Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Au coeur du carême, le sens de la passion et de la mort de Jésus nous est annoncé : Dieu a donné son Fils unique. Nous lisons Jn 3, 14-21.
17. L’élévation du Fils
La lumière est venue dans le monde et les hommes ont préféré les ténèbres. (Jn 3,19)
Crucifié par la haine, le Christ en croix révèle le sort que l’homme réserve à l’homme. La croix signe l’échec de l’amour et le triomphe de la haine. « Quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres » (3,19). Et pourtant. Au regard de la foi, la croix du Christ révèle l’amour fou de Dieu pour ce monde tel qu’il est : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (3,16). Ce n’est pas pour juger ce monde de ténèbres et de haine que Dieu a envoyé son Fils, mais pour le sauver (3,17).
La croix est le grand signe dressé par Dieu au cœur de l’histoire et que tout homme est invité à regarder car il révèle à la fois l’étendue du mal dont nous sommes les acteurs et le grand amour dont Dieu nous aime. L’un et l’autre. Car l’un ne va pas sans l’autre : c’est au cœur des ténèbres que peut briller la lumière. Ainsi plus nous contemplons la croix du Christ, plus nous découvrons l’immensité de notre péché et plus nous est révélée l’infinie richesse de la miséricorde divine.
Le serpent de bronze élevé par Moïse
« La nouveauté que Jésus apporte a besoin d’être accomplissement des Écritures. Le serpent élevé dans le désert (Nombres 21,4-9) arrachait à la mort les Hébreux infidèles. La mort qui menaçait le peuple tenait à son incroyance, mais celui qui regardait le serpent de bronze élevé par Moïse était sauvé de la morsure du serpent. Le rite sauvait non de façon magique, mais par la foi en Dieu. « En effet quiconque se retournait vers le serpent était sauvé non par l’objet regardé, mais par toi, le sauveur du monde » (Sagesse 16,7) La référence à l’épisode du serpent rattache la venue de Jésus aux événements de l’Exode et fait de Jésus le nouveau Moïse. » (Alain MARCHADOUR, L’Évangile de Jean, 1992)
Abbé Marcel Villers