La chronique de notre Curé du 13 décembre 2020

La joie du Seigneur est notre force

En ce troisième dimanche de l’Avent, il est de tradition dans nos communautés et foyers chrétiens de se laisser sensibiliser par l’action « Vivre Ensemble » menée par Entraide et Fraternité. « Aujourd’hui le monde souffre, le monde est blessé, surtout chez les plus pauvres qui sont rejetés »  criait déjà en mai le pape François. Il est vrai que dans bien des endroits de l’aide sociale, il y a depuis lors une augmentation impressionnante des problématiques. L’hiver risque d’être très dur pour certains. De même des associations s’inquiètent d’avoir à gérer un afflux de demandes alors que la générosité du printemps s’est ralentie pour une part ! La pandémie de la pauvreté est récurrente depuis longtemps au point que nous avons appris à « faire avec ». En cette fin d’année 2020, cette pandémie connaît une énième vague qui n’est pas des moindres. Il faut le dire.

Dans les projets appelés à être soutenus par Entraide et Fraternité, il y a le CLSSS, le Centre Liégeois des Services Sociaux. Qu’est-ce que ? C’est une ASBL outil qui coordonne l’action de terrain des sept antennes qui œuvrent sur le territoire de la Ville de Liège. Dans le concret, cela signifie permanence sociale avec des professionnels, aide aux personnes (colis, logement, vesti-boutique), accompagnement des migrants, soutien à l’éducation et à la santé notamment grâce à des écoles de devoirs. C’est le CLSS qui est l’employeur des assistants sociaux répartis dans  les antennes de quartier, il gère les contacts avec la Ville, le CPAS et autres ministères en charge de l’aide sociale, il soutient très pratiquement la collecte de fonds et l’appel aux dons. Il veille à la formation permanente du personnel et des bénévoles… Bref, il supporte tout ce que chaque antenne serait bien en peine d’assumer seule. Vous comprendrez dès lors que si le projet rentré par le CLSS concerne les moyens de communication (site internet, …), il y a là un essentiel pour tenir et poursuivre une aide de qualité sur le terrain. Une antenne liégeoise, celle de Ste-Walburge, a été aussi retenue par Entraide et Fraternité : séjours détente pour enfants et ados dans un contexte multiculturel. Bref à Liège, il y a une action commune à soutenir pour faire reculer la pandémie de la pauvreté ! Vous pouvez faire un don à Action Vivre Ensemble BE91 7327 7777 7676. Si vous donnez au moins 40€, cette année, la déduction fiscale est de 60 pour cent au lieu de 45 ! Si vous préférez, vous pouvez verser votre don sur le compte de notre Unité Pastorale (mention « collecte d’Avent »)…

« Faites ceci en mémoire de moi » dit Jésus aux disciples le soir, lors du dernier repas. Il a entre autre, rompu le pain et fait passer la coupe commune de mains en mains, de lèvres en lèvres. Ce geste de partage très concret est repris ainsi dans nos eucharisties « jusqu’à ce qu’il vienne. »  Il est précédé de la fraction du pain et est en lien avec le lavement des pieds. Dans sa miséricorde, le Seigneur sait combien nos besoins sont concrets, nos pauvretés profondes, nos désirs latents et encore nos lumières fragiles mais bien réelles. Rappelons que c’est au cours de ce même repas, que Jésus mise sur Pierre : «  Quand tu seras revenu, affermis la foi de tes frères ».

L’Avent que nous vivons, nous reconduit à vivre l’attente et l’avènement du Seigneur dans la fraternité solidaire. La plupart d’entre nous ont fait l’expérience que dans l’épreuve, quelle qu’elle soit, la présence, l’aide des autres est essentielle. Même qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir pour les miséricordieux qui ne sont pas au service « en sauveur » mais au nom du Sauveur ! L’eucharistie nous pousse, nous constitue en corps vivant. Jésus nous y nourrit de sa parole et de son être même. Toutefois il veille toujours à ce que nous ne puissions mettre la main sur lui comme de nous passer des autres, frères et sœurs. Dans l’Horeca du Seigneur, passez-moi l’expression, il y a quelque chose de visuel, de charnel qui manifeste la proximité et la tendresse, la force qui vient de l’amour. Dans l’Horeca du Seigneur, il y a toujours le partage manifesté par la fraction. Cela nous évite le piège de la fusion, de l’idolâtrie. La présence de l’autre nous conduit toujours à trouver notre place, notre juste place, notre place unique.

