SOURCES : 41. LA PERLE

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

41. La perle de grand prix

 « La perle de grand prix gît profondément cachée.
Comme un pêcheur de perles, ô mon âme, plonge.
Plonge profond !
Plonge encore plus profond et cherche !
Peut-être ne trouveras-tu rien la première fois.
Comme un pêcheur de perles, ô mon âme,
Sans te lasser, persiste et persiste encore,
Plonge profond, toujours plus profond,
toujours plus profond et cherche !

Ceux qui ne savent pas le secret,
se moqueront de toi,
et tu en seras tout attristé.
Mais ne perds pas courage,
pêcheur de perles, ô mon âme !

La perle de grand prix est bien là cachée,
cachée tout au fond.
C’est la foi qui t’aidera à trouver le trésor
et c’est elle qui permettra que ce qui était caché
soit enfin révélé.

Plonge profond, plonge encore plus profond,
comme un pêcheur de perles, ô mon âme.
Et cherche, cherche sans te lasser ! »
(Swami Paramananda, Mon credo, poèmes mystiques, 1954)

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SWAMI PARAMANANDA (1884-1940), un des premiers maîtres hindous à se rendre aux États-Unis pour y enseigner la philosophie et la religion du Vedanta. Il était un mystique, un poète et un innovateur dans la vie spirituelle en communauté.

SOURCES : 40. LE PLUS DOUX DE L’AMOUR

SOURCES

Dans cette rubrique, il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité.  Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement.  Chaque jeudi, vous est proposé un texte à lire, méditer, prier.

Abbé Marcel Villers

40. Le plus doux de l’amour

 « Ce que l’Amour a de plus doux, ce sont ses violences.
Son abîme insondable est sa forme la plus belle.
Se perdre en lui, c’est atteindre le but ;
être affamé de lui c’est se nourrir et se délecter ;
l’inquiétude d’amour est un état sûr ;
sa blessure la plus grave est un baume souverain ;
languir de lui est notre vigueur ;
c’est en s’éclipsant qu’il se fait découvrir ;
s’il fait souffrir, il donne pure santé ;
s’il se cache, il nous dévoile ses secrets ;
c’est en se refusant qu’il se livre …

C’est lorsqu’il s’en va qu’il nous est le plus proche ;
son silence le plus profond est son chant le plus haut ;
sa pire colère est sa plus gracieuse récompense ;
sa menace nous rassure et sa tristesse console de tous les chagrins :
ne rien avoir, c’est sa richesse inépuisable. » (Hadewijk d’Anvers, Poèmes spirituels)

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HADEWIJCH D’ANVERS (1ère moitié du XIIIe s.), béguine du Brabant, a composé des écrits en flamand, relatant ses visions, des poèmes et des lettres qui nous sont parvenus. Elle y témoigne de son expérience intérieure, mystique caractérisée par un intense désir d’amour.

Clés pour lire l’évangile de Jean : 45. Messie

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Nous poursuivons la lecture continue de l’évangile. Jésus enseigne dans le Temple : Jn 7, 25-30.

45. Messie

Le Messie quand il viendra, personne ne saura d’où il est. (Jn 7,27) 

Jésus est « celui qu’on cherche à tuer » (7,25) et pourtant il est là, dans le Temple, à parler en public. « Les autorités l’auraient-elles reconnu comme le Messie ? » (7,26) si on le laisse s’exprimer aussi ouvertement. Vient alors l’objection principale : « Celui-là, nous savons d’où il est. Or le Messie, personne ne saura d’où il est. » (7,27)

Est ainsi posée la question de l’identité de Jésus : qui est-il ? d’où vient-il ? est-il le Messie ? Ces questions sont aussi les nôtres, celles de tout chrétien, celles de tout homme face à Jésus. Vient une première réponse de Jésus proclamée solennellement, dans un cri, au cœur du Temple, centre de la foi juive : « Je ne suis pas venu de moi-même, mais il est véridique celui qui m’a envoyé. » (7,28) La véritable origine de Jésus, c’est Dieu. Nul ne peut saisir qui est Jésus s’il ne connaît pas Dieu en vérité.

D’où vient le Messie

« L’argument de l’origine cachée du Messie a vraisemblablement joué un rôle dans le débat sur l’identité de Jésus entre les premières communautés chrétiennes et la synagogue. A en croire les interlocuteurs de Jésus et des chrétiens, l’origine du Messie – il s’agit là d’une tradition relativement tardive dans le judaïsme antique – demeure mystérieuse et cachée. Or, on connaît l’origine terrestre de Jésus : Nazareth en Galilée, ce qui suffit à le disqualifier. Mais d’un point de vue johannique, cet argument n’est pas recevable, car il est purement mondain. Seul Jésus lui-même connaît sa véritable origine en Dieu ; cette dernière demeure cachée aux êtres humains qui sont en dehors de la foi. » (Jean ZUMSTEIN, L’Évangile selon saint Jean, 2014)

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire saint Jean 4. Identification

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons cette année fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Il n’y a pas d’année liturgique centrée sur Jean, comme c’est le cas pour Matthieu, Marc et Luc. Nous ferons donc une lecture continue de Jean en tâchant de faire des liens avec l’année liturgique. En ce temps de l’Avent, prolongeons notre méditation sur le témoignage de Jean le Baptiste. Cette semaine : Jn 1, 19-28.        

4.  Question d’identification

Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. (Jn 1,26)

Il est là, présent au milieu de nous, mais inconnu, ignoré, méconnaissable. De qui Jean parle-t-il ? qui désigne-t-il ainsi ? « Jean est venu pour rendre témoignage à la Lumière. » (1,7) Mais comment se fait-il que Celui qu’on appelle la Lumière soit invisible ? Que Celui qui s’identifie à la Vérité ne s’avance que masqué ? Que Celui qu’on dit être partout n’apparaisse nulle part ?

C’est bien là une des réalités les plus étonnantes sur lesquelles les croyants butent immanquablement : Dieu ne se laisse jamais saisir. Il est comme la Lumière. Sans elle, tout est obscur, mais personne ne peut la saisir. Dieu est insaisissable. Par définition, pourrait-on dire. Cela nous en dit long sur Dieu : il est partout mais ailleurs que là où nous l’attendons.

La tradition du Messie caché

« Dans le judaïsme d’alors, une spéculation circulait selon laquelle le Messie vivait incognito au milieu de son peuple avant de se révéler. Selon certains textes, le Messie apparaîtra au temps fixé et il est certain qu’il viendra, car il est déjà là, quoique caché aux yeux des mortels. Pour d’autres, le Messie est déjà sur terre, incognito et même lui ne sait pas qui il est. Jn 1,26 semble présupposer la seconde conception qu’on retrouve chez Justin, un philosophe chrétien du deuxième siècle (entre 100 et 165) qui écrit dans le Dialogue avec Tryphon (VIII,4) : « Si le Christ est né et demeure quelque part, il est inconnu, il ne se connaît pas lui-même et n’a aucun moyen de se faire connaitre. Il faut d’abord que le prophète Élie vienne lui donner l’onction sainte et le révèle à la terre. » (Jean ZUMSTEIN, L’Évangile selon saint Jean, 2014)

Abbé Marcel Villers