CLÉS POUR LIRE MATTHIEU

Clés pour lire l’évangile de Matthieu
Dans cette série hebdomadaire, nous voulons fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Matthieu. Cette semaine : Mt 11, 2-11 du 3ème dimanche de l’Avent.

3. Es-tu celui qui doit venir ?

Allez annoncer ce que vous entendez et voyez. (Mt 11, 4)

Et qu’entendons-nous ? Que voyons-nous ? Tout simplement rien. Nous n’entendons rien de nouveau, nous ne voyons rien de changé. Nous sommes sourds et aveugles. Mais justement, c’est cela que Jésus est venu changer : nous ouvrir les yeux et les oreilles pour que nous puissions voir et entendre. Avec Jésus, les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent. C’est d’abord nous, les aveugles, les sourds, les boiteux.

Ouvrez vos yeux et vos oreilles, mettez-vous en route. C’est Jésus, la Bonne Nouvelle pour les pauvres, les prisonniers, les aveugles, les opprimés, ceux qui ont faim, qui pleurent, sont haïs et rejetés. Tous ces « pauvres » sont heureux parce que Dieu, en Jésus, se fait proche d’eux.

Jean et Jésus
L’attitude de Jésus, faite de compassion et de bonté, correspondait mal aux exhortations sévères de Jean-Baptiste qui voyait la cognée du Messie déjà à la racine des arbres (Mt 3, 10) ; d’où la question inquiète de Jean : « Es-tu celui qui vient ? », le Messie. Derrière cette interrogation se laisse voir la concurrence entre les communautés issues de Jean le baptiste et celles issues de Jésus : qui est le Messie ? On sait que Jean fut le maître de Jésus et qu’entre eux, les affinités étaient importantes. Cela est vite devenu gênant pour les premiers chrétiens. On admettait mal que Jésus se soit soumis au baptême de Jean en vue du pardon des péchés. Ce conflit conduira les chrétiens à subordonner le Baptiseur à Jésus, ce que met en forme Matthieu (11, 7-14) qui situe Jean comme un grand prophète, mais le plus petit dans le Royaume des cieux.

Abbé Marcel Villers

Le baptême du Seigneur et le nôtre aujourd’hui

Baptisés comme Jésus

Il y a un événement capital dans la vie d’un homme. Une sorte de nouvelle naissance qui le fait accéder à l’autre monde, celui de l’esprit, celui de Dieu. C’est ce qui se passe au baptême de Jésus.
« Voici que les cieux s’ouvrirent et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. »
Ce moment est expérimenté, vécu, comme un passage d’un monde à l’autre, d’une vie à une autre. Ce passage est signifié, chez les chrétiens, par le baptême. Comment, à l’intérieur de l’être ancien que nous sommes, pourrait surgir la vie nouvelle ? C’est que « ce qui est né de la chair est chair », c’est-à-dire faible, périssable, mortel éphémère. « Il vous faut naître d’en haut », répond Jésus.

C’est ce qui s’est passé pour lui : « Dès que Jésus fut baptisé, l’Esprit de Dieu descendit sur lui. » L’homme nouveau, il ne naît « ni du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme », mais de l’Esprit.

En 2018, 44 850 baptêmes ont été administrés en Belgique, ce qui correspond à 38 % de baptêmes par rapport aux naissances de l’année. A Theux, entre novembre 2019 et octobre 2020, autour de 60 naissances sur la commune ; entre mars et décembre 2021, 37 baptêmes, donc un peu plus de 50% et plus ; il faut tenir compte de la pandémie et du report de nombreux baptêmes de 2020 à 2021 suite à l’interdiction des célébrations des sacrements. Bref, nous pouvons raisonnablement estimer qu’un peu plus d’un enfant sur deux est aujourd’hui baptisé.

Il faut ajouter que les baptêmes de jeunes et d’adultes ne cessent d’augmenter. En 2020, ils ont été 305 en Belgique, soit le double par rapport à 2010.