En ces jours, l’Horeca du Bon Dieu connaît des difficultés semblables au secteur bien connu et incontournable dans notre vie sociale. Au-delà des certaines polémiques (droit à la messe ou pas, …), en reconnaissant justement le dramatique de l’absence de célébrations joyeuses et fraternelles, n’y a-t-il pas une solidarité à vivre dans le manque ? Le manque s’il se creuse est qu’il correspond à un besoin fondamental ; s’il passe, c’est qu’il correspondait à du vent, de fausses lumières. En cet Avent, nous sommes un peu comme Marie et Joseph contraints de prendre la route, de quitter le confort et la sécurité des projets maîtrisés et des habitudes. Une réalité passagère s’est imposée à eux : le recensement voulu par l’empereur. Avec la naissance de l’enfant qui s’annonce, il y a une aventure, une démaîtrise  à vivre. Cela augmente leur foi et leur espérance. Marie et Joseph ne le savent pas encore mais à l’Orient, des étrangers, des mages découvrent une nouvelle étoile  qui brille dans la nuit. Eux aussi, vont tout laisser, vont se mettre en route devant cet inattendu. Si nous ignorons les fruits tardifs de cette mise en route pour les mages, il y a gros à parier que « l’épreuve de Bethléem », la naissance vécue dans le dénuement de la crèche, a renforcé leur confiance en Dieu et leur amour mutuel. La crise ne les a pas écrasés : elle les a rapprochés et renforcés. A Bethléem, les jours discrets et lumineux de la vie simple en famille à Nazareth se préparait. Jésus, le Messie, en serait le fruit accompli…

Quelle belle intuition de François d’avoir en ce 8 décembre, appelé à une année au pas de saint Joseph ! Les quelques extraits publiés de la lettre apostolique Patris Corde (Avec un cœur de  père). « Avec la force de l’Esprit, Joseph a aussi su faire place à cette partie contradictoire, inattendue, décevante de l’existence ». « La vie spirituelle de Joseph n’est pas un chemin qui explique mais un chemin qui accueille.. » » « Il (Joseph) est fortement et courageusement engagé. » Ceux-ci  me paraissent conduire à nous nourrir de cette présence paternelle qui veille sur l’Église  aujourd’hui comme jadis sur l’enfant de la crèche. Particulièrement lorsque le temps de l’épreuve est là. C’est Joseph, simple, humble mais fort qui a cultivé ce qu’on appelle aujourd’hui la résilience de Jésus. C’est lui qui par sa présence et son éducation a éveillé le caractère fort, libre et bon du Christ. Avec Marie, il s’est fait l’auxiliaire précieux de l’Esprit dans l’Incarnation du Verbe. A sa place, comme homme, époux et père confiant dans le Seigneur.

L’Évangile de ce jour fait dire à Jean Baptiste (Jn 1.6-28) : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : redressez le chemin du Seigneur comme a dit le prophète Isaïe ». Ne peut-on attribuer cette parole à Joseph de Nazareth, à son niveau ? Certes, il n’a pas déplacé les foules ni les élites en son temps. Mais par sa virilité d’homme tranquille et bienveillant, il a préparé le Chemin du Seigneur. Il a été le porte-voix de Celui qui vient, qui crie dans nos déserts. Par sa présence quasi invisible mais bien réelle dans la Sainte Famille, en traversant avec elle les aridités et les petits bonheurs du quotidien, il a bien travaillé au chantier du Seigneur que j’évoquais ici la semaine dernière.

Saint Joseph n’a-t-il pas vécu cette expérience prophétisée par Isaïe ? « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtu des vêtements du salut, il m’a couvert du manteau de la justice, comme un jeune marié orné du diadème » (Is 61.1-11). Cela simplement par sa communion amoureuse avec Marie ; cela simplement parce que « tel père, tel fils ? »

En cet Avent peu ordinaire, il y a une, au moins une, bonne nouvelle à accueillir pour nous, disciples, frères et sœurs du Christ ! Saint Joseph est là et il nous est donné si pas rendu. Sa figure renvoie à cet autre Joseph, le patriarche de la Genèse qui a connu la trahison, l’exil avant de voir se réaliser les promesses de Dieu et bannir les dangers de la famine et de la division !

« Saint Joseph, le Seigneur est avec toi aussi. Tu es béni parmi la race des hommes. Jésus, ton fils, notre frère et Seigneur est béni. Réjouis-toi et garde-nous dans la lumière de l’espérance ! »

« Gaudete », soyons dans la joie car « la joie du Seigneur est notre force ».

Jean-Marc,

votre curé.

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