16. La pré-mission : Charles de Foucauld
Au début du XXe siècle, au cœur du Sahara algérien, Charles de Foucauld (1858-1916) inaugure une nouvelle dimension de la mission que certains nommeront la pré-mission. En 1903, il décide d’aller s’installer chez les Touaregs du Hoggar. « Je n’ai pas de compagnon. Le Maroc ne s’ouvre pas. Je ne puis faire mieux pour le salut des âmes… que d’aller porter ailleurs, à autant d’âmes que possible, la semence de la divine doctrine – non en prêchant mais en conversant – et surtout d’aller préparer, commencer l’évangélisation des Touaregs, en m’établissant chez eux, apprenant leur langue, traduisant le saint Evangile, me mettant en rapport aussi amicaux que possible avec eux. » (Lettre à Mgr Guérin, 29/06/1903)
Deux ans plus tard, installé à Tamanrasset, il écrit : « tant qu’on n’acceptera pas d’autre prêtre chez les Touaregs… il me semble qu’il me faut tenir cette porte ouverte jusqu’à ce que d’autres entrent, qu’il faut lier amitié, mettre en confiance, donner bonne impression, préparer le sol jusqu’à ce que les ouvriers puissent entrer dans le champ. » (Lettre à l’abbé Huvelin,13/07/1905) Quatre mois avant de mourir, le 29 juillet 1916, Ch. de Foucauld exprime une dernière fois sa vision de la mission dans une longue lettre à René Bazin : « les missionnaires isolés comme moi sont fort rares. Leur rôle est de préparer la voie, en sorte que les missions qui les remplaceront trouvent une population amie et confiante, des âmes quelque peu préparées au christianisme, et si faire se peut, quelques chrétiens. » Il ne s’agit donc pas encore de « proposer la foi », mais de « disposer » l’autre au christianisme, en rendant la foi chrétienne aimable et donc désirable.
Abbé Marcel Villers