailleurs. »(Constitution de la Société des Missions étrangères de Paris)

Abbé Marcel Villers