Question de sources
Voici une nouvelle rubrique hebdomadaire où il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité. Nous nous inscrivons dans une histoire riche et variée. Notre identité relève des Évangiles mais aussi d’un patrimoine spirituel immense exprimé sous diverses formes, monumentales, littéraires, artistiques.
Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement. Nous irons en particulier à la découverte des Pères de l’Église. Chaque semaine, nous vous proposerons un texte à lire, méditer, prier.
Abbé Marcel Villers
Il est venu jusqu’à nous
De toute éternité, Dieu vit et règne dans la gloire. Il est l’inaccessible, le Très-Haut.
« O toi l’au-delà de tout, comment t’appeler d’un autre nom ?Quel hymne peut te chanter ? Aucun mot ne t’exprime…
De tous les êtres, tu es la fin. Tu es unique. Tu es chacun et tu n’es aucun.
Tu n’es pas un être, tu n’es pas l’ensemble : tu as tous les noms ; comment t’appellerai-je, Toi, le seul qu’on ne peut nommer ? » (Grégoire de Nazianze, Poèmes dogmatiques, PG 37, 507-508)
Cet abîme d’inconnaissance et de transcendance n’est cependant pas indifférencié, ni indifférent. Il est l’inépuisable de l’Amour personnel. Il vient à nous et nous visite par son Verbe. Cette visitation du Christ s’effectue par un mouvement d’évidemment de sa divinité que le grec nomme kénose.
«Lui qui était dans la condition de Dieu… il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur, devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme… » (Ph 2,7)
En Jésus, Dieu s’évide.
Pourquoi ? Par amour. Pour être reconnaissable et reçu en toute liberté.
« Son amour pour moi a humilié sa grandeur. Il s’est fait semblable à moi pour que je le reçoive, il s’est fait semblable à moi pour que je le revête. Je n’ai pas eu peur en le voyant car il est pour moi miséricorde. Il a pris ma nature pour que je le comprenne, mon visage pour que je ne me détourne pas de lui. » (Ode de Salomon, 7)
L’incarnation est foncièrement mise à niveau de Dieu et de l’homme, désormais unis « sans confusion ni changement », mais aussi « sans division ni séparation ». Le but est bien la pleine communion entre Dieu et l’humain. Car « comment l’homme irait-il à Dieu, si Dieu n’était venu à l’homme ? » (Irénée de Lyon, Contre les hérésies, IV, 33,4)
Abbé Marcel Villers
Grégoire de Nazianze (330-390) est originaire de Cappadoce où son père est évêque. Prêtre, puis moine, il soutient l’orthodoxie du Concile de Nicée avec son ami Basile. Il devient évêque de Constantinople en 381. Il démissionne assez vite pour vivre près de Nazianze dans une solitude ascétique. Œuvre théologique et mystique considérable.