Sources : 2. Pèlerin de l’absolu

Sources : 2. Pèlerin de l’absolu

« Je me suis mis en quête du sens de la vie.
Richesse et loisir attirent d’abord.
La plupart des hommes cependant ont découvert, poussés par leur nature même, qu’il y a mieux à faire que de se goinfrer et de tuer le temps. La vie a été donnée à l’homme pour réaliser une œuvre valable, pour pratiquer un art de qualité. Elle n’a pu lui être donnée sans profit pour l’éternité.
Sinon, comment tenir comme un don de Dieu une vie si rongée d’angoisse, traversée de tant de contrariétés, et qui d’elle-même ne peut rien d’autre que se consumer, des balbutiements du berceau au radotage de la vieillesse ?

Le Dieu immortel pouvait-il nous donner une vie sans autre horizon que la mort ? Pouvait-il nous inspirer un tel désir de vivre, s’il ne devait aboutir qu’à l’horreur de la mort ? »
(Hilaire de Poitiers, De la Trinité, 1)

Une vie sans éternité est-elle digne du nom de vie ? Sinon, que pèsent nos actes et nos intentions ? Mais qui ou quoi peut garantir cette éternité ?

Abbé Marcel Villers


Hilaire de Poitiers
Né vers 215 à Poitiers au sein d’une famille noble qui lui fait donner une solide instruction. Évêque de Poitiers, il combat l’arianisme en Gaule. Cela lui vaut d’être exilé par l’empereur Constance en Asie Mineure. C’est là qu’il rédige certains de ses écrits.

Sources : 1. Le temps et l’être

Question de sources

Voici une nouvelle rubrique hebdomadaire où il est question de sources, celles qui nous font vivre, celles qui donnent sens à notre action, celles qui contribuent à construire notre identité. Nous nous inscrivons dans une histoire riche et variée. Notre identité relève des Évangiles mais aussi d’un patrimoine spirituel immense exprimé sous diverses formes, monumentales, littéraires, artistiques. Aujourd’hui comme hier, nous avons besoin de boire à ces sources pour vivre et donner sens à notre engagement. Nous irons en particulier à la découverte des Pères de l’Église. Chaque semaine, nous vous proposerons un texte à lire, méditer, prier.
Abbé Marcel Villers


Le temps passe     

L’homme est éphémère. Son existence, un instant dérisoire de l’histoire. Et il le sait. Il sait qu’il mourra. Son angoisse exprime aussi son désir, désir d’être, désir d’éternité.

« Frères, nos années durent-elles ? Elles se défont jour après jour. Celles qui étaient ne sont plus, celles qui viendront ne sont pas encore. Les unes sont passées, les autres n’adviendront que pour passer à leur tour. L’aujourd’hui n’existe que pour l’instant où nous parlons. Les premières heures sont passées, les autres n’existent pas encore, elles viendront, mais pour basculer dans le néant… Nul ne possède en lui-même la stabilité.
Le corps ne possède pas l’être, il ne demeure pas en lui-même. Il change avec l’âge, il change avec le temps et les lieux, il change avec les maladies et les accidents.
Les astres n’ont pas davantage de stabilité ; ils ont leurs changements secrets, ils évoluent dans l’espace, ils ne sont point stables, ils ne sont pas l’être.
Le cœur de l’homme non plus n’est pas stable. Que de pensées, que d’élans l’agitent, que de voluptés le tiraillent et le déchirent. L’esprit même de l’homme, tout doué de raison qu’il soit, change, il n’a pas d’être. Il veut et ne veut pas, il sait et il ignore, il se souvient et il oublie. Personne ne possède en soi l’unité de l’être. » (Augustin d’Hippone, Commentaire du Psaume 121,6 )


Augustin d’Hippone (Carthage)
Né en Numidie en 354. Après une jeunesse tumultueuse, il séjourne à Rome, puis à Milan où il occupe une chaire de littérature. Sous l’influence d’Ambroise, l’évêque de Milan, il se convertit au christianisme, retourne en Afrique, y est ordonné prêtre et choisi par le peuple comme évêque d’Hippone (actuelle Annaba en Algérie). Il meurt en 430.
Son oeuvre immense révèle un théologien et un prédicateur toujours admiré.