Cette situation peut se comprendre. La demande ou non de baptême renvoie à la foi des parents et à leurs motivations. Pour les uns, « cela ne peut pas faire de mal » ; pour d’autres, de plus en plus nombreux, s’exprime le souci de permettre à l’enfant de choisir plus tard par lui-même d’adhérer ou non à l’Église catholique.
Hier, à l’époque où la mort des nouveau-nés était relativement fréquente, le baptême  devait avoir lieu le plus tôt possible après la naissance, afin d’éviter que, mort sans baptême, l’enfant n’aille dans les « limbes ». Ces limbes ont été définitivement rayées de la foi de l’Église. Mais les traditions ont la vie dure et surtout l’information des nouveautés théologiques ne suit pas. Cette précocité traditionnelle donnée au baptême se justifie par l’idée que le baptême est un sacrement réservé aux enfants. Du coup, baptême et décision personnelle ne sont pas compatibles. En effet, choisit-on de naître ? Pourquoi pourrait-on choisir d’être baptisé ?
Aujourd’hui, du point de vue théologique comme pratique, le baptême est vu comme la conséquence d’une décision personnelle, d’un choix conscient. On ne naît pas chrétien, on le devient. L’Eglise s’en réjouit et, face à cette nouvelle donne, elle propose à qui veut devenir chrétien tout un cheminement, un accompagnement pour entrer progressivement dans la foi et la vie chrétiennes. Cet itinéraire se nomme le catéchuménat et conduit aux trois sacrements qui font le chrétien : baptême, confirmation, eucharistie.

Tout ce processus constitue l’initiation chrétienne. Aux premiers siècles de l’Eglise, comme dans les pays de mission, on a toujours considéré que devenir chrétien nécessitait un temps assez long d’apprentissage et d’enseignement car il faut passer d’un monde à un autre. Sans environnement et pratique chrétiennes dans son milieu familial, sans un vécu en communauté paroissiale, sans une connaissance des contenus de la foi, l’adulte comme l’enfant qui demande le baptême est comme l’étranger qui demande la nationalité. Il doit accepter un parcours d’initiation à la foi et à la vie chrétienne en Église, ponctué d’étapes célébrées liturgiquement en paroisse.

Le contexte culturel dans lequel nous vivons ne porte pas à la foi, de sorte qu’il ne suffit plus, pour faire un croyant, de le baptiser et de l’enseigner sur les vérités de la foi. Il faut, en outre, lui assurer un milieu de formation, adapté à son âge, au sein duquel il pourra se préparer au baptême par une maturation progressive de sa foi, une démarche authentique de conversion et un apprentissage véritable de la vie chrétienne. Une telle démarche, parce qu’elle ne peut être que progressive, demande du temps. C’est la fonction du service diocésain du catéchuménat créé dans chaque diocèse.

Réjouissons-nous, il n’y a pas qu’une porte d’entrée dans la vie chrétienne et l’Église. Merci à celles et ceux qui dans notre UP assurent ce service d’accueil et d’accompagnement. Ils travaillent pour demain.

Abbé Marcel Villers

Clés pour lire saint Jean 7. L’envoyé

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons cette année fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Il n’y a pas d’année liturgique centrée sur Jean, comme c’est le cas pour Matthieu, Marc et Luc. Nous ferons donc une lecture continue de Jean en tâchant de faire des liens avec l’année liturgique. En cette fin du temps de Noël, nous lisons un résumé de la mission de Jésus : Jn 12, 44-50.         

7.  L’envoyé

Celui qui croit en moi, croit en celui qui m’a envoyé (Jn 12,44)

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Clés pour lire saint Jean 6. L’invisible

Dans cette série hebdomadaire, nous voulons cette année fournir des clés pour ouvrir et apprécier le texte de l’évangile de Jean. Il n’y a pas d’année liturgique centrée sur Jean, comme c’est le cas pour Matthieu, Marc et Luc. Nous ferons donc une lecture continue de Jean en tâchant de faire des liens avec l’année liturgique. En ce temps de Noël, nous achevons notre lecture du prologue. Cette semaine : Jn 1, 16-18.        

6.  Dieu l’invisible

La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ (Jn 1,17)

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