CLÉS POUR LIRE MATTHIEU : 51. DEUX NE FONT QU’UN

Clés pour lire l’évangile de Matthieu

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier l’évangile de Matthieu dont nous suivons la lecture liturgique. Aujourd’hui : Mt 22, 34-40 du 30e dimanche ordinaire.

Deux font un
« Voilà le premier commandement. Et le second lui est semblable. » (Mt 22, 38-39)

Lier ces deux commandements, les considérer comme semblables, ce qui ne veut pas dire identiques, c’est instaurer un rapport nouveau entre le culte à rendre à Dieu et les devoirs envers autrui. Ce rapport est caractéristique du christianisme et clairement exprimé par St Jean : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas. » (1 Jn 4, 20)

L’amour est le rapport le plus personnel qui soit. Chacun s’y implique avec tout ce qu’il est. C’est pourquoi le commandement biblique concerne toutes les dimensions de l’existence : cœur, âme, esprit. L’amour fait de la religion une relation personnelle avec un Dieu qui ne peut être que personnel. La religion a alors atteint son sommet, elle n’est plus observance ou devoir, elle est union d’amour, communion de l’homme et de Dieu.

La Loi
« De ces deux commandements dépend toute la Loi. » (22, 40) La notion de Loi est une des plus importantes de l’Ancien Testament, puisque la religion juive est souvent considérée comme la religion de la loi. Il y a, en effet, de nombreux codes législatifs dans l’Ancien Testament dont la partie principale, comprenant les cinq premiers livres de la Bible, est appelée Thora qui peut se traduire par « enseignement », celui d’une autorité qui indique ainsi la voie à suivre. Cette autorité est celle de Dieu et la Thora est donc parole de Dieu, révélation de sa volonté qui s’exprime sous la forme d’oracles, de paroles, de commandements. Le sens profond de Thora s’exprimerait mieux par « la Voie » plutôt que par « la loi » qui nous vient de la traduction en grec de Thora dans la Septante.

Abbé Marcel Villers

SOURCES : 50. Tentation du bien

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

50. La tentation du bien

« Tu donnes du pain à l’affamé.
Mais il vaudrait mieux que nul n’ait faim et que tu n’aies personne à qui donner.
Tu fournis un vêtement à celui qui est nu.
Que ne sont-ils donc tous vêtus au lieu de pareille nécessité !
Tu ensevelis un mort.
Quand donc viendra la vie où personne ne meurt.
Tu mets la concorde entre chicaneurs.
Quand donc sera-ce la paix éternelle, la paix de Jérusalem où n’existe aucune discorde ?

Ce sont là des services qui tous répondent à des nécessités.
Mais supprime les malheureux : c’en est fait des œuvres de miséricorde.
Est-ce que le feu de la charité s’éteindra ?

Plus authentique est l’amour que tu portes à un homme heureux
à qui tu n’as pas à rendre service.
Plus pur sera cet amour, et bien plus sincère.
Car si tu rends service à un malheureux, cela te donne une sorte de supériorité.
Souhaite un égal, tous deux étant sous la dépendance
de Celui à qui il ne saurait être question de rendre service. »(Saint Augustin, Commentaire de la Première épître de saint Jean)

___________________________________________________________________

AUGUSTIN D’HIPPONE (354-430), converti au christianisme par saint Ambroise de Milan, retourne en Afrique du Nord et y devient prêtre, puis évêque. Il a composé une œuvre immense de théologien comme de prédicateur. Il eut une influence prépondérante dans la pensée chrétienne occidentale.

SOURCES : 43. SATIÉTÉ ET FAMINE

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

43. Soif et plénitude

 « Satiété et famine sont indissociables,
c’est l’apanage du libre Amour,
comme le savent de longue date les amants
que sa pure essence a éveillés.

Satiété, car l’Amour vient et nous accable.
Famine, car il se retire et nous laisse en pleurs.
Quand l’Amour se refuse,
Quand on ne peut jouir
De ce que l’on désire,
notre faim croît à l’infini.

Mais il faut trouver la joie en ses fureurs,
lui qui survient de jour comme de nuit :
le plus total abandon est la seule
ressource qui subsiste avec lui.

Qu’une nouvelle lumière vous donne
un nouveau zèle, de nouvelles délices,
de nouveaux assauts et une faim si dévorante
qu’éternellement ce nouvel Amour
vous prodigue à nouveau ses dons. »
(Hadewijk d’Anvers, Poèmes spirituels, n°14)

_________________________________________________________________

HADEWIJCH D’ANVERS (1ère moitié du XIIIe s.), béguine du Brabant, a composé des écrits en flamand, relatant ses visions, des poèmes et des lettres qui nous sont parvenus. Elle y témoigne de son expérience intérieure, mystique caractérisée par un intense désir d’amour.

SOURCES : 40. LE PLUS DOUX DE L’AMOUR

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

40. Le plus doux de l’amour

 « Ce que l’Amour a de plus doux, ce sont ses violences.
Son abîme insondable est sa forme la plus belle.
Se perdre en lui, c’est atteindre le but ;
être affamé de lui c’est se nourrir et se délecter ;
l’inquiétude d’amour est un état sûr ;
sa blessure la plus grave est un baume souverain ;
languir de lui est notre vigueur ;
c’est en s’éclipsant qu’il se fait découvrir ;
s’il fait souffrir, il donne pure santé ;
s’il se cache, il nous dévoile ses secrets ;
c’est en se refusant qu’il se livre …

C’est lorsqu’il s’en va qu’il nous est le plus proche ;
son silence le plus profond est son chant le plus haut ;
sa pire colère est sa plus gracieuse récompense ;
sa menace nous rassure et sa tristesse console de tous les chagrins :
ne rien avoir, c’est sa richesse inépuisable. » (Hadewijk d’Anvers, Poèmes spirituels)

___________________________________________________________________

HADEWIJCH D’ANVERS (1ère moitié du XIIIe s.), béguine du Brabant, a composé des écrits en flamand, relatant ses visions, des poèmes et des lettres qui nous sont parvenus. Elle y témoigne de son expérience intérieure, mystique caractérisée par un intense désir d’amour